Joseph KELM
Joseph Kelm, photo de Nadar [BNF]
Joseph KAHENN dit Joseph KELM
ténor français
(720 rue Vieille-du-Temple, Paris ancien 8e, 09 avril 1805 [19 germinal an XIII]* – Paris 9e, 29 janvier 1882*)
Fils d’Israël KAHENN [orthographié CAIN sur son acte de mariage] (Haut-Rhin, 1767 –), marchand, et de Belote BLOCK (Haut-Rhin, 1772 – av. 1839), mariés à Versailles, Seine-et-Oise [auj. Yvelines], le 13 octobre 1796 [22 vendémiaire an V]*.
Epouse à Marseille, Bouches-du-Rhône, le 05 septembre 1839* Reine BENEL (Marseille, 21 janvier 1819* – Paris 9e, 18 août 1888*).
Il débuta comme ténor à Rouen en 1825, chanta un instant à l'Opéra-Comique puis retourna à Rouen. Il se produisit ensuite au théâtre de la Renaissance où il créa le 31 mai 1839 le Naufrage de la Méduse (Urbain) de Friedrich von Flotow et Auguste Pilati, et participa le 06 août 1839 à la première de Lucie de Lammermoor (Gilbert) de Gaetano Donizetti [version française]. Il continua sa carrière lyrique à Paris, en province ; il chanta à Genève en 1842. Il chanta au théâtre du Gymnase, puis en 1848 au Vaudeville. A l’Opéra-National, il créa le 06 mars 1848 Don Quichotte et Sancho Pança (Sancho Pança) d’Hervé, considéré comme la première opérette française. Aux Folies-Concertantes, devenues Folies-Nouvelles, il joua de 1854 à 1859, y créant de nombreuses opérettes : le Compositeur toqué d’Hervé (11 avril 1854) ; Oyayaye ou la Reine des îles (Racle-à-mort) d’Offenbach (26 juin 1855) ; Trois troubadours de Pierre-Julien Nargeot (décembre 1855) ; la Belle Espagnole d’Hervé (1855) ; Freluchette d'Edouard Montaubry (27 mars 1856) ; la Demoiselle de la Hoche-Tromblon de Laurent de Rillé (24 octobre 1857) ; le Sultan Misapouf de Laurent de Rillé. C’est là que le « joyeux Jojo » devint populaire.
Comique au physique drôle, au rire communicatif, à la voix singulière, tenant à la fois du ténor et du trial, Kelm se tourna ensuite vers le café-concert où il lança des scies (le Sire de Framboisy de Laurent de Rillé, le Pied qui r’mue de Paul Avenel, 1862), et où il se tailla un beau succès de comique, d’après Paulus qui lui prête toute une série de tours (Kelm consommait sur scène de la chair humaine vivante…). Il y interpréta en particulier Madame de Carabas, Ma charmante Rosalie, etc.
Cependant, il a encore créé aux Bouffes-Parisiens le 17 novembre 1866 les Chevaliers de la Table ronde d’Hervé ; en mars 1867 Khan Thalou de Magner.
En 1839, il habitait 34 rue d’Hauteville à Paris 10e. Il est décédé en 1882 à soixante-seize ans, en son domicile, 23 passage Saulnier à Paris 9e. Il est enterré au cimetière de Montmartre (3e division).
Sa carrière à l'Opéra-Comique
Il y chanta vers 1825 le Pré-aux-Clercs (Mergy). |
Sa carrière au Théâtre-Lyrique
Il débuta au Théâtre-Lyrique [alors Opéra-National] en participant à la première le 16 novembre 1847 d’Aline, reine de Golconde (Osmin) d’Henri Montan Berton.
Il y participa à la première le 23 novembre 1847 d’Une bonne fortune d’Adolphe Adam ; le 29 janvier 1848 de la Tête de Méduse de Scard.
Il y créa le 05 mars 1848 les Barricades de 1848 de Pilati et Gautier ; le 06 mars 1848 Don Quichotte et Sancho Pança (Sancho Pança) d’Hervé. |
Les vieux artistes s'en vont. Joseph Kelm, le joyeux comique que tout Paris a applaudi pendant trente ans, s'est éteint, hier, dans sa soixante-dixième année, à la suite d'une longue et douloureuse maladie. jusqu'au mois de septembre dernier, époque à laquelle il ressentit les premières atteintes du mal qui devait l'emporter, « Jojo », comme l'appelaient ses camarades, avait conservé une gaieté et une verve surprenantes, et, bien que retiré depuis plusieurs années de la scène, chaque fois qu'il y avait une misère à soulager ou un service à rendre, il faisait encore entendre ses désopilants refrains. Après avoir été un des meilleurs élèves de Choron, Kelm débuta vers 1825 à Rouen, où il tint, pendant longtemps et avec éclat, les rôles de fort ténor. Poussé par le désir de voir ses succès consacrés par le public parisien, il signa un engagement pour l'Opéra-Comique, où il joua, entre autres rôles, celui de Mergy, dans le Pré-aux-Clercs. Mais les Rouennais le regrettèrent tellement que le théâtre de Rouen paya son dédit à l'Opéra-Comique, et Kelm retourna au berceau de ses premiers succès. Il y resta jusqu'au moment où, changeant de genre, il entra au Gymnase, au grand chagrin du père Choron. De là il passa à la Renaissance, où il créa, avec André Hofmann, la célèbre chanson de Bérat : « Nous avons-t-y bu, nous avons-t-y-ri chez la mère Grivelle. » De cette époque date sa réputation comme chanteur comique. En 1848, i1 entra à l'Opéra-National, où il joua Sancho Pança, la première bouffonnerie d'Hervé. Plus tard, Hervé, ouvrant les Folies-Concertantes, devenues en 1855 les Folies-Nouvelles, se souvint de son Sancho. Il engagea Joseph Kelm et écrivit, pour eux deux, une série de saynètes qui devaient donner naissance aux opérettes d'Offenbach. A partir de 1857, Kelm se consacra tout entier à la vraie chanson gauloise dont il fut le dernier interprète, et sut amasser une certaine fortune. Nous nous rappelons tous ses joyeux refrains qui sont restés populaires, tels que le Docteur Isambart ; le Sire de Framboisy ; le Pied qui r'mue et, en collaboration avec M. Edouard Doyen, Fallait pas qu'y aille !; Tir' toi d’ là comm’ tu pourras ; J'entre en train et Charmante Rosalie. De cette longue carrière si brillamment et si honorablement remplie, que reste-t-il aujourd'hui ? Un gai souvenir et une veuve qui pleure. (Charles Darcours, le Figaro, 30 janvier 1882)
J'ai fait allusion à l'origine de la salle qui devint le théâtre Déjazet. Il y a près de 59 ans qu'elle fut ouverte au public sous le nom de Folies-Mayer. C'était non pas un café, mais un dîner-concert. On entendait les chansonnettes et la musique tout en dînant. L'idée était neuve. Elle appartenait à un chanteur comique, Joseph Mayer, frère de Maurice et d'Hippolyte, nos amis, et beau-frère de ce célèbre farceur et grimacier Joseph Kelm, qui ressemblait en plus laid et en plus trivial, à Lhéritier, un du Palais-Royal. Kelm chantait et mimait avec une irrésistible drôlerie ces insanités : le Sire de Framboisy et J'ai un pied qui r’mue, devenus populaires et qu'on entendait partout dans Paris. (Léon Lyon-Caen, Souvenirs du Jeune Age, 1912)
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