Alexander KACHENOVSKY

 

Alexander Kachenowsky en 1908 [photo Denier]

 

 

Alexander KACHENOWSKY

 

basse russe

(Saint-Pétersbourg, Russie, 19 mai 1884 – Voronej, Russie, 22 aout 1935)

 

 

 

Sa carrière à l'Opéra-Comique

 

Il y débuta le 03 octobre 1908 dans Lakmé (Nilakantha).

 

Il y chanta Louise (le Chiffonnier).

 

 

 

 

C'était vers la fin de la saison dernière. On donnait des auditions à l'Opéra-Comique. Dans la salle, aux fauteuils d'orchestre, se trouvaient : M. Albert Carré, M. Ruhlmann, chef d'orchestre, et M. Carbonne, régisseur général. Sur la scène, côté jardin, M. Piffaretti, au piano, accompagnait les postulants.

Quels sujets, grands dieux ! Il faut avoir entendu des auditions pour connaître quels phénomènes le désir de chanter en public peut faire surgir. Ce jour-là, la séance avait été longue, monotone et complètement dépourvue d'intérêt.

M. Albert Carré écoutait avec une inlassable patience, échangeait quelques observations, prenait des notes et, de temps à autre, quand le sujet s'étendait sur un air d'une durée démesurée, il profitait de l'instant d'une respiration pour lever son chapeau :

— Merci, Mademoiselle ! ça suffit !

Et, souriant dans sa barbe, M. Piffaretti rendait la partition à la chanteuse, qui s'en allait, déçue. Une quinzaine, hommes et femmes, étaient déjà partis, lorsque M. Troy, régisseur, qui, en la circonstance, fait fonction de héraut, annonça :

— M. Katchenovsky !

Devant la rampe se dressa un grand gaillard large d'épaules, que la physionomie ronde et les traits, qu'adoucissait une chevelure blonde, rendaient parfaitement sympathique. M. Piffaretti voulut lui poser quelques questions. Il ne savait pas un mot de français.

— Eh bien, chantez-nous quelque chose en russe, consentit M. Albert Carré.

M. Piffaretti regagna son tabouret, plaqua quelques accords... M. Katchenovsky chanta l'air de Mefistofele, de Boito.

Tour à tour, la caresse d'une prière et l'ampleur d'un hymne de rage et d'amour, montèrent dans la salle vide. L'organe du chanteur, baryton merveilleux, charme, étonne, pleure, éclate, rit, impeccablement pur, sonore, souple, sans artifice vain, mais avec un art parfait.

Le baryton se tut. M. Albert Carré fit venir le grand gaillard, le complimenta chaleureusement,

puis l'interrogea. Il apprit par son professeur, M. Nouvel-Nordi, que l'auditionné, après avoir été premier violon dans des sociétés symphoniques de Saint-Pétersbourg, avait étudié avec Zaremba et Rophoff, qu'il débarquait à Paris et s'apprêtait à rallier Saint-Pétersbourg pour achever ses examens de droit.

M. Albert Carré n'en apprit pas davantage et, séance tenante, il engageait M. Katchenovsky. Celui-ci, ravi, promit d'apprendre très rapidement notre langue...

Depuis cette époque, quatre mois se sont écoulés. M. Katchenovsky a appris le français, il le parle très correctement et n'a conservé qu'un léger accent.

Ce soir, il débutera dans le rôle de Nilakantha, de Lakmé.

(Comœdia, 03 octobre 1908)

 

 

M. Albert Carré a fait débuter dans « Lakmé », samedi à l'Opéra-Comique, une basse russe dont on disait à l'avance le plus grand bien : M. Katchenowsky. Nous n'avons pas été déçus.

La voix de M. Katchenowsky est d'un métal excellent ; d'un bel éclat, d'une jolie couleur de timbre. Mais pourquoi a-t-on fait chanter à cet artiste les stances de Nilakantha « presque entièrement en piano ? » Il semblait vouloir étouffer sa voix qui est faite surtout de force. Les demi‑teintes indiquées auraient suffi à montrer que M. Katchenowsky est un artiste de goût.

Ajoutons que cet artiste étant étranger — russe pour préciser — est encore un peu gêné par sa prononciation. Mais il aura vite fait de sauver son articulation en « piochant » ferme notre langue.

(l’Intransigeant, 06 octobre 1908)

 

 

Opéra-Comique.

Les débuts de M. Katchenovsky ont eu lieu la semaine dernière, dans Lakmé. Cet artiste, dont la voix est très sympathique, est né en Russie. Son nom le fait d'ailleurs pressentir.

C'est au cours d'une audition occasionnelle que M. Carré découvrit du mérite à ce jeune chanteur, qu'il attacha immédiatement à son théâtre. Il lui conseilla d'apprendre le français afin que l'on comprît mieux le sens des paroles qu'il serait appelé à prononcer devant un public français. M. Carré est d'une conscience rare.

Trois mois après son engagement, M. Katchenovsky parlait notre langue couramment. On le fit débuter dans un rôle d'Hindou : Nilakantha. Gros succès. On ne s'aperçut pas un instant que M. Katchenovsky fût Russe, ni qu'il fût Hindou, ou même Français.

Le rôle du jeune officier anglais était tenu par un Français, et l'orchestre était dirigé par un belge.

All right !

(la Critique indépendante, 15 octobre 1908)

 

 

Opéra-Comique.

Dans Lakmé, où il débuta, M. Kachenowsky a tenu toutes ses promesses vocales. Voilà vraiment une extraordinaire voix, robuste, éclatante, homogène. Quand il aura plus longtemps profité de l'excellent enseignement de M. Léon Jancey, secrétaire général de l'Opéra-Comique, qui l'instruisit dans la langue française, M. Kachenowsky occupera ici une place enviable.

(Musica, novembre 1908)

 

 

 

 

 

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