Édouard Adolphe COLIN
Édouard Adolphe Colin dans Faust (Faust) lors de la première à l'Opéra en 1869
Édouard Adolphe COLIN
ténor français
(Paris, 26 décembre 1840* – Colombes, Seine [auj. Hauts-de-Seine], 13 janvier 1872*)
Fils de Louis Pierre Napoléon COLIN (Ambrières, Mayenne, 02 mai 1807 – Paris 9e, 15 février 1875), rentier, et de Arsène Florine Célénie FATALOT (Ville Issey [auj. Euville], Meuse, 06 janvier 1817 – Paris 9e, 31 décembre 1895), rentière, mariés à Paris le 22 février 1840.
Epouse à Paris 8e le 08 août 1868* Louise FIOCRE (Paris ancien 10e, 10 juillet 1843* – 64 boulevard Saint-Denis, Courbevoie, Seine [auj. Hauts-de-Seine], 13 juin 1909*), danseuse à l’Opéra de 1856 à 1868 [sœur d’Eugénie FIOCRE, danseuse], remariée à Asnières [auj. Asnières-sur-Seine], Seine [auj. Hauts-de-Seine] le 08 avril 1883* (divorce le 23 mai 1905) avec Mathurin Gustave LECŒUR (Paris ancien 5e, 26 novembre 1839 – Courbevoie, Seine [auj. Hauts-de-Seine], 01 novembre 1911), rentier.
Parents de Georges Robert COLIN (Paris 2e, 30 novembre 1863* – Neuilly-sur-Seine, Seine [auj. Hauts-de-Seine], 12 novembre 1936*), caissier-comptable.
Elève au Conservatoire de Paris, il y obtint en 1865 un 1er accessit de chant et, l’année suivante, un 2e accessit d’opéra et un second prix d’opéra-comique. Il chanta à l’Opéra de Paris de 1867 à 1872, date de son décès prématuré causé par une pleurésie. Son nom, souvent orthographié COLLIN, reste attaché à la première de Faust à l'Opéra en 1869, dont il chanta le rôle-titre.
En 1868, il habitait 2 rue de la Pépinière à Paris 8e ; il est décédé en 1872 à trente-et-un ans en son domicile, 12 rue Labouret à Colombes.
Sa carrière à l'Opéra de Paris
Il y débuta le 06 novembre 1867 dans Don Juan (Don Ottavio).
Il y créa le 09 mars 1868 Hamlet (Laërte) d’Ambroise Thomas ; le 30 avril 1870 l’oratorio la Légende de sainte Cécile de Julius Benedict.
Il y participa à la première de Faust (Faust) de Charles Gounod le 03 mars 1869. Il y chanta les Huguenots (Raoul de Nangis, 25 novembre 1868) ; Herculanum (Hélios, juillet 1868) ; Guillaume Tell (Arnold, 04 août 1869) ; la Muette de Portici (Masaniello, 1870) ; Robert le Diable (Robert, mars 1870). |
Création d’Hamlet à l’Opéra. … et enfin le débutant Colin qui, dans un rôle effacé, celui de Laërte, a fait admirer une voix jeune, vibrante et bien timbrée, qui promet un ténor d’avenir. (l’Indépendance dramatique, 18 mars 1868)
Création d’Hamlet à l’Opéra. L’air de Laërte, – le frère d’Ophélie, – a une couleur guerrière suffisamment accentuée ; la voix timbrée de M. Colin contribue pour une large part à l’effet produit. (l’Indépendance dramatique, 25 mars 1868)
Reprise d’Herculanum à l’Opéra. Colin, dans le rôle d’Hélios, fait entendre cette voix fraîche et jeune que nous avons déjà signalée et qui nous faisait prédire un ténor d’avenir ; sa tenue est bonne et convenable. (l’Indépendance dramatique, 15 juillet 1868)
Représentation des Huguenots à l’Opéra le 25 novembre 1868. Colin, dans le rôle de Raoul, a été au-dessus de ce qu’on pouvait attendre d’un jeune débutant qui, par le travail, parviendra à acquérir les qualités que peut seule donner une longue habitude de la scène. (l’Indépendance dramatique, 02 décembre 1868)
