Eugène CROSTI
Eugène Crosti [BNF]
Eugène Charles Antoine CROSTI dit Eugène CROSTI
baryton français
(9 rue du Coq-Saint-Honoré [auj. rue de Marengo], Paris ancien 4e, 21 octobre 1833* – Paris 17e, 30 décembre 1908*)
Fils d’Alexandre Jean Joseph Antoine CROSTI (– ap. 1863), opticien, et de Héloïse BIANCHI (– ap. 1863).
Epouse à Paris 9e le 03 février 1863* d’Eléonore Madeleine ANDRIEUX (Paris ancien 1er, 20 mai 1843* – Paris 9e, 26 janvier 1926*), artiste à l’Opéra-Comique en 1860, fille de Jean-Baptiste ANDRIEUX (– ap. 1863), peintre, et de Victoire Gabrielle BARDOUX (– ap. 1863).
Parents de Berthe CROSTI (Paris 9e, 26 octobre 1860* – Paris 18e, 05 novembre 1860*) ; de Léon CROSTI (voir ci-dessous) ; de Jeanne Eugénie (Jeanne Rose Marguerite) CROSTI (Paris 2e, 01 février 1864* – Paris 9e, 04 décembre 1867*) ; d’Édouard Louis Eugène CROSTI (Colombes, Seine [auj. Hauts-de-Seine], 17 avril 1866* – Paris 9e, 09 février 1887*), artiste musicien, élève au Conservatoire de Paris.
Leur fils Léon (Léon Edmond Eugène) CROSTI (Paris 9e, 26 décembre 1861* – ap. 1930), employé de banque, épouse 1. à Cazzone [auj. Cantello], province de Côme, Italie, le 11 août 1889 [acte transcrit à Paris 9e le 14 novembre 1889*] Clorinda Rosa BAJ (Cazzone, 1869 – Versailles, Seine-et-Oise [auj. Yvelines], 25 mars 1901*) [parents de Roger César Alexandre Léo CROSTI (Paris 16e, 02 octobre 1894* – Paris 8e, 17 octobre 1961*), industriel, croix de guerre et officier de la Légion d’honneur] ; épouse 2. à Bordeaux, 1re section, Gironde, le 14 octobre 1902* (divorce à Versailles le 13 octobre 1911) Henriette CHARLET (Bordeaux, 1re section, 19 octobre 1872* –), artiste peintre.
Elève au Conservatoire de Paris, il y obtint en 1857 le premier prix de chant et le second prix d’opéra-comique ; il débuta à l’Opéra-Comique (2e salle Favart) la même année. En 1868, il quitta ce théâtre et alla se fixer pendant un certain temps à Bordeaux, puis chanta en province jusqu’en 1876. Il chanta également aux Concerts du Conservatoire (sociétaire du 24 novembre 1863 au 19 décembre 1865). Il fut ensuite professeur au Conservatoire (d’abord suppléant de P.-A. Grosset en octobre 1876 puis titulaire le 01 novembre 1877), jusqu’en 1903 ; il a formé, entre autres élèves, L. Escalaïs et Mme Lureau-Escalaïs. Il fut nommé officier d’académie en 1881, officier de l’instruction publique en mai 1889. Il obtint une médaille de bronze à l’exposition de 1889 et une médaille d’argent à celle de 1900. Le 23 juillet 1901, il fut nommé chevalier de la Légion d’honneur en tant que professeur au Conservatoire. On lui doit des traductions de livrets d’opéra italiens, ainsi que des ouvrages sur la voix : Abrégé de l’art du chant et Six vocalises exercices (Girod, Paris, 1877) ; la Voix des enfants (Paris, 1881, in-8).
En 1860, il habitait 12 boulevard Poissonnière à Paris 9e ; en 1900, 88 rue La Fayette à Paris 9e et 23 avenue de Saint-Cloud à Versailles ; en 1901, 1 rue Boursault à Paris 17e, où il est décédé en 1908 à soixante-quinze ans. Il est enterré au Père-Lachaise (10e division).
