Mathilde de CRAPONNE

 

Mathilde de Craponne dans Mignon (Mignon)

 

 

Mathilde Albertine CRAPONNE dite Mathilde de CRAPONNE

 

soprano français

(Alger, Algérie française, 14 mai 1871* 1908/1934)

 

Fille naturelle de Louise Clémence CRAPONNE (Avignon, Vaucluse, 02 octobre 1848 – ap. 1908), lingère.

Epouse à Paris 9e le 04 juin 1908* Jean Paul THIERRY (Londres, Angleterre, 13 juillet 1858 Boulogne-sur-Mer, Pas-de-Calais, 02 novembre 1934*), industriel, associé-directeur de la société Thierry frères, manufacture de chaussures à Boulogne-sur-Mer ; nommé chevalier de la Légion d'honneur le 09 mars 1908.

 

 

Elle fut l'élève d'Emilie Ambre-Bouichère (qui fut la première Manon à Rouen), et de David de l'Opéra. Elle se fit d'abord entendre à la Bodinière, puis débuta au Théâtre des Arts de Rouen, où elle chanta Mignon (Frédéric), les Huguenots (Urbain), Faust (Siebel), Roméo et Juliette (Stefano). Elle chanta ensuite à Lyon en 1897, et débuta à l'Opéra-Comique en 1898.

En 1902, elle habitait 12 rue Hippolyte-Lebas à Paris 9e ; en 1908, 12 rue Mansart à Paris 9e.

 

Elle est sans doute parente de Huguette de CRAPONNE, entrée au Ballet de l'Opéra de Paris en 1916 et qui fut nommée première danseuse en décembre 1923.

 

 

 

Sa carrière à l'Opéra-Comique

 

Elle y débuta le 27 octobre 1898, dans Mireille (Clémence).

 

Elle y créa le 24 mai 1899 Cendrillon (un Esprit) de Jules Massenet ; le 02 février 1900 Louise (le Gavroche et Elise ; 100e le 22 février 1901) de Gustave Charpentier ; le 20 février 1901 la Fille de Tabarin (Zerline) de Gabriel Pierné ; le 06 juillet 1901 le Légataire universel (Lisette) de Georges Pfeiffer ; le 12 mai 1902 Madame Dugazon (Madame Dugazon) de Charles Hess ; le 30 mai 1902 la Troupe Jolicœur (Loustic) d'Arthur Coquard ; le 18 mars 1903 Muguette (Melka) d'Edmond Missa ; le 20 janvier 1903 Titania (Robin) de Georges Hüe ; le 04 février 1904 Féminissima (Potachin) de Gaston Lemaire.

 

Elle y participa à la première le 30 mai 1900 de Hansel et Gretel (Hansel) d'Engelbert Humperdinck [version française de Catulle Mendès].

 

Elle y chanta les Amoureux de Catherine (Catherine) ; le Chalet (Bettly) ; la Dame blanche (Jenny) ; le Domino noir (Brigitte) ; le Maître de Chapelle (Gertrude) ; Mignon (Mignon) ; Mireille (Vincenette ; Andreloun) ; Manon (Rosette) ; le Pré-aux-Clercs (Nicette) ; Phryné (Lampito).

 

 

 

 

N'allez pas croire, chers lecteurs, que c'est dans notre bon Craponne, à quelques minutes de Lyon que naquit la jeune artiste mais apprenez que c'est du sang arabe qui coule dans ses veines, et que c'est à Alger qu'elle vit le jour. Et de cela, il n'y a guère longtemps (soit dit sans indiscrétion) puisqu'à Rouen l'année dernière, le maire exigea son émancipation pour l'autoriser à paraître sur scène.
 

C'est dire qu'elle n'a pas de passé et que son bagage artistique n'est pas bien encombrant, quoique combien glorieux ! Est-il, en effet, plus beau bagage que celui de la jeunesse et n'est-ce pas une joie bien rare d'avoir à le constater ? Elève de Mme Emilie Ambre, elle tâta le public à la Bodinière d'abord et devant son sympathique accueil, elle l'aborda franchement à Rouen dans le Maître de Chapelle, Mignon, Carmen, Roméo, les Huguenots, et enfin les créations de la Mégère apprivoisée et de Marie Stuart. Son audace juvénile fut couronnée de succès, elle devint vite l'enfant gâtée du public rouennais, comme elle le sera sous peu des farouches lyonnais.
 

Amoureuse de son art, elle ne pense qu'à son rôle une fois en scène et qu'elle fasse bien, qu'elle fasse mal, c'est l'artiste qui joue, c'est le tempérament seul qui la guide et ce n'est plus Mlle de Craponne qui chante mais la douce Mignon, la perverse Carmen, ou l'enjouée Rose Friquet !


Dans le peu de rôles où nous l'ayons encore vue, on peut juger qu'elle ne se trompe guère et c'est bonheur pour nous d'être rajeunis par ce printemps turbulent !


C'est le gazouillis du rossignol sous l'effronterie du pinson ; c'est la nature sous le masque du métier ; c'est le maître sous l'enveloppe de l'élève.


Que doit-on demander de plus, sinon de savoir conserver longtemps une artiste si parfaite, qui à l'art des vétérans joint le gracieux, l'aimable, le charme du débutant ?


C'est ce que je souhaite bien sincèrement en félicitant Mlle de Craponne de son grand et légitime succès à Lyon.

 

(le Passe-temps et le Parterre réunis, 14 novembre 1897)

 

 

 

 

 

Toute de charme exquis et d'adorable fragilité, délicate et précieuse comme un saxe d'étagère, Mlle de Craponne est née à Alger.

 

Douée d'une voix merveilleuse et d'un tempérament artistique rare, toute jeune elle ne rêvait que théâtre et musique.

 

Elle commença ses études musicales sous la direction de son parrain, l'excellent David, de l'Opéra, puis devint l'élève préférée de la regrettée Mme Ambre, qui la produisit dans les matinées ou soirées organisées chez elle, puis à la Bodinière, etc.

 

Ses débuts sur la scène eurent lieu au Théâtre des Arts, à Rouen, dans le Maître de Chapelle, puis elle chanta successivement : Mignon, le page des Huguenots, Siébel de Faust, Carmen, le page, de Roméo et Juliette, Marie Stuart et la Mégère apprivoisée.

 

Engagée à l'Opéra-Comique, elle y créa Hænsel, de Hænsel et Gretel, le gavroche dans Louise. Elle a aussi repris le rôle de Catherine dans les Amoureux de Catherine, Bettly du Chalet, Lampito de Phryné, Lisette du Légataire universel, Rosette de Manon et de Brigitte dans le Domino noir, et créé Zerline dans la Fille de Tabarin (1901).

 

Son nom n'est pas un pseudonyme. La mignonne artiste est de belle et bonne noblesse, qui compte, comme ancêtre, un ingénieur du temps de Henri II, Adam de Craponne, dont le nom est demeuré des plus célèbres.

 

(Annuaire des Artistes, 1902)

 

 

 

 

 

Huguette de Craponne à l'Opéra en 1925 (sans doute parente avec Mathilde de Craponne)

 

 

 

 

 

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