Maurice MOULÈNE
Maurice Moulène [revue l'Opéra de Paris n° 8, 1953]
Maurice Victor MOULÈNE dit Maurice MOULÈNE
décorateur de théâtre français
(11 rue Dautancourt, Paris 17e, 17 octobre 1901* – Saint-Sozy, Lot, 21 juillet 1979)
Fils de Jean Marie Victor MOULÈNE (1869 –), employé des postes, et de Marguerite GABORY (1873 –), concierge.
Epouse 1. à Paris 20e le 24 novembre 1923* (divorce le 13 mai 1930) Jeanne Marguerite HUELIN (Saint-Ouen, Seine [auj. Seine-Saint-Denis], 29 avril 1900* –), dactylographe.
Epouse 2. à Montreuil, Seine [auj. Seine-Saint-Denis], le 24 décembre 1938 Camille Aimée PROUST.
Sorti des Beaux-Arts, élève d'Alexandre Bailly et de Maurice Jambon, Maurice Moulène, après être passé chez Bertin, est entré à l'Opéra de Paris en 1932 et y a constitué un atelier dont il fut le chef. Il a notamment réalisé, seul ou en collaboration, les décors suivants :
– pour le Palais Garnier : le ballet Coppélia (d'après les maquettes de Paul-R. Larthe, 1936) ; le ballet Suite de danses (d'après les maquettes de Pedro Pruna, vers 1938) ; Salammbô (d'après les maquettes de Jean Souverbie, 1938) ; le ballet les Deux Pigeons de Messager (d'après les maquettes de Paul-R. Larthe, 1942) ; le ballet Suite en blanc (1943) ; le ballet Roméo et Juliette de Tchaïkovski (1945) ; le ballet Divertissement de Tchaïkovski (d'après les maquettes de Bouchène) ; les Noces corinthiennes (1949) ; Bolivar (d'après les maquettes de Fernand Léger, 1950) ; le ballet Septuor (d'après les maquettes d'Yves Bonnat, 1950) ; le ballet l'Inconnue (d'après les maquettes de Charles Blanc, 1950) ; le ballet Dramma per musica (1950) ; Kerbeb, danseuse berbère (1951) ; les Indes galantes (1952) ; le ballet Etudes (1952) ; le ballet Fourberies (d'après les maquettes de Roland Oudot, 1952) ; le ballet Cinéma (d'après les maquettes de Louis Touchagues, 1953) ; le ballet la Tragédie de Salomé (d'après les maquettes d'Yves Bonnat, 1954) ; Faust (1956).
– pour l'Opéra-Comique : le ballet les Heures (d'après la maquette de Francine Galliard-Risler, 1949) ; Louise (d'après les maquettes de Maurice Utrillo, 1950) ; la Femme à barbe (d'après les maquettes d'Yves Bonnat, 1954) ; la Magicienne de la mer (1954) ; le ballet Frères humains (1958) ; Isoline (d'après les maquettes de Jean-Pierre Ponnelle, 1958) ; le ballet les Trois amoureux (1959).
Il est décédé en 1979 à
soixante-dix-sept ans.
les ateliers et magasins de décors, boulevard Berthier
Maurice Moulène et les décorateurs des Théâtres lyriques.
La carrière des artistes lyriques et chorégraphiques, l'activité des musiciens de l'Opéra de Paris sont bien connues de tous les « aficionados » de notre première scène nationale. Chaque création, chaque reprise sont commentées dans la presse, à la radio et quand les Trois Coups résonnent, le public de la première a déjà été tenu au courant de la gestation de l'œuvre représentée.
Ce même public est-il bien informé de ce qu'est la permanente activité de l'un des plus importants services de l'Opéra ? celui de la décoration qui accomplit une tâche capitale sous la direction de Maurice Moulène. C'est à lui qu'incombe la lourde responsabilité de monter, à partir des esquisses commandées aux artistes, la totalité des décors et de la machinerie des œuvres présentées dans nos deux premiers théâtres lyriques.
Maurice Moulène est un homme jeune, à l'allure décidée, que son métier passionne. Sorti des Beaux-Arts, élève de Bailly et Jambon, Maurice Moulène, après être passé chez Bertin est entré à l'Opéra en 1932 et y a constitué l'atelier dont il est le chef. Il est actuellement aidé dans sa tâche par 11 décorateurs permanents, anciens élèves des Beaux-Arts.
Depuis vingt ans, Moulène a monté ou retouché près de 200 pièces. Cette magnifique activité vient d'être justement reconnue par le Ministre de l'Education Nationale qui l'a nommé récemment Chevalier de la Légion d'honneur.
Boulevard Berthier : sous la direction de MM. Fost et Moulène, on brosse le décor de la Fille de Madame Angot
Jusqu'à une époque récente la réalisation d'un décor était effectuée par l'auteur des esquisses. La difficulté de cette réalisation limitait le choix des artistes, l'exécution matérielle d'un décor nécessitant une technique généralement ignorée des peintres de chevalet. Aujourd'hui, c'est aux plus grands peintres que sont commandés les projets de décors. Dès la réception de leurs esquisses le rôle de Maurice Moulène commence par le montage d'une maquette à l'échelle. C'est chose ardue que de traduire des plans en volumes, en tenant compte des servitudes de la scène et du déroulement du spectacle.
L'Opéra dispose boulevard Berthier d'immenses ateliers (chacun représente plus de 1 200 m²) où la construction des décors est effectuée par les menuisiers-machinistes du Théâtre. Les décorateurs tracent les contours au porte-fusain avant de peindre à la colle de peau de lapin des surfaces dont on aura une idée en indiquant qu'un seul rideau couvre 400 m² et qu'un spectacle exige en moyenne 3 000 m² de toiles quand ce n'est pas plus de 7 000 m² comme pour le Boris Godounov de Bakst.
Encore quelques chiffres : les décors sont montés sur des châssis de 10 m. de haut. Ces châssis sont brisés tous les 3 m. 25 afin de pouvoir passer sans encombre sous les ponts du chemin de fer. Il n'est pas possible en effet, en raison de l'importance du répertoire (et des ordonnances de police !) de conserver au théâtre même tous les décors en service. Seul Faust a droit permanent de cité au Palais Garnier. Tous les autres décors ne sont qu'hôtes de passage...
Dans les vastes hangars du boulevard Berthier, les fermes et les toiles dorment en attendant leur tour d'apparaître sur la scène du Palais Garnier.
Quel prestigieux florilège que celui où se lisent les noms d'artistes tels que Benois, Bonnat, Bouchène, Brayer, Brianchon, Carzou, Cassandre, Chapelain-Midy, Cocteau, Colin, Decaris, Derain, Dignimont, Drian, Léonor Fini, Florès, Valentine Hugo, Labisse, Marie Laurencin, Léger, Oudot, Planson, Pruna, Souverbie, Touchagues, Utrillo... sans oublier les œuvres personnelles de Maurice Moulène parmi lesquelles le tableau des Fleurs des Indes galantes et l'originale composition d'Etudes.
(Frivolant, revue l'Opéra de Paris n° 8, 1953)
A l'Opéra : l'atelier des décorateurs.
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