Octave LABIS
Octave Labis en 1886 [photo Provost]
Octave Louis LABIS dit Octave LABIS
baryton et metteur en scène français
(rue du Château, Tourcoing, Nord, 02 septembre 1857* – Paris 16e, 04 mars 1942*)
Fils de Jules LABIS (Lille, Nord, 17 février 1827* – ap. 1902), fabricant [fils de Pierre Joseph LABIS (Wattrelos, Nord, 10 février 1788 – Tourcoing, 06 janvier 1864*), épicier], et de Célina CAREZ devenu CARETTE (Lille, 24 décembre 1831* – av. 1902), lingère, mariés à Lille le 07 janvier 1852*.
Frère de Florimond Charles LABIS (Lille, 02 décembre 1853* – Livry-Gargan, Seine-et-Oise [auj. Seine-Saint-Denis], 10 avril 1912*), chef de musique au 110e régiment d’Infanterie à Dunkerque depuis le 29 juillet 1886, nommé chevalier de la Légion d’honneur le 10 juillet 1899 ; et d’Ernest Robert LABIS (Lille, 07 juin 1873* – ap. 1922), artiste lyrique [épouse à Liège, Belgique, le 17 mai 1902* Marie Catherine POTH (Verviers, Belgique, 16 juin 1873* –), artiste lyrique].
Epouse à Paris 18e le 19 août 1882* Natalie Marie Elisabeth BILBAUT (Douai, Nord, 24 novembre 1861* –), sœur de Juliette BILBAUT-VAUCHELET, cantatrice.
Parents de Raoul Charles LABIS (Paris 18e, 21 avril 1885* – Paris 20e, 06 août 1973*), chef d’orchestre.
Au Conservatoire de Paris, il obtient en 1881 une 3e médaille de solfège, un 1er accessit de chant (élève de Saint-Yves Bax) et un second prix d’opéra ; en 1882, une 2e médaille de solfège (élève de Heyberger), un second prix d’opéra-comique (élève de Ponchard) et le premier prix d’opéra (élève d’Obin). Il débute cette même année à l’Opéra-Comique. Au bout de deux ans, las du peu d’avancement, il va chanter en province et à l’étranger : Marseille, Capitole de Toulouse, Théâtre des Arts de Rouen, Grand-Théâtre de Nantes (1884-1885, où il crée le 28 février 1885 la Bamboula de Charles Solié), Le Caire, Saint-Pétersbourg, Bruxelles, Genève (où il crée le 17 février 1892 Winkelried (Gundoldingen) de Louis Lacombe), Nice (où il participe à la première le 07 mars 1895 d’Eugène Onéguine de Tchaïkovski), Grand-Théâtre de Bordeaux (1898-1899, où il participe aux premières le 26 décembre 1898 de Guernica (Juan) de Gailhard ; le 18 février 1899 de la Bohème (Colline) de Puccini ; le 22 mars 1899 de Princesse d’auberge (Rabo) de Blockx), etc.
Puis il arrête le chant et débute en octobre 1899 au Théâtre des Arts de Rouen comme régisseur général et metteur en scène d’opéra, et où il reste directeur de la scène pendant deux ans (le 17 février 1900, il y met en scène Siegfried de Wagner). C’est en cette qualité qu’on le retrouve ensuite à Gand (2 ans), Rouen (2 ans), Tunis (3 ans), au théâtre lyrique de Neuilly-sur-Seine (1908), puis pendant sept ans à la Gaîté-Lyrique (il y règle notamment les mises en scène de Salomé de Mariotte le 22 avril 1910 ; de la Flûte enchantée de Mozart le 03 octobre 1912 ; de Panurge de Massenet le 25 avril 1913), et enfin à l’Opéra de Paris, où il succède à Paul Stuart comme directeur de la scène de 1915 à 1918 (il y règle notamment les mises en scène du Chant de la cloche de d’Indy le 13 janvier 1916 ; de l’Ouragan de Bruneau le 17 février 1916 ; d’Iphigénie en Tauride de Gluck le 22 mars 1916). Il quitte ensuite la mise en scène et se voue au professorat. Le 08 mars 1908, il avait été nommé officier de l’Instruction publique.
En 1882, il habitait 52 rue d’Orsel à Paris 18e ; en 1906, 41 avenue Bayard à Livry [devenu en 1912 Livry-Gargan]. Il est décédé en 1942 à quatre-vingt-quatre ans en son domicile, 29 rue Mirabeau à Paris 16e. Il est enterré au cimetière parisien de Bagneux, Hauts-de-Seine (76e division).
Sa carrière à l'Opéra-Comique
Il y débuta le 15 octobre 1882 dans les Dragons de Villars (Belamy).
Il y créa le 17 mai 1883 Saute, marquis ! (Trousquin) de Paul Cressonnois ; le 19 janvier 1884 Manon (l'Hôtelier) de Jules Massenet ; le 23 juin 1884 le Baiser (le Baron) d’Adolphe Deslandres.
Il y participa à la première le 17 mai 1883 de la Perle du Brésil (un Chef brésilien) de Félicien David.
