Paul FRANZ

 

 Paul Franz dans Antar (Antar) à l'Opéra en 1926 [photo Roosen]

 

 

Paul Franz GAUTIER dit Paul FRANZ

 

ténor français

(96 boulevard Malesherbes, Paris 17e, 30 novembre 1876* – Paris 16e, 20 avril 1950*)

 

Fils de Paul Edmond GAUTIER (Rouen, Seine-Inférieure [auj. Seine-Maritime], 10 mars 1840* – Paris 17e, 23 mai 1909*), sous-chef de bureau au ministère des Finances, nommé chevalier de la Légion d'honneur le 10 janvier 1894 [fils de Michel Edmond GAUTIER (Rouen, 10 mai 1809 – Paris 8e, 29 septembre 1870*), chef du contentieux au chemin de fer de l'Ouest], et de Adèle Rose Marie DURÉCU (Mathieu, Calvados, 15 juillet 1848* – Paris 17e, 13 juin 1925*) [fille d’Armand DURÉCU, industriel, qui était le gendre de l’homme politique Abel LE CREPS (1787–1850)], mariés à Paris 8e le 18 avril 1868*.

Frère de François Edmond GAUTIER devenu par ordonnance du 22 janvier 1932, François Edmond GAUTIER DE TÉRAMOND, dit Guy DE TÉRAMOND (Paris 8e, 03 février 1869* – Paris 17e, 12 novembre 1957*), homme de lettres, auteur de romans, de livrets d’opérettes (Un jupon par la fenêtre), et du poème de la cantate Coriolan, imposée aux candidats du prix de Rome de 1927 ; et de Francis Christian GAUTIER (Paris 17e, 28 octobre 1879* – Paris 8e, 29 décembre 1950*), avocat à la Cour d’appel.

Epouse 1. à Paris 9e le 21 octobre 1929* (divorce le 17 avril 1935) Marie Mathilde Elisabeth PLAIGNIET (Nouméa, Nouvelle-Calédonie, 14 mars 1883* – Mantes-la-Jolie, Seine-et-Oise [auj. Yvelines], 09 juillet 1961), fille d’Adolphe PLAIGNIET et d’Henriette DE BOISSEROLLE.

Epouse 2. à Paris 7e le 16 juin 1936* Marguerite Apolline Jeanne Elisabeth DE RIBAUCOURT (Ostende, Belgique, 07 novembre 1892 – ap. 1950), fille d’Henri Jean Baptiste Hubert DE RIBAUCOURT, agent de change, et d’Elisabeth VAN LENIENDAEL.

 

 

Ce bel artiste, qui fut incontestablement le grand ténor de l'Opéra pendant près de trente ans, fut par trois fois refusé au Conservatoire où il n'entra finalement que dans une classe de comédie. Elève de Louis Delaquerrière, il était employé aux Chemins de fer de l'Ouest quand, lauréat d'un concours organisé par le journal Comœdia, il débuta en janvier 1909 au théâtre Graslin de Nantes dans Lohengrin. L'Opéra de Paris l'engagea aussitôt et il y fit des débuts sensationnels dans le même rôle. Il fit ensuite une carrière internationale, chantant tant à Paris qu’à Londres, Rome, Milan, Buenos Aires, La Haye, Bruxelles, etc., les principaux rôles de ténor du répertoire de la musique française ou étrangère. Il créa à l’Opéra Faust dans la Damnation de Faust (Berlioz) et Parsifal. Mobilisé en 1914, Franz reparaît en 1920, quand l’Opéra rouvre ses portes. Il y crée la Légende de Saint‑Christophe (Indy), Enée, des Troyens (Berlioz), Antar (G. Dupont), Padmâvatî (Roussel), le Jardin de Paradis (Bruneau), Esther (Mariotte), Salamine (P. Emmanuel), etc. Interprète de la Tétralogie, doué d’une voix resplendissante, il a tenu une des premières places parmi les artistes lyriques de son temps. Il a professé au Conservatoire national supérieur à partir de 1937. On lui doit, en collaboration avec Paul Gsell, l’argument du ballet l’Orchestre en liberté (musique d’Henry Sauveplane, Opéra, 16 février 1931). Il fut nommé officier de l’Instruction publique le 13 janvier 1913, et chevalier (09 avril 1925), puis officier (05 août 1938) de la Légion d’honneur.

