Jules LEFORT

 

Jules Lefort, photo Nadar [BNF]

 

 

Jules François René LEFORT dit Jules LEFORT

 

baryton français

(13 rue du Coq, Paris ancien 4e, 27 janvier 1822* – Paris 16e, 07 septembre 1898*)

 

Fils de Jean François Hubert LEFORT (– Paris ancien 4e, 19 août 1826*), marchand mercier, et d’Elisabeth Adèle DEZEDDE (Beauvais, Oise, 1800 – Auteuil, Seine [auj. dans Paris], 23 juin 1841*) [remariée avec Charles François MOY (1791 – ap. 1841), rentier].

Epouse 1. à Paris ancien 2e le 07 octobre 1848* (divorce le 18 décembre 1872) Charlotte Fanny JUDLIN (Nevers, Nièvre, 22 mars 1820* – Paris 9e, 01 juillet 1883*), fille de Mathurin JUDLIN (1783 – Paris ancien 7e, 08 mars 1840*), artiste peintre, et de Louise Elisabeth TAIZI (– Paris ancien 2e, 19 juillet 1844*).

Epouse 2. à Paris 16e le 06 août 1883* Célinie Zénaïde DUPONT (Paris ancien 3e, 27 novembre 1829* – Paris 16e, 17 juin 1892*), fille de Jacques François DUPONT et de Marie Agnès Cécile COMPERE.

Epouse 3. à Paris 16e le 20 octobre 1896* Victoria Caroline GUM (Munich, Allemagne, 29 décembre 1859 –), professeur.

 

 

Il fit l’essentiel de sa carrière dans les salons parisiens. Parmi ses succès, il faut citer le Biniou, chanson bretonne (par. Hippolyte Guérin / mus. Emile Durand), et les Rameaux de Jean-Baptiste Faure. Il créa quelques opéras de salon : Tout est bien qui finit bien (Félix) de Jean-Baptiste Weckerlin (palais des Tuileries, 28 février 1856) ; l’Héritier sans le savoir de Pauline Thys (avril 1858) ; l’Esprit du foyer de Salvator (Baden-Baden, septembre 1858) ; En état de siège de Jules Beer (janvier 1859) ; Une partie de dominos de Jules d’Aoust (08 mars 1863). En 1861-1862, il fit une courte apparition au Théâtre-Lyrique du boulevard du Temple. Le 05 août 1862, il créa à Baden-Baden Béatrice et Bénédict (Claudio) d’Hector Berlioz, sous la direction du compositeur. Il fut également professeur de chant, et on lui doit des ouvrages sur la voix : De l’émission de la voix (1868) ; Méthode de chant.

En 1855, il habitait cité Gaillard, 3 rue Blanche à Paris 9e ; en 1873, 29 boulevard des Batignolles à Paris 8e ; en 1883, 58 rue de l’Assomption à Paris 16e ; en 1896, 10 boulevard Emile-Augier à Paris 16e, où il est décédé en 1898 à soixante-seize ans.

 

=> Grammaire de la parole, par Jules Lefort (1884)

=> Supplément illustré de l'émission de la voix chantée, par Jules Lefort (1895)

 

 

 

Sa carrière à l'Opéra de Paris

 

Il a débuté à l’Opéra, alors Théâtre de la Nation, en 1848 dans Lucie de Lammermoor (Ashton).

 

Il y a chanté Jeanne la Folle (don Fadrique, 1848).

Sa carrière au Théâtre-Lyrique

 

Il y débuta le 22 octobre 1861 en créant le Neveu de Gulliver de Théodore de Lajarte.

 

Il y créa le 24 mai 1862 le Pays de cocagne (le roi de Cocagne) de Pauline Thys.

 

 

 

 

le Biniou, chanson bretonne chantée par Jules Lefort (par. Hippolyte Guérin / mus. Emile Durand), 1855

 

 

 

Chanteur, professeur et écrivain musical français. Encouragé par de longs succès de salons, M. Lefort essaya, en 1861, de se montrer sur la scène du Théâtre-Lyrique, dans le Neveu de Gulliver, de M. Théodore Lajarte ; mais il échoua complètement et renonça pour toujours à la carrière dramatique. Il s'est livré depuis à l'enseignement du chant et y a obtenu de grands succès. M. Lefort, en effet, n'est pas un professeur banal ; fortement préoccupé de la théorie de son art, il s'est livré à des recherches très intéressantes, qu'il a fait connaître par les ouvrages suivants : De l'émission de la voix (1868, in-8°) et Méthode de chant, où il traite du rôle de la prononciation dans l'émission vocale.

