Jean DEPASSIO
Jean DEPASSIO
basse française
(9 rue Saint-Nicolas, Lyon, Rhône, 04 mai 1824* – 8 rue Joly, Montmorency, Seine-et-Oise [auj. Val-d’Oise], 24 mars 1887*)
Fils de Claude DEPASSIO, fabricant d’étoffes, et d’Antoinette PHILI.
Epouse à Marseille, Bouches-du-Rhône, le 28 juin 1851* (puis séparés judiciairement) Lolly Antoinette Victorine COUSINERY (Marseille, 07 juillet 1832 – 1898) [sœur d’Antoinette Louise Brigitte COUSINERY (Marseille, 09 mars 1844 – 1894), qui obtint au Conservatoire de Paris en 1870 un 2e accessit de chant et un 1er accessit d’opéra].
Au Conservatoire de Paris, il obtint en 1849 un accessit de chant et un second prix d’opéra. Il chanta à Bruxelles, à Marseille, à l’Opéra de Paris (1851-1857), à nouveau à Marseille, au Théâtre-Lyrique (1865-1866), à Lille (1866), à Gand, à Nantes, à La Nouvelle-Orléans (1875), à Alger. En 1885, âgé de 61 ans, ayant une carrière de 31 années de théâtre, il toucha une pension de 500 frs de l’Association des artistes dramatiques.
En 1855, il habitait 87 rue d'Hauteville à Paris ancien 3e [auj. 10e]. Il est décédé en 1887 à soixante-deux ans.
Sa carrière à l'Opéra de Paris
Il y débuta le 10 septembre 1851 dans Robert le Diable (Bertram).
Il y créa le 23 avril 1852 le Juif errant de Fromental Halévy ; le 18 octobre 1854 la Nonne sanglante (Pierre l’Ermite) de Charles Gounod.
Il y participa à la première le 02 février 1853 de Louise Miller de Giuseppe Verdi [version française d’Alaffre et Pacini].
Il y chanta le Prophète (Zacharie, 1851) ; Guillaume Tell (Walter, 1852) ; les Huguenots (Marcel, 1852) ; la Juive (cardinal de Brogni, 1854). |
Sa carrière au Théâtre-Lyrique
Il y débuta en 1865.
Il y participa aux premières : le 23 février 1865 de la Flûte enchantée (Sarastro) de Mozart [version française de Nuitter et Beaumont] ; le 08 mai 1866 de Don Juan (le Commandeur) de Mozart [version française de Trianon et Gautier]. |
Depassio est petit, malingre en apparence, avec un visage irrégulier et vulgaire. Sous les traditions de l'école, qu'il conserve religieusement à la scène, on ne sent pas encore pousser l'intelligence de son jeu et la personnalité de son chant ; mais il possède une voix de basse profonde qui frappe et captive l'auditeur. Cette voix, roulant ses fluctuations sonores sous l'arc du palais, ne ressemble pas mal, dans les effets piano, à un tonnerre lointain engouffrant ses cascades mugissantes dans les cavités du rocher. Depassio est un pensionnaire utile et même indispensable à l'Opéra ; mais sera-t-il jamais un grand artiste ?... Ce que nous lui reprochons, c'est de se gargariser avec les vieilles vocalises du vieux Levasseur. Depassio est engagé jusqu'au 31 décembre 1855. Il gagne 15.000 fr. par an. (H. de Villemessant et B. Jouvin, Figaro, 09 juillet 1854)
[débuts de M. David à l’Opéra dans Robert le Diable] M. David peut chanter avec beaucoup de succès, des rôles comme ceux du capitaine Roland des Mousquetaires et Falstaff du Songe. Qu’il aille à l’Opéra-Comique. Il y a place pour lui ; qu’il ne s’use pas à chanter le grand répertoire. Il ne sera jamais la basse que cherche l’Opéra. Aussi, c’est bien fait : pourquoi l’Opéra s’obstine-t-il à demander à tous les échos un Bertram, alors qu’il en a un sous la main : Jean Depassio, avec sa voix large, profonde, vigoureuse, émouvante ? Vous reviendrez à Depassio, M. Perrin ; vous y reviendrez inévitablement ; mais ne vaudrait-il mieux pas y revenir tout de suite et de bonne grâce que de le faire plus tard, après avoir essayé de beaucoup d’artistes et d’avoir fourbu, en les surmenant, quelques bonnes voix qui eussent pu faire la joie des habitués d’une autre scène ? (la Comédie, 19 juin 1864)
Recruté aussi en province, Depassio a chanté à l'Opéra ; c'est encore une basse et une basse profonde, qui semble tirer ses sons du troisième dessous. Ses succès à Lyon et à Marseille engagèrent M. Carvalho à le faire venir à Paris ; c'est un excellent artiste, qui a fait un bon début dans la Flûte enchantée. Mais que veut donc faire M. Carvalho de toutes ces basses ? (Yveling Rambaud et E. Coulon, les Théâtres en robe de chambre : Théâtre-Lyrique impérial, 1866)
On nous annonce la mort de M. Jean Depassio dont on n’a pas oublié le passage à l’Opéra, où il tenait l’emploi de première basse. M. Depassio est mort à Montmorency, 8, rue Joly, à l’âge de 63 ans [62 ans]. Ses obsèques civiles auront lieu aujourd’hui samedi, à trois heures précises. On se réunira à la maison mortuaire. (le Rappel, 27 mars 1887)
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