En 1906, il habitait 96 boulevard Malesherbes à Paris 17e ; en 1929, 56 rue de La Rochefoucauld à Paris 9e ; en 1936, 48 avenue de Saxe à Paris 7e. Il est décédé en 1950 à soixante-treize ans en son domicile, 24 villa Dupont à Paris 16e. Il est enterré au cimetière de Blois-ville.

 

=> sa discographie

 

 

 

bottin mondain de 1942

 

 

Sa carrière à l'Opéra de Paris

 

Il y débuta le 01 février 1909 dans Lohengrin (Lohengrin).

 

Il y chanta Samson et Dalila (Samson, 1909) ; Sigurd (Sigurd, 1909) ; Roméo et Juliette (Roméo, 1909) ; Faust (Faust, 1909) ; Tannhäuser (Tannhäuser, 1909) ; la Damnation de Faust (Faust, 1910) ; la Walkyrie (Siegmund, 1910) ; Aïda (Radamès, 1910) ; les Maîtres chanteurs de Nuremberg (Walther, 1911) ; le Cid (Rodrigue, 1911) ; le Prophète (Jean, 1912) ; Tristan et Isolde (Tristan, 1913) ; le Vieil Aigle (Tolaïk, 1914) ; Patrie ! (Kerloo, 1916) ; Messidor (Guillaume, 1917) ; Othello (Othello, 1919) ; Monna Vanna (Prinzivalle, 1919) ; Salammbô (Mathô, 1919) ; les Huguenots (Raoul, 1925) ; le Crépuscule des dieux (Siegfried, 1925) ; Siegfried (Siegfried, 1926) ; la Juive (Eléazar, 1933).

 

Il y créa le 09 juin 1920 la Légende de saint Christophe (Auférus) de Vincent d’Indy ; le 14 mars 1921 Antar (Antar) de Gabriel Dupont ; le 01 juin 1923 Padmâvatî (Ratan-Sen) d’Albert Roussel ; le 31 octobre 1923 le Jardin du Paradis (le Prince Assur) d’Alfred Bruneau ; le 28 avril 1925 Esther, princesse d’Israël (Mardochée) d'Antoine Mariotte ; le 23 novembre 1925 l’Ile désenchantée (Solnik) d’Henry Février ; le 19 juin 1929 Salamine (Xerxès) de Maurice Emmanuel ; le 12 mai 1930 la Tentation de saint Antoine (Satan) de Raoul Brunel.

 

Il y participa à la première le 04 janvier 1914 de Parsifal (Parsifal) de Richard Wagner [version française d’Ernst] ; le 24 novembre 1917 de Jeanne d’Arc (Comte de Dunois) de Raymond Rôze [version française de Coudurier de Chassaigne] ; le 20 juin 1919 d’Hélène (Pâris) de Camille Saint-Saëns ; le 10 juin 1921 des Troyens (Enée) d’Hector Berlioz ; le 22 décembre 1921 d'Hérodiade (Jean) de Jules Massenet ; le 27 octobre 1922 de la Fille de Roland (Gérald) d’Henri Rabaud ; le 24 décembre 1923 d'Esclarmonde (le Chevalier Roland) de Massenet.

 

 

 

 

Paul Franz dans Roméo et Juliette (Roméo) à l'Opéra en 1910 [photo Gerschel]

 

 

 

 

Paul Franz dans Faust (Faust)

 

 

 

Paul Franz dans Samson et Dalila (Samson)

 

 

 

Paul Franz en 1924

 

 

 

Paul Franz dans Sigurd (Sigurd), dessin d'Henri Etlin

 

 

 

 

 

Au secrétariat de la Compagnie des Chemins de fer de l’Ouest se trouve comme employé un jeune homme, M. Gautier — né à Paris (de parents normands) en 1876 — et qui possède une très jolie voix. Tout en remplissant consciencieusement et avec zèle sa profession, il a toujours l’idée d’embrasser la carrière d’artiste lyrique. En 1896, 1897 et en 1902, il se fait inscrire au Conservatoire mais il est toujours refusé.