(Pierre Larousse, Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle, 1er supplément, 1878)

 

 

Chanteur de concert et de salon, s'est fait sous ce rapport, il y a environ vingt-cinq ans, une certaine réputation, à l'époque des grands succès en ce genre de Mmes Lefébure-Wély et Gaveaux-Sabatier. Depuis quelques années il s'est consacré à l'enseignement et s'est livré à des recherches spéciales sur l'émission vocale et sur la prononciation appliquée au chant. Voulant rendre public le résultat de ces recherches, il a fait paraître d'abord un opuscule intitulé : De l’émission de la voix (Paris, Heu, s. d., in-4° de 21 pages, avec 16 pages d'exercices). M. Lefort a publié ensuite une Méthode de chant (Paris, Lemoine, in-4°), dont il a extrait une brochure imprimée sous ce titre : Partie théorique de la nouvelle Méthode de chant de Jules Lefort. Du rôle de la prononciation dans l'émission vocale (Paris, l'auteur, 1870, in-8° de 47 pages). En 1861, M. Jules Lefort voulut aborder la scène, et fit une fugitive apparition au Théâtre-Lyrique où il se montra dans un opéra nouveau de M. Théodore de Lajarte, le Neveu de Gulliver. La modestie de son succès n'ayant pas répondu à ses désirs, il ne renouvela pas cette tentative.

(François-Joseph Fétis, Biographie universelle des musiciens, supplément d'Arthur Pougin, 1878-1880)

 

 

Le chanteur Jules Lefort, qui se fit, il y a un demi-siècle, une grande réputation dans les salons et dans les concerts, où on l'applaudit pendant vingt-cinq ans, est mort mardi dernier à Paris, avant d'avoir accompli sa 77e année. Les succès de Jules Lefort remontent au temps de ceux de deux femmes charmantes, Mmes Lefébure-Wély et Gaveaux-Sabatier, qui, comme lui, faisaient fureur dans les salons. C'était le beau temps de la romance, alors que brillaient en ce genre Paul Henrion, Clapisson, Étienne Arnaud, Abadie, Loïsa Puget, Amat, Mme Victoria Arago, d'autres encore, qui chaque année publiaient un album que s'arrachaient les amateurs. En tête des interprètes de ces romances, les Gozora, les Chaudesaigues et autres, brillait Jules Lefort, avec sa taille élégante, son extérieur distingué, sa belle barbe noire, et surtout sa belle voix de baryton ténorisant, qu'il conduisait avec un goût véritable auquel ne messeyait pas une pointe d'afféterie. Parmi ses qualités se distinguait surtout une excellente articulation, si nécessaire dans le genre auquel il s'était adonné. Puis, un beau jour, l'ambition lui vint, et il résolut d'aborder le théâtre. Il n'eut pas de peine à éprouver que le succès y est plus difficile à décrocher. Il parut au Théâtre-Lyrique, en 1861, dans un opéra de Théodore de Lajarte, le Neveu de Gulliver, dont le triomphe fut... mince. L'œuvre et son interprète disparurent rapidement de l'affiche, et Jules Lefort ne jugea pas à propos de renouveler l'épreuve. Il retourna à ses succès de salon, puis, lorsque vint l’âge, il se livra à l'enseignement, en même temps qu'à des recherches spéciales sur l'émission vocale et sur la prononciation appliquée au chant. De ces recherches résultèrent un opuscule intitulé : De l'émission de la voix, puis une Méthode de chant dont il publia ensuite séparément un chapitre spécial, celui qui a pour titre : Du rôle de la prononciation dans l’émission vocale. En résumé, Jules Lefort fut, dans un genre secondaire, un artiste aimable et distingué.

(le Ménestrel, 11 septembre 1898)

 

 

 

 

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