Julia GUIRAUDON

 

Julia Guiraudon dans Cendrillon (Cendrillon) de Jules Massenet à l'Opéra-Comique en 1899

 

 

Julia GUIRAUDON

 

soprano français

(23 rue Hortense, Bordeaux, 3e section, Gironde, 09 décembre 1873* – Neuilly-sur-Seine, Hauts-de-Seine, 15 avril 1966*)

 

Fille d'Arnaud GUIRAUDON (1837 – fin 1913/début 1914), boulanger, et de Rosa LAFON (1845 –), ménagère.

Epouse à Paris 8e le 05 mars 1904* Henri CAIN (1857–1937), librettiste ; parents d'Henriette Julia Rosa Georgette CAIN (Paris 8e, 15 novembre 1901* – 06 mai 1928) [épouse à Paris 9e le 01 juin 1922* Jean Antoine Louis GIGODOT (Villebois, Ain, 20 décembre 1893* – Locquirec, Finistère, 27 mars 1978), capitaine d'aviation].

 

 

Premières études musicales à Bordeaux, avec M. Sarreau. Puis au Conservatoire de Paris, élève de Crosti pour le chant, de Taskin pour l'opéra-comique et de Giraudet pour l'opéra, elle obtint un second prix de chant et un second prix d’opéra en 1895, puis un premier prix d'opéra et un premier prix d'opéra-comique en 1896. Elle fit carrière à l’Opéra-Comique où elle a débuté le 08 février 1897. A l'Opéra de Monte-Carlo, elle a créé le 17 février 1912 Roma (Junia) de Jules Massenet, et le 28 mars 1913 Yato (Lucile) de Marguerite Labori, dont les livrets étaient dus à son mari Henri Cain.

En 1904, elle habitait 14 rue de Saint-Pétersbourg à Paris 8e avec ses parents, puis 27 rue Blanche à Paris 9e avec son mari. Elle est décédée en 1966 à quatre-vingt-douze ans, en son domicile, 89 boulevard Bineau à Neuilly-sur-Seine. Elle est enterrée au cimetière de Montmartre (29e division).

 

 

 

Sa carrière à l'Opéra-Comique

 

Elle a débuté salle du Châtelet le 08 février 1897 en créant Kermaria (Tiphaine) de Camille Erlanger.

 

Elle a également créé le 18 octobre 1897 le Spahi (Fatou) de Lucien Lambert ; le 27 novembre 1897 Sapho (Irène) de Jules Massenet ; le 14 décembre 1897 Daphnis et Chloé (Chloé) d'Henri Büsser ; le 23 mars 1898 l'Île du rêve (Mahenu) de Reynaldo Hahn ; le 24 mai 1899 Cendrillon (Cendrillon) de Jules Massenet ; le 11 avril 1900 le Juif polonais (Suzel) de Camille Erlanger ; le 29 avril 1901 l'Ouragan (Lulu) d'Alfred Bruneau ; le 30 mai 1902 la Troupe Jolicœur (Geneviève) d'Arthur Coquard ; le 25 février 1914 la Marchande d'allumettes (Daisy) de Tiarko Richepin.

 

Elle a participé le 13 juin 1898 à la première de la Bohème (Mimi) de Giacomo Puccini [version française de Paul Ferrier].

 

Elle a chanté Carmen (Micaëla) ; Mignon (Mignon) ; le Rêve (Angélique, 1900) ; le Roi d'Ys (Rosenn).

 

 

 

 

 

 

 

Lauréate du Conservatoire a été mise en relief par la création de Fatou, dans le Spahi. Elle remplit le personnage de la petite négresse avec beaucoup de charme, d'adresse et d'originalité. Elle a crée avec bien du succès Mimi de la Vie de bohème. Sa voix est pure et elle la dirige avec art.

Petite, mais physique expressif.

(Adrien Laroque, Acteurs et actrices de Paris, juillet 1899)

 

 

Mon grand et cher illustre maître Massenet ne se doute pas qu'il fut le premier à m'applaudir à Paris.

Venant de Bordeaux, je me présentais au concours d'admission du Conservatoire, quand un des membres du jury se mit à battre des mains.

— Eh bien ! vous pouvez être contente, mademoiselle, me dit l'appariteur. c'est M. Massenet qui vous a applaudie !

J'étais follement heureuse. Pensez donc ! Mais, hélas ! ma joie fut courte... A peine rentrée dans le foyer où les « candidates » attendaient leur tour, je me vis assaillie par vingt jeunes filles qui m'interpellaient avec une volubilité rageuse. A travers ce flux de paroles, je distinguais pourtant ces mots :

— En a-t-elle de la chance !