=> Abrégé de l'art du chant (1877)
=> le Gradus du chanteur, méthode de chant (1896) : 1. pour basse ou contralto ; 2. pour baryton ou mezzo-soprano ; 3. pour ténor ou soprano
Sa carrière à l'Opéra-Comique
Il y débuta le 28 octobre 1857 dans Joconde de Niccolo Isouard.
Il y créa le 17 décembre 1859 Don Gregorio ou le Précepteur dans l’embarras (le marquis Onorate) de Nicolò Gabrielli ; le 24 février 1860 le Roman d’Elvire (Ascanio) d’Ambroise Thomas ; le 04 décembre 1860 l’Eventail d’Ernest Boulanger ; le 04 mars 1861 le Jardinier galant (Collé) de Ferdinand Poise ; le 30 avril 1861 Salvator Rosa (Salvator Rosa) de Jules Duprato ; le 15 août 1861 Cantate de Duprato ; le 21 février 1863 la Déesse et le berger (Bacchus) de Duprato ; le 13 avril 1863 Bataille d’amour (le baron de Hocquincout) d’Emmanuel Vaucorbeil ; le 15 août 1863 Après la victoire !, cantate d’Alfred Lefébure-Wély ; le 21 mars 1864 Lara (Ezzelin) d’Aimé Maillart ; le 29 décembre 1864 le Capitaine Henriot (Don Fabrice) d’Auguste Gevaert ; le 05 février 1866 Fior d’Aliza (Hilario) de Victor Massé ; le 28 mai 1866 Zilda ou la Nuit des dupes (le Vizir) de Friedrich von Flotow ; le 15 août 1866 les Moissonneurs, cantate de Poise ; le 25 février 1867 le Fils du brigadier (le Brigadier) de Massé ; le 15 août 1867 Paris en 1867, cantate de Laurent de Rillé ; le 23 novembre 1867 Robinson Crusoé (sir William Crusoé) de Jacques Offenbach.
Il y participa à la première le 29 octobre 1861 d’Au travers du mur de Joseph Poniatowski.
Il y chanta le Songe d'une nuit d'été (Falstaff) ; Jean de Paris ; le Maître de chapelle ; la Fiancée ; Quentin Durward ; le Pré-aux-Clercs (Girot, 1865) ; la Fête du village voisin ; le Nouveau Seigneur du village ; le Chien du jardinier ; les Porcherons ; Giralda ; les Voitures versées ; l’Epreuve villageoise ; le Toréador ; Haydée ; le Petit Chaperon rouge (1860) ; les Sabots de la marquise. |
livrets
la Bohème, comédie lyrique italienne en 4 actes, livret et musique de Ruggero Leoncavallo, version française (Nice, 23 février 1889) Paillasse, drame lyrique italien en 1 prologue et 2 actes, livret et musique de Ruggero Leoncavallo, version française (Bordeaux, 26 novembre 1894 ; Opéra de Paris, 17 décembre 1902 ; Opéra-Comique, 13 janvier 1910) la Martyre, nouvelle scénique italienne en 3 actes, version française, musique de Spiro Samara (Anvers, 25 mars 1897) Echo, poème lyrique en 2 actes, musique de Félix Fourdrain (Théâtre des Mathurins, 16 mars 1906) Chatterton, drame lyrique en 3 actes et 4 tableaux, livret et musique de Ruggero Leoncavallo, version française de Maurice Vaucaire, traduction d’Eugène Crosti (Nice, 07 avril 1905) Zaza, comédie lyrique italienne en 4 actes, livret et musique de Ruggero Leoncavallo, version française (Trianon-Lyrique, 16 février 1911)
mélodies
France !, chant national, musique de Renaud-Mary => partition |
Mon Adèle, scène comique, paroles d'A. Lahure, musique d'Eugène Crosti, créée par Pacra à l'Alcazar-Lyrique (1866)