Il y chanta le Postillon de Lonjumeau (Biju, 22 décembre 1882) ; Joseph (Lévy, 100e le 14 janvier 1883) ; Carmen (le Dancaïre, 27 octobre 1883 ; Zuniga, 100e le 22 décembre 1883) ; les Noces de Jeannette (Jean) ; la Flûte enchantée ; les Noces de Figaro ; Manon Lescaut d’Auber. |
Octave Labis en 1886 [photo Provost]
de g. à dr. Jane Mérey (Mimi), Mary Boyer (Musette), André Allard (Marcel), Léon David (Rodolphe) et Octave Labis (Colline) dans l'acte IV de la Bohème au Grand-Théâtre de Bordeaux en 1899
Depuis sa première apparition sur notre scène, M. Labis, notre baryton de grand opéra, est devenu l'objet de la bienveillance du public et le Midi Artiste ne peut que lui être agréable en lui offrant la biographie de ce jeune artiste qu'entourent les plus vives sympathies. Une des villes du nord où la musique est le plus cultivée, Lille, vit naître M. Labis, le 27 septembre 1857 [en réalité il est né à Tourcoing le 02 septembre 1857]. Son père y vivait dans l'opulence, mais les désastres des malheureuses années 1870 et 1871 lui firent tout perdre. Devant se créer une position, les instincts artistiques de M. Labis lui firent tourner les yeux vers le théâtre, et il étudia la déclamation, car il ne pouvait encore se livrer aux études vocales. Mais parvenu à sa vingtième année, il entra au Conservatoire de sa ville natale et ne tarda pas à s'y distinguer ; en effet, deux ans plus tard, il obtint le premier prix de chant. Cette récompense lui fit accorder une pension départementale et une autre de la ville, ce qui le mit à même de continuer ses études au Conservatoire de Paris. A la suivante rentrée des classes, il comptait parmi les élèves du Conservatoire National de musique et suivait le cours de chant de M. Saint-Yves Bax, de grand opéra de M. Obin et d'opéra-comique de M. Ponchard. Dans les concours de 1881, notre baryton sut mériter le 2e prix de grand opéra, le premier accessit de chant et le premier accessit de solfège. C'était beaucoup pour une première année, aussi le Conservatoire lui accorda-t‑il une bourse de 1.200 fr. dont il devait profiter jusqu'à la fin de ses études. Les concours de l'année suivante lui furent encore plus avantageux, car il y remporta le deuxième prix de chant, de solfège, d'opéra-comique et, à l'unanimité, le premier de grand opéra. La scène de Charles VI, dans laquelle il subit cette dernière épreuve, lui fut tellement favorable qu'une ovation lui fut décernée, distinction bien rare au Conservatoire national. Ce fut alors que M. Carvalho, directeur du théâtre de l'Opéra-Comique, l'engagea et lui fit faire son premier début, le 15 octobre 1882, dans le rôle de Bélamy des Dragons de Villars ; il s'y fit beaucoup remarquer et joua bientôt après les Noces de Jeannette, la Flûte enchantée, les Noces de Figaro, Carmen, Manon Lescaut..., toujours à la satisfaction du public. Il fit même quelques créations dans des ouvrages nouveaux, grâce à la confiance dont il jouissait, ce qui ne surprendra personne quand on saura qu'étant encore élève du Conservatoire (en 1880 et 1881), il chantait aux Concerts Pasdeloup et y créa la Lyre et la Harpe de Saint-Saëns et la Walkyrie de Richard Wagner. A son entrée à l'Opéra-Comique, M. Labis épousa Mlle Bilbaut-Vauchelet, sœur de la célèbre cantatrice de ce nom qui, elle-même, possède une voix aussi légère qu'agréablement timbrée au service d'un grand talent. Bien posé à l'Opéra-Comique, il ne tenait qu'à M. Labis d'y rester indéfiniment, mais là n'étaient pas ses aspirations artistiques et, malgré les offres avantageuses de M. Carvalho, il quitta ce théâtre et accepta les propositions de M. Solié, directeur de celui de Nantes ; c'est dans cette ville qu'il essaya ses forces dans le grand opéra. L'épreuve fut des plus heureuses ; M. Labis y obtint un succès brillant qui ne se démentit pas un seul jour, et c'est au bruit des bravos qu'il quitta la Bretagne pour venir recueillir, sur la scène du Capitole, le succès dû à ses nombreuses qualités. Depuis le commencement de cette campagne nous l'avons successivement vu dans les rôles les plus importants de son emploi : Guillaume Tell, Charles VI, la Favorite, Henri VIII, et nous l'avons toujours trouvé au niveau de sa tâche et supérieur aux difficultés matérielles qu'elle contient. Son intelligence lui fait comprendre l'ensemble et sa conscience soigner les détails. Le medium de sa voix si généreusement timbrée est toujours du plus bel effet et chez lui l'entraînement du chanteur dramatique vient s'unir à la pureté de style du chanteur de bonne école. Pour résumer notre opinion sur cet artiste, nous empruntons au journal Nantes lyrique le passage suivant, extrait d'un article qui lui était consacré dans son numéro du 5 décembre 1882 : « Nous terminons cette trop brève étude en souhaitant de conserver le plus longtemps possible sur notre scène M. Labis, que nous apprécions de plus en plus chaque jour. » Tel est aussi notre vœu, car trop souvent, chez les jeunes chanteurs, la voix et les dispositions remplacent le talent ; et ceux qui, par des études bien suivies, ont su d'avance légitimer le succès qu'ils ambitionnent, sont trop rares pour ne pas captiver l'estime des amis de l'art dont ils sont les dignes représentants. Paul Mériel, Chevalier de la Légion d'honneur, Directeur honoraire du Conservatoire de Toulouse. (le Midi Artiste, 10 janvier 1886)
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publicité de 1910
MM. Messager et Broussan viennent de choisir pour successeur du regretté M. Paul Stuart, régisseur général, M. Octave Labis, qui occupait à la Gaîté-Lyrique hier encore les mêmes fonctions. M. Octave Labis est un artiste des plus distingués. Ancien baryton d’opéra, il a connu de très beaux succès. Les questions de mise en scène l’ont toujours vivement intéressé et il connaît l’histoire du costume. (Journal des Débats, 07 février 1914)
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