Nous remarquons, aux publications de mariages les noms suivants : Adolphe Colin, artiste lyrique, et mademoiselle Louise Fiocre, artiste. Ne s’agirait-il pas là du jeune ténor de l’Opéra et de l’ex-danseuse jadis connue sous le nom de Fiocre-l’Amour ? [Elle avait dansé le rôle de l’Amour dans le ballet de Pierre de Médicis.] (le Figaro, 29 juillet 1868)
Première de Faust à l’Opéra. Colin avait failli ne pas chanter le rôle de Faust. Il l’a fait, quoique indisposé, et s’en est tiré convenablement ; mais il est juste de lui faire crédit. … A la deuxième représentation, Mlle Nilsson, MM. Faure et Colin, ont été rappelés après l’acte du jardin. C’est dire que l’exécution en a été plus vivante que le premier soir. Des bravos enthousiastes ont accueilli ces mêmes artistes, également rappelés après les 3e et 5e actes. (le Ménestrel, 07 mars 1869)
Représentation de Guillaume Tell à l’Opéra le 04 août 1869. Enfin, le rôle d'Arnold a été pour le jeune ténor Colin, qui le chantait pour la première fois, la plus forte étape qu'il eût encore faite dans la faveur du public. Dans le cantabile du duo du premier acte, et dans tout le duo du second acte, il a eu des effets de grâce et de délicatesse qui lui ont valu les applaudissements du public, et plusieurs de ces murmures approbateurs qui ont peut-être encore plus de prix. La force ne lui a pas non plus manqué dans le trio du serment, ni dans l'allégro de l'air du troisième acte ; il a enlevé par deux fois l'ut de poitrine de la façon la plus vaillante. Ce n'est pas, ce ne sera jamais une grande voix de fort ténor, et il fera bien de ne jamais s'aventurer dans les rôles qui demandent l'énergie continue, comme Robert, Jean de Leyde, Éléazar, mais dans ceux qui ne réclament que des coups de force passagers, sa voix, nerveuse et franche, suffit à tout. (le Ménestrel, 08 août 1869)
Reprise de Robert-le-Diable à l’Opéra. … le ténor Colin perdu dans les régions suraiguës d’un rôle écrit pour Nourrit… … Colin renonçant à escalader les notes de haute-contre de Nourrit s’en remettait à la seconde version de Meyerbeer, qui avait prévu de sa propre plume les impossibilités écrites par lui pour le Robert de 1831. (le Ménestrel, 13 mars 1870)
Le ténor Colin pour qui, samedi de l'autre semaine, nous annoncions un léger mieux le matin, était définitivement enlevé le soir. C'est une grande perte pour l'Opéra qui avait trouvé en Colin son ténor de genre par excellence. Pourquoi lui avoir fait aborder Guillaume Tell et Robert-le-Diable ? On a surmené cette jeune voix qui s'est éteinte bien avant l'heure. Si encore cette cruelle leçon pouvait être de quelque enseignement pour l’avenir ! Mais la tentative-suicide de Mlle Marie Battu dans l'Africaine a-t-elle pu empêcher celle du ténor Colin dans Robert ? Les intérêts administratifs calculent rarement avec l'avenir, et l'amour-propre des artistes, hélas ! encore moins ; car c'est à tort que l'on a attribué à un froid pris à la suite d'une représentation d'Hamlet, le triste état du ténor Colin. Depuis déjà deux ans, il ne tenait plus le rôle de Laërte, chanté par M. Bosquin. C'est sans aucun doute aux représentations de Robert-le-Diable que le pauvre Colin a trouvé la mort ! (le Ménestrel, 21 janvier 1872)
Elève du Conservatoire de Paris ; d’abord engagé à Marseille d’où il vint à Paris pour débuter dans le rôle d’Octave de Don Juan. Favorablement accueilli par le public, il créa Faust à l’Opéra, le 3 mars 1869, et parut successivement dans Herculanum, les