Un jour il déclare à son chef de bureau : « Je vais quitter la Compagnie, car je désire entrer à l’Opéra. » ; et son patron de lui répondre : « Vous n’y pensez pas, vous voulez donc devenir chef de bureau, avant d’avoir été employé ? »

Il prend alors le nom de Franz Gautier, prête son concours à un concert des Postes et Télégraphes, il y est acclamé. M. Delaquerrière lui donne des leçons et lorsqu’en 1908 le journal Comœdia organise un concours de ténor, il se fait inscrire sous le nom de Franz. Dans l’air de la Juive, il obtient le premier prix, on parle de lui et après de nombreuses auditions, MM. Messager et Broussan l’engagent à l’Opéra pour le 1er février 1909.

Entre temps, en janvier 1909, il va chanter Lohengrin à Nantes, et à cette représentation la nacelle se détache, le ténor pique une tête dans l’eau et le régisseur lui crie alors : « Aucune importance, ça te portera chance ».

C’est la vérité !!! Il est aussitôt réclamé à l’Opéra de Paris pour chanter Lohengrin, le 1er février 1909, et le 15 du même mois il est affiché dans Sigurd, puis Samson.

Depuis cette époque il inscrit à son répertoire : Roméo et Juliette, Faust, la Damnation de Faust, Aïda, le Cid, le Prophète, Othello, Patrie !, Messidor, Monna Vanna, Hélène.

Dans les œuvres de Wagner il chante Lohengrin, Tannhäuser, la Walkyrie, les Maîtres Chanteurs.

Il fait d'autre part, les créations de Parsifal (1914), la Légende de saint Christophe (1920), Antar et la reprise des Troyens (1921).

Il a chanté, en outre, à Londres, en Italie et en Amérique du Sud.

(Nos vedettes, 1922)

 

 

 

 

 

Paul Franz dans Lohengrin (Lohengrin) à l'Opéra en 1910 [photo Gerschel]

 

 

 

Paul Franz dans Lohengrin (Lohengrin) par lui-même en 1922

 

 

 

Paul Franz dans Lohengrin (Lohengrin) en 1926

 

 

 

Franz caricaturiste

 

Un ténor qui voit les tics de ses contemporains sans s'inhiber de la félicité d'être vu, — le cas n'est pas banal.

Interpréter le mysticisme de Parsifal avec la faculté, durant l'entr'acte, de fixer d'un crayon réaliste et fantaisiste la tête du directeur, d'une fille-fleur ou du chef d'orchestre, — le fait est d'importance.

Dans le petit studio du boulevard Malesherbes, où il collectionne avec amour estampes et fines statuettes, Franz ne fait pas que des gammes et des haltères. Franz, caricaturiste de bonne humeur, a l'œil sensible.

Il ne trimballe pas toute la journée son bloc-notes en bandoulière, à la façon d'un Renouard. Le musicien et le dessinateur ont chacun ses notes dans la tête. Il crayonne de mémoire, quand la vision d'un ridicule ambulant a impressionné sa rétine réceptive. Son crayon est de mine plus tendre que celles de Sem et de Bib ; il ne pique point — un Sem doux. Demandez plutôt à M. Rouché, à M. Chevillard, à M. Merle-Forest, à M. Reffet, au docteur Cayla croqué en pleine laryngotomie et possesseur d'une galerie plaisante où se détachent les attitudes favorites de Saint-Saëns et du pauvre Cerdan.

Son humour est si peu agressive qu’elle préfère s'exercer sur lui-même plutôt que sur le sexe dit aimable pour qui sa souriante bonhomie n'a pas de griffes. « Il est doux, il est bon », comme le costaud de Salomé. Et je doute que jamais la beauté ait pour un Franz les nerfs de Mlle Sorel. La mienne ne les aura pas.

 

(Ch. Tenroc, Lyrica, mai 1922)

 

 

 

 

 

Paul Franz dans Parsifal (Parsifal) en 1914 [photo Bert]

 

 

 

Paul Franz dans Parsifal (Parsifal)

 

 

 

Paul Franz dans Parsifal (Parsifal) [photo Roger-Viollet]

 

 

 

 

Paul Franz dans Tristan et Isolde (Tristan) [ci-dessous, détail]

 

 

 

 

 

 

Quel merveilleux Parsifal que M. Franz. Sa voix chaude et large se prodigue inépuisable ; sa science vocale est sûre et judicieuse. Il a pénétré à fond le sens de l'œuvre dont son interprétation ne laisse dans l'ombre aucun détail. Par la sobriété, la sincérité, et aussi par la netteté de sa diction, il atteint au dernier acte une sérénité, une simplicité vraiment émouvantes.

