Emma COSSIRA
Emma Marie HENNIN dite Emma COSSIRA
mezzo-soprano français
(Douai, Nord, 04 septembre 1861* – Paris 9e, 01 novembre 1910*)
Fille de Jean-Baptiste HENNIN (1829 – av. 1899), canonnier au 13e régiment d'artillerie, et de Victorine Joseph PEUGNIEZ (1832 – av. 1899), mariés à Metz, Moselle, le 22 avril 1862.
Epouse 1. (divorce le 25 janvier 1893) Clément CONIN ; parents d'Émile CONIN (1880 –), publiciste.
Epouse 2. à Paris 9e le 08 juillet 1899* Émile COSSIRA (1854–1923), chanteur.
Sa carrière artistique date de l'année 1891 et ses débuts au théâtre municipal de Nice, sous la direction de Raoul Gunsbourg, firent sensation. Elle y créa Cavalleria rusticana et le difficile rôle d'Ortrude, de Lohengrin, dont elle resta titulaire pendant toute la saison de 1893.
En 1894, elle partit pour la Russie où l'appelait un brillant engagement au théâtre Alexandroff, elle y chanta avec succès tout son répertoire, y compris Aïda.
Revenue en Belgique, elle crée au théâtre de la Monnaie de Bruxelles, l'Enfance de Roland, d'Émile Mathieu.
Après une remarquable saison d'été à Vichy, elle est engagée au Grand-Théâtre de Marseille, direction Mobisson. Au cours de la saison 1895-1896, elle y chante la Favorite, Sigurd, Hamlet, Lohengrin, et y créé Tannhäuser (Vénus).
Elle participa à la première en France des Maîtres chanteurs de Nuremberg de Wagner, version française d'Alfred Ernst (Magdalaine) au Grand-Théâtre de Lyon le 30 décembre 1896 (son futur époux Émile Cossira chantait Walter), et créa Vendée de Gabriel Pierné (Yvonne) dans ce même théâtre le 17 mars 1897.
En 1905, elle habitait 176 boulevard Malesherbes à Paris 17e. Elle est décédée en 1910 à quarante-neuf ans, en son domicile, 32 rue Drouot à Paris 9e.
Elle est engagée au Grand-Théâtre de Marseille. Au cours de la saison 1895-1896, elle y fait, dans Tannhäuser, une de ses plus belles créations : celle de Vénus. « Mme Cossira, disait à ce propos notre confrère le Petit Marseillais, joue le rôle tentateur avec une méthode très sûre, une majesté incontestable, aidée par sa beauté naturelle, voilée d'une tunique rose et de cheveux blonds. Un tel rôle, musicalement parlant, exige de celle qui l'accepte un réel courage. C'est un des plus enchevêtrés que Wagner ait conçus. Mme Cossira n'a pas craint de s'offrir à le traduire et elle y a réussie ; elle a surtout dans le registre grave des inflexions de voix qui sont d'un puissant effet. » Six représentations du Tannhäuser données en douze jours produisirent la somme de 24.272 francs, ce qui donne une moyenne de 4.045 francs par représentation : jamais un pareil chiffre n'avait été atteint au Grand-Théâtre de Marseille ; de tels résultats ont leur éloquence. Un succès, non moins grand, attendait Mme Cossira dans Hamlet, où le rôle de la reine Gertrude lui valut ces lignes élogieuses du Petit Provençal : « majestueusement belle sous sa parure de fête des premiers actes, puis sous les sombres vêtements de la scène de l'Oratoire, Mme Cossira s'est absolument distinguée comme chant et comme jeu. Elle a dit avec de riches sonorités et une grande expression l'air : « Ne pars pas, Ophélie ! » qui est justement redouté par les contralti, pour les difficultés de sa tessiture. Dans le duo avec son fils, on a pu admirer la dramatique vérité de son geste, de son attitude et de ses supplications. » Nous avons tenu à rappeler ces citations au début d'une saison qui ne nous a pas encore permis de juger à sa véritable valeur le talent de Mme Cossira. Le rôle d'Amnéris d’Aïda, dans lequel elle s'est montrée superbe d'allure et auquel elle a su donner un caractère réellement dramatique, et le rôle d'Eléonore de la Favorite, qu'elle a chanté avec une méthode irréprochable et un rare sentiment des nuances font bien augurer du succès qui l'attend dans le répertoire wagnérien qui semble particulièrement convenir à sa voix étendue et robuste aussi bien qu'à sa physionomie expressive. Nous ne doutons pas que notre excellente contralto ne traduise avec toute la véhémence et toute la fougue voulues, les intentions dramatiques du maître allemand. (Mme Emma Cossira au Grand-Théâtre de Lyon, le Passe-temps et le Parterre réunis n°44, 1er novembre 1896)
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