Joseph de LAFONT

 

 

 

 

François Joseph DE LA FONT dit Joseph DE LAFONT

 

auteur dramatique et librettiste français

(Paris, 1686 – Passy [auj. dans Paris 16e], 20 mars 1725)

 

 

Il mourut jeune, après une existence désordonnée, laissant une vingtaine de pièces : des tragédies, comédies, ballets, et aussi des opéras-comiques, pour lesquels il collabora souvent avec Lesage et d'Orneval. On peut citer de lui les comédies : Danaé ou Jupiter Crispin (1707) ; le Naufrage ou la Pompe funèbre de Crispin (1710) ; les Trois frères rivaux (1713) ; la tragédie Hypermnestre (1716) ; les ballets : les Fêtes de Thalie (1714) et les Amours de Protée (1720) ; etc. Il avait donné à la Foire Saint-Laurent le 16 septembre 1721 : la Décadence de l'Opéra-Comique ; le Jugement d'Apollon et de Pan par Midas ; la Réforme du régiment de la Calotte ; le 17 juillet 1726 : Pierrot fée ; le 08 octobre 1726 : le Retour de la chasse du cerf ; à la Foire Saint-Germain le 03 février 1722 : les Fourberies d'Arlequin. Son livret de l'acte de la Provençale, ajouté aux Fêtes de Thalie en 1722, fut utilisé par Candeille en 1778.

 

=> comédies de Joseph de Lafont (édition de 1746)
 

 

 

livrets

 

les Fêtes de Thalie, opéra-ballet en 3 actes et 1 prologue, musique de Jean-Joseph Mouret (Opéra, 14 août 1714)

la Critique des Fêtes de Thalie, 2e version des Fêtes de Thalie, en 4 entrées, musique de Jean-Joseph Mouret (Opéra, 09 octobre 1714)

la Veuve coquette, 3e version des Fêtes de Thalie, avec une nouvelle 2e entrée, musique de Jean-Joseph Mouret (Opéra, 12 mars 1715)

Hympermnestre, opéra en 5 actes et 1 prologue, musique de Charles-Hubert Gervais (Opéra, 03 novembre 1716)

le Monde renversé, opéra-comique en 1 acte, avec Lesage et d’Orneval, musique de Jean-Claude Gillier (Foire Saint-Laurent, 02 avril 1718)

la Princesse de Carisme, opéra-comique en 3 actes, avec Lesage, musique de Louis de La Coste (Foire Saint-Laurent, juillet 1718)

la Querelle des théâtres, opéra-comique en 1 acte, avec Lesage, musique de Jean-Claude Gillier (Opéra-Comique, juillet 1718)

les Amours de Protée, opéra-ballet en 3 actes et 1 prologue, musique de Charles-Hubert Gervais (Opéra, 16 mai 1720)

la Provençale, 4e version des Fêtes de Thalie, avec une nouvelle 4e entrée, musique de Jean-Joseph Mouret (Opéra, 17 septembre 1722)

Orion, livret terminé par l’abbé Pellegrin, musique de Louis de La Coste (Opéra, 17 février 1728)

la Provençale, opéra en 1 acte, musique de Pierre-Joseph Candeille (Opéra, 08 novembre 1778)

 

 

 

 

Fils d'un procureur au parlement de Paris. Sa liaison avec le comédien La Thorillière le jeta dans une carrière différente de celle à laquelle il semblait destiné. C'était un homme d'esprit et de plaisir, dont on ne parlerait guère sans sa petite pièce des Trois Frères rivaux, bagatelle ingénieuse, agréablement versifiée, et qui est le seul de ses ouvrages resté au théâtre. Danaé, ou Jupiter Crispin, la première de ses comédies, qu'il donna en 1707, n'étant encore âgé que de dix-neuf ans, paraît avoir fourni à Sainte-Foix le modèle d'une des plus jolies scènes de l’Oracle ; mais cette dernière petite pièce fut justement comparée, dans sa nouveauté, à un tableau de l'Albane, tandis que celle de Lafont n'est qu'une caricature désavouée par le goût. Sa seconde production dramatique fut le Naufrage, ou la Pompe funèbre de Crispin, farce sans vraisemblance, jouée en 1710, et qui n'a que le mérite du style. Le même auteur fit représenter ensuite, en 1712, l'Amour vengé, comédie dont le fond est des plus légers, et qui n'obtint qu'un très faible succès. On ne lui en vola pas moins le sujet, et mieux que le sujet, car le Rendez-vous (de Fagan) n'est qu'une copie de l’Amour vengé, qui avait été représenté plus de vingt ans auparavant. Les Trois Frères rivaux sont de 1713, et donnèrent place à Lafont parmi les auteurs de petites pièces du Théâtre-Français. Il ne sut jamais entreprendre un grand ouvrage ; ses productions portent toutes le caractère d'insouciance et de légèreté qui lui était propre. Les quatre pièces que nous venons de citer, ont été réunies en un volume in-12, Paris, 1746. Il y a du naturel, de la gaieté dans les situations et dans le dialogue ; les rôles de valets surtout sont écrits avec une verve assez comique. Lafont est aussi auteur de plusieurs opéras : les Fêtes de Thalie ; la Critique ; la Provençale ; Hypermnestre et les Amours de Protée. Ils furent encore mieux accueillis que ses comédies, et les Fêtes de Thalie ont conservé quelque réputation. Lafont travailla également pour l'opéra-comique avec Lesage et d'Orneval : la meilleure des petites pièces qu'il a données seul ou en société, est le Monde renversé. Il aimait le vin et le jeu ; son état, voisin de la misère, ne lui permettait pas d'être fort délicat dans ses plaisirs ni dans ses liaisons. Il aurait sans doute fait plus de progrès dans son art, s'il eût pu voir meilleure compagnie et s'il ne se fût point livré à des jouissances grossières qui ont abrégé ses jours. Il mourut âgé de 39 ans.