— C'est vrai que Massenet vous a applaudie ?

— Pas possible

— Si !

— Non !

— Ça se raconte.

Etc.

Heureusement, la mère d'une des concurrentes mit tout le monde d'accord en prononçant, avec autorité, cette phrase venimeuse :

— Je l'avais bien dit à ma fille : « Massenet applaudit toujours... quand on lui chante sa musique. »

Je venais de concourir dans le grand air de la Juive !!!

(Julia Guiraudon-Cain, 11 décembre 1911)

 

 

 

 

Julia Guiraudon dans Cendrillon (Cendrillon) de Jules Massenet à l'Opéra-Comique en 1899

 

 

 

 

 

Julia Guiraudon en 1913

 

 

 

La triomphatrice de l'année 1899 au théâtre de l'Opéra-Comique fut Mlle Julia Guiraudon qui a incarné d'une façon très intéressante et quasi sensationnelle la belle œuvre de Massenet : Cendrillon, où elle s'est montrée si particulièrement touchante, si intelligente dans son jeu et si exquise chanteuse.

 

La délicieuse artiste est née à Bordeaux en 1878. Elevée au couvent des Ursulines de sa ville natale, elle embrassa la carrière artistique contre le gré de toute sa famille qui, très pieuse, avait horreur de tout ce qui touche au théâtre. Elle chantait à 14 ans dans les églises : son professeur Gaston Sarreau, après seulement 4 mois d'études, devina la vocation de son élève et décida ses parents à la faire entrer au Conservatoire de Paris. Elle fut reçue une des premières aux examens de 1893, elle chanta « Il va venir », de la Juive, et entra pour le chant dans la classe de Crosti, pour l'opéra-comique dans celle de Taskin et pour l'opéra chez Giraudet.

 

Trois années après, en 1896, elle avait 18 ans, elle remportait les trois premiers prix de chant, d'opéra-comique et d'opéra.

 

Engagée immédiatement à l'Opéra-Comique elle y débuta, la même année, par la création de Kermaria de Camille Erlanger ; et créa successivement le Spahi de Lucien Lambert ; Daphnis et Chloé de Büsser ; Irène de Sapho de Massenet ; Mimi de la Vie de Bohème et enfin le 24 mai 1899 Lucette de Cendrillon. Ce qu'il y a de particulier dans la carrière de cette mignonne artiste c'est qu'elle n'a fait que des « créations » depuis son entrée à l'Opéra-Comique. Tous les auteurs et les compositeurs la demandent : Voici ce que j'ai lu sur la première page de sa partition de Cendrillon :

 

« Reste au foyer petit grillon !...

« Chère et exquise Mlle Guiraudon

« Née Lucette Julia ».

 

« Je dépose aux pieds de Cendrillon l'expression de mon admiration et de ma reconnaissance et je dis à votre « maman » si bonne et si jolie... que je l'aime bien. » — Massenet. — Paris, mai 1899.

 

A Lucette Guiraudon :

« Pas une étoile n'étincelle. Plus pure au firmament des cieux. Son vieil ami si dévoué. — Henri Cain. » — 4e tableau.

 

(Annuaire des Artistes, 1902)

 

 

 

 

 

Julia Guiraudon (Mimi) et Adolphe Maréchal (Rodolphe) dans la Bohème lors de la première à l'Opéra-Comique en 1898

 

 

 

         

 

tombe de Julia Guiraudon au cimetière de Montmartre [photos ALF, 2022]

 

 

 

Discographie

 

N° catalogue N° matrice Date d'enregistr. Compositeur Librettistes Œuvre  Extrait Interprètes Accompagnement

 DISQUE POUR GRAMOPHONE (Paris)

33614 5781o printemps 1906 PUCCINI (Giacomo) trad fr Paul Ferrier BOHèME (LA) Adieux de Mimi "la Chambre qu'autrefois" Julia GUIRAUDON, soprano de l'Opéra-Comique Piano
33615X 5993o milieu 1906 CHARPENTIER (Gustave) Gustave Charpentier LOUISE "Depuis le jour où je me suis donnée" Julia GUIRAUDON, soprano de l'Opéra-Comique Piano

 

 

 

 

 

Air de Louise "Depuis le jour..."

extrait de l'acte III de Louise de Charpentier

Julia Guiraudon (Louise) et Piano

Disque Pour Gramophone 33615X, mat. 5993o, enr. à Paris au milieu de 1906

 

 

 

 

 

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