Reprise de la Servante maîtresse de Pergolèse à l’Opéra-Comique. M. Crosti possède une belle voix, sait la mettre en dehors, vocalise avec hardiesse et facilité ; mais il est trop majestueux dans son air : Qu’à mes ordres, ici, tout le monde se rende. S'il l'animait un peu, il y gagnerait cent pour cent. Martin, qui avait répété avec Boieldieu, le chantait beaucoup plus vite. M. Crosti a-t-il la prétention de faire mieux que Martin et de savoir le mouvement de l'air du sénéchal mieux que Boieldieu ? (Léon Durocher, Revue et Gazette musicale de Paris, 17 août 1862)
Un instrument de M. Sax. Du ventre, de la voix et un contentement de soi-même assez rare. L'organe chevrotant un peu est toujours ménagé pour arriver à décrocher un sol, un sol merveilleux. Il porte le velours du marquis comme le commissionnaire du coin. Consciencieux ; il a de l'avenir. Est-ce pour aider sa voix à sortir qu'il lance ses jambes presque sur la rampe ? Cette gymnastique est-elle nécessaire à l'émission du son comme les coups de poing que M. Choufleury se donne sur le ventre quand il doit faire son entrée en scène ? (Yveling Rambaud et E. Coulon, les Théâtres en robe de chambre : Opéra-Comique, 1866)
Bordeaux le revendique comme un de ses enfants, et ce n'est pas sans quelque raison. En effet, quelques mois à peine après sa naissance, Crosti fut emmené à Bordeaux par ses parents, et il résida dans cette ville jusqu’à l’âge de dix-neuf ans. Premier prix de chant au concours du Conservatoire de Paris (1857), il débuta le 28 octobre de la même année à l’Opéra‑Comique dans Joconde. Il joua à ce théâtre : Jean de Paris, le Maître de chapelle, la Fiancée, Quentin Durward, le Pré-aux-Clercs (deux rôles), la Fête du village voisin, le Nouveau Seigneur du village, le Songe d'une nuit d'été, le Chien du jardinier, les Porcherons, Giralda, les Voitures versées, l’Epreuve villageoise, le Toréador, Haydée, etc., etc. Il a créé : l'Eventail, Don Gregorio, le Roman d'Elvire, la Déesse et le Berger, Salvator Rosa, le Jardinier galant, Bataille d’amour, le Capitaine Henriot, Fior d’Aliza, Zilda, le Fils du brigadier, etc. Entré comme professeur suppléant au Conservatoire, en 1876, l'année suivante, il était nommé professeur titulaire (octobre 1877). Principaux élèves : MM. Escalaïs, Jérôme, Gibert, etc. ; Mmes Lureau (Lureau-Escalaïs), Bréjean-Gravière, Guiraudon, Charlotte Wyns, Grandjean, Nina Pack, etc., et de très nombreux sujets, tels que : MM. Artus, Simon, Lequien ; Mmes Cholaud, Brietti, Dalzen, etc., qui tous obtiennent de grands succès en province. Officier d'Académie en 1881, officier de l’Instruction publique en 1889. On doit M. Eugène Crosti de nombreux ouvrages didactiques, tels que : l'Abrégé de l’Art du chant, Recueil de vocalises, la Voix des enfants, le Précis de prononciation, le Gradus des chanteurs, etc. M. Eugène Crosti est, en outre, traducteur d’une grande quantité de morceaux de chant et des opéras : Paillasse, la Martyre, la Bohème, etc. Cours de chant, d’opéra et d’opéra-comique, 5, rue Geoffroy-Marie. Leçons particulières, chez lui, 88, rue La Fayette. M. Eugène Crosti a été élu par ses collègues, membre du conseil supérieur de l’enseignement au Conservatoire en remplacement de R. Bussine. En 1901 il a été nommé chevalier de la Légion d’honneur. (Annuaire des Artistes, 1902)