(Auger, Biographie universelle, 1844)

 

 

 

 

 

On doit à cet écrivain plusieurs productions lyriques ou comiques qui font regretter que la mort l'ait enlevé dans toute la force de l'âge et du talent. Il était né avec beaucoup d'esprit et les plus heureuses dispositions pour le genre particulier qu'a illustré Regnard, et l'on sent, à la lecture de ses pièces, qu'il s'était inspiré des meilleurs modèles, parmi lesquels nous n'avons pas besoin de citer Molière. Il préfère le naturel aux faux brillants, et, s'il pêche quelquefois par les détails, il supplée à ce défaut par l'esprit de repartie et d'à-propos. Chez lui, le comique est plus dans les situations que dans les mots, ce qui distingue les véritables auteurs comiques. Il dut particulièrement sa réputation à la verve avec laquelle il écrivit ses rôles de valets, qu'on pouvait encore rendre plaisants et même spirituels à cette époque. Il eut le talent de les placer dans des situations toujours piquantes, et de leur prêter des propos analogues à leur caractère. Peut-être a-t-il eu raison, cependant, de ne pas se lancer dans les comédies en cinq actes : tel peintre réussit admirablement dans les tableaux de chevalet, qui échoue complètement quand il s'agit d'une grande toile. Lafont fréquentait peu la société, nous voulons dire la bonne. Pour se délasser de ses travaux littéraires, il faisait des excursions à travers les environs de Paris, et, quand il se sentait fatigué, s'établissait dans le cabaret qui lui semblait le plus avenant. Après des libations plus ou moins prolongées, il rentrait à Paris, et se rendait dans un tripot quelconque, où le reste de son argent passait infailliblement entre les mains d'un autre propriétaire. Ainsi mis à sec, Lafont vomissait des torrents d'imprécations contre l'abominable passion du jeu. Après quoi, il allait se remettre au travail, pour recommencer le même genre de vie quelques jours après. C'est ainsi que s'écoula sa courte existence, et c'est peut-être une perte pour les lettres que la mort l'ait enlevé à l'âge où le talent atteint seulement la plénitude de sa force. On cite surtout, parmi les pièces de cet auteur : Danaé ou Jupiter Crispin ; le Naufrage ; l'Amour vengé ; les Trois frères rivaux ; les Fêtes de Thalie ; la Critique ; la Provençale ; Hypermnestre ; les Amours de Protée, et l'Epreuve réciproque.
Lafont écrivit aussi des opéras, soit seul, soit en collaboration avec Lesage et d'Orneval : la Décadence de l'opéra-comique ; le Jugement d'Apollon et de Pan par Midas ; la Réforme du régiment de la calotte ; la Querelle des théâtres ; le Monde renversé. La marche de ces opéras est ingénieuse, les divertissements en sont bien amenés, la versification facile et naturelle, le tour vraiment lyrique.
Voici une épigramme qu'il fit au sujet du froid excessif de l'hiver de 1709 :
    
Eh quoi ! s'écriait Apollon
     Voyant le froid de son empire,
     Pour chauffer le sacré vallon,
     Le bois ne saurait donc suffire ?
     Bon, bon ! dit une des neuf sœurs,
     Condamnez vite à la brûlure
     Tous les vers des méchants auteurs,
     Par là nous ferons feu qui dure.

(Pierre Larousse, Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle, 1866)

 

 

 

 

 

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