(Raymond Balliman, Lyrica, avril 1926)

 

Les deux principaux protagonistes de l'actuelle interprétation — qui est remarquable, disons-le sans tarder — M. Franz et Mlle Bourdon, paraissaient pour la première fois dans leurs rôles, et quels rôles ! Celui de Siegfried est l'un des plus redoutables qu'il soit. Wagner, confiant sans doute en la robuste jeunesse de son héros, a exigé de lui une longueur vocale, une résistance démesurées. C'est un rôle écrasant dont M. Franz a brillamment triomphé. J'ai entendu, un peu partout, bien des Siegfried. Presque tous ne se tirent d'affaire que par d'incessants coups de force, ce qui est aussi fatiguant pour le chanteur que pour l'auditeur. Tel est loin d'être le cas de M. Franz. Grâce à une complète maîtrise de sa technique, qui fait de lui l'un des tout premiers parmi nos meilleurs chanteurs, il chante entièrement l'ouvrage sans jamais pousser ni forcer son superbe organe. Aussi le plie-t-il merveilleusement à tous les accents, vigueur comme émotion. Comme il lance splendidement son entrée ou le Chant de la Forge ; quelle souplesse il apporte aux scènes de sensibilité lorsqu'il évoque sa mère ou rêve dans la forêt ! Toujours le son bien en place et là pour obéir avec flexibilité à la volonté du chanteur. C'est pourquoi, sans jamais le pousser, il parvient aisément à une puissance qui ne laisse soupçonner aucune fatigue tout en obtenant, un instant après, les plus délicats effets de douceur. Sa pleine connaissance du style wagnérien, sa parfaite articulation donnent à son interprétation une justesse, un relief singuliers. Et l'on peut dire, maintenant qu'il a incarné ce cycle complet du répertoire Wagner — de Tannhäuser et Parsifal — qu'il en est un des plus achevés représentants qui soient ou aient été.

(Raymond Balliman, Lyrica, octobre 1926)

 

Que dire de M. Franz, le magnifique créateur de Parsifal à l'Opéra ! On ne peut que se répéter en vantant la résistance de son superbe organe, comme la maîtrise de sa science vocale et de son interprétation ! Bornons-nous à constater que notre grand ténor demeure égal à lui-même... et inégalé !

(Raymond Balliman, Lyrica, novembre 1928)

 

 

 

 

 

Paul Franz en 1924

 

 

 

Paul Franz en 1932 [photo Berton]

 

 

 

Paul Franz dans Othello (Othello) en 1923

 

 

 

costume d'Othello dessiné pour Paul Franz

 

 

Paul Franz, autoportrait en 1934

 

 

 

 

    

 

Scène

extrait de l'acte V de Roméo et Juliette de Gounod

Paul Franz (Roméo) et Orchestre

Disque Pour Gramophone 032227, mat. 2198v, enr. le 11 novembre 1914

 

 

 

"O souverain, ô juge, ô père"

extrait de l'acte III du Cid de Massenet

Paul Franz (Rodrigue), un baryton (Saint Jacques), Chœurs et Orchestre

Pathé saphir 80 tours n° 260, mat. 1957, enr. en 1919/1920

 

 

 

Air "Ne pouvant réprimer"

extrait de l'acte IV d'Hérodiade de Massenet

Paul Franz (Jean) et Orchestre dir. Eugène Bigot

Columbia LFX 56, mat. LX 1351-1, enr. le 06 mai 1930

 

 

    

 

Hymne à la France

(par. Victor Hugo / mus. Henri Büsser)

Paul Franz et Orchestre

Pathé saphir 80 tours n° 3162, mat. 1955, enr. en octobre 1920

 

 

    

 

Chanson des Epées

extrait de la Fille de Roland de Rabaud

Paul Franz et Orchestre

Pathé saphir 80 tours n° 3162, mat. 1956, enr. en octobre 1920

 

 

 

 

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