Un excellent homme et un excellent artiste, le chanteur Eugène Crosti, est mort à Paris, le 30 décembre 1908, à l'âge de 75 ans. La génération actuelle ne l'a pas connu, car il avait quitté le théâtre, en pleine jeunesse, depuis quarante ans. Né à Paris le 21 octobre 1833, Eugène-Charles-Antoine Crosti avait été au Conservatoire l'élève de Battaille et de Mocker. Il en sortait en 1857 avec un premier prix de chant et un second prix d'opéra‑comique, et avant la fin de l'année, le 28 octobre, débutait à la salle Favart dans Joconde, où sa belle voix de baryton, bien timbrée, jointe à des qualités de chanteur et de comédien qui ne devaient que s'accentuer encore, le firent distinguer aussitôt. Il se fit promptement une place dans le répertoire, en reprenant une foule de rôles dans le Maître de Chapelle, Jean de Paris, l'Épreuve villageoise, le Petit Chaperon rouge, le Nouveau Seigneur du village, Quentin Durward, le Songe d'une nuit d’été, où il fut particulièrement remarquable dans Falstaff, Giralda, les Porcherons, le Chien du jardinier, les Sabots de la marquise, ce qui ne l'empêchait pas de faire de nombreuses créations dans la Déesse et le Berger, le Capitaine Henriot, Salvator Rosa, Zilda, le Fils du brigadier, Robinson Crusoé, Fior d'Aliza, etc. En 1868, après une carrière de onze années, Crosti quitte l'Opéra-Comique pour faire une tournée italienne eu Angleterre, puis se rend à Bordeaux, auprès de sa famille, et reste complètement éloigné du théâtre. De retour à Paris, après quelques années, il est nommé professeur de chant au Conservatoire (1877), et dès lors toute son activité se consacre à l’enseignement. Crosti a publié un ou deux ouvrages didactiques, et il a donné une version française des deux ouvrages de M. Leoncavallo représentés : Paillasse et la Bohème. (le Ménestrel, 09 janvier 1909)
|
Il se destina de fort bonne heure à la carrière musicale, et entra à vingt et un ans au Conservatoire dans une classe de chant. Il y fut l'élève du chanteur Battaille, le créateur de l'Etoile du Nord. Il devait en sortir, en 1857, avec un premier prix de chant et un second prix d'opéra-comique. Ce succès lui permit d'être immédiatement engagé à l'Opéra-Comique, où il débuta dans Joconde, de Niccolo, et où il joua assez régulièrement pendant onze ans les rôles du répertoire. Il parut notamment dans : le Songe d'une nuit d'été, Giralda, Lara, le Capitaine Henriot, Fior d'Aliza, les Porcherons, le Nouveau Seigneur du village, etc. Entre temps, il faisait quelques tournées heureuses à l'étranger, et il recevait à Milan, pendant deux ans, les leçons du célèbre professeur Lamperti. En 1867, pourtant, dans un moment de découragement, il quittait le théâtre, et allait se fixer à Bordeaux, où il fut pendant près de dix ans ingénieur-opticien. C'est seulement en 1876 qu'il retourna à Paris pour s'y livrer à l'enseignement du chant français et italien. Bientôt, il était nommé professeur au Conservatoire, où il conserva sa classe de chant jusqu'à sa mise à la retraite, en 1903. Crosti, qui avait été un excellent baryton à la voix sûre et souple, était un professeur de grand mérite, en même temps qu'un véritable lettré. Il avait écrit quelques ouvrages techniques, différentes pièces, qui d'ailleurs ne virent jamais la rampe, et traduit de l'italien en français le livret de la Bohème, dont Leoncavallo avait écrit la musique, et qui fut joué avec succès à l'Opéra-Comique de Paris. (Larousse mensuel illustré, avril 1909)
|