Alexandre LAPISSIDA

 

Alexandre Lapissida en 1892

 

 

Alexandre LAPISSIDA

 

ténor et metteur en scène français

(Volkrange [auj. dans Thionville], Moselle, 09 mars 1839 – Paris 8e, 16 février 1907*)

 

Fils de Joseph Antoine LAPISSIDA et de Marie KIFFER.

Epoux de Caroline WEIL (1840 – ap. 1907).

 

 

Il a fait ses études à Metz. Il a commencé modestement en 1858 au théâtre de Metz, passe successivement à Brest, Rouen, Amiens, Strasbourg, où il chante les deuxièmes comiques dans l'opérette et les « Massol » dans l'opéra ; est engagé par Delvil, directeur des Galeries Saint-Hubert à Bruxelles, où il chante l'opérette, puis entre au théâtre de la Monnaie de Bruxelles comme ténor « Massol » ; il a été attaché à ce théâtre pendant vingt-cinq ans comme artiste, deuxième régisseur, régisseur général (1871), puis comme directeur pendant trois ans, avec Joseph Dupont (1886-1889). Il a créé à Bruxelles les mises en scène de Hérodiade, Sigurd, Jocelyn, Richilde, Saint-Mégrin, etc. Il a été pendant six ans régisseur général du Covent Garden à Londres. Le 17 mars 1890, il fut nommé régisseur général à l'Opéra de Paris en remplacement d'Adolphe Mayer, démissionnaire pour des raisons de santé ; il conserva ce poste jusqu'en 1904. Il y a mis en scène tous les ouvrages représentés, dont le Mage (1891), Faust (1893), Salammbô (1893), Othello de Verdi (1894), Frédégonde (1895), la Favorite (1896), les Huguenots (1897). Il fut également à l'Opéra directeur de la scène (1894-1901). Il est le premier à avoir mis en scène, en français, les opéras de Wagner.

Il est décédé en 1907 à soixante-sept ans, en son domicile, 14 rue Tronchet à Paris 8e. Il est enterré au Père-Lachaise (82e division).

 

 

 

 

La figure pleine, la barbe abondante et blonde, — rousse même — les yeux souriants, le nez s'étalant sans façon, comme quelqu'un qui n'a pas besoin de se gêner, la bouche gourmande, les lèvres épaisses, l'air bon, — de cette bonté du marin dont le cœur bat tendrement sous une rude écorce ; le rire ouvert, large et doux, accueillant. Son règne sera celui de « Lapissida le Débonnaire ».
Sa vie est toute de travail, de probité, de droiture ; successivement troisième ténor, second régisseur, premier régisseur, et enfin directeur, — il est arrivé à force de volonté. Aujourd'hui, c'est un metteur en scène de premier ordre, connu, cité partout — un administrateur entendu — un directeur savant, habile, généralement aimé. Il connaît le personnel du théâtre : il en a fait partie lui-même. Pas un mouvement de faiblesse, pas un cri d'orgueil ! Il est demeuré l'égal, le camarade de tous, — demandant presque comme une faveur ce qu'il pourrait exiger comme un droit, dédaignant l'autorité et n'agissant qu'avec bienveillance, ayant pour le dernier les mêmes égards que pour le premier.
On obtient tout de lui. Il obtient tout de tous. Et je voudrais pouvoir proclamer bien haut le respect et l'admiration qu'il m'inspire, — puisque j'ai l'heureuse occasion de lui offrir ce petit témoignage d'une grande reconnaissance.
.  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .

C'est bien l'associé qu'il fallait à Dupont. Ils se complètent l'un l'autre. Et, dans les cas embarrassés, Lapissida répond invariablement :
« Voyez Dupont ; c'est lui que ça regarde. »

(Jacques Isnardon, le Théâtre de la Monnaie, septembre 1888)

 

 

 

 

 

Ses études faites à Metz, il joua la comédie dés l'âge de 18 ans. Il parut à Metz, à Brest, à Rouen, à Amiens pendant plusieurs années ; puis il aborda l'art lyrique et chanta sur diverses scènes, à Strasbourg et à Bade pendant quatre ans, à Bruxelles pendant vingt-cinq ans.

Après avoir été, dans cette ville, successivement artiste, régisseur, régisseur général, puis directeur du Théâtre royal de la Monnaie pendant trois ans, il alla à Londres, où il fut régisseur général du théâtre Covent-Garden pendant six ans ; il devint ensuite régisseur général à l'Opéra de Paris en 1890 et, depuis, il remplit ces fonctions avec un tact et une compétence unanimement reconnus.

Durant son séjour à Bruxelles, M. Lapissida fit venir dans cette ville et engager les artistes suivants, auxquels il donna la première éducation scénique : Mmes Caron, Melba, Landouzy, Bosman, Deschamps, MM. Renaud, Gresse et Soulacroix. Ces artistes ont tenu, depuis, les plus brillants emplois à l'Opéra ou à l'Opéra-Comique de Paris.

M. Lapissida avait été appelé à l'Opéra pour y monter Sigurd, de M. Reyer, dont la mise en scène avait été déjà créée par lui à Bruxelles ; depuis, il a mis en scène à l'Académie nationale de musique tous les opéras montés dans la période de son administration.

Parmi les œuvres qu'il a montées d'une façon particulièrement brillante à Bruxelles, il convient de citer : Hérodiade (de Massenet), Jocelyn (de Godard), Richilde (de Mathieu), Saint-Mégrin (des frères Hillemacher), les Templiers (de Litolff), Gwendoline (de Chabrier), etc.

Il est en outre, l'auteur de nouvelles mises en scène de Salammbô et de la Walkyrie à Paris ; c'est encore lui qui a imaginé, pour cette dernière œuvre de Wagner, la chevauchée du troisième acte.

Il convient enfin de rappeler qu'Aïda a été montée à Paris avec les documents de M. Lapissida.

Vingt partitions des plus connues du répertoire portent le nom de ce brillant metteur en scène.

M. Lapissida est officier de l’Instruction publique depuis 1884. Il est en outre chevalier de l'ordre de Léopold de Belgique, officier des ordres de Villa Viçosa de Portugal, du Cambodge, du Lion et du Soleil de Perse, etc.

(C.-E. Curinier, Dictionnaire national des contemporains)

 

 

 

 

 

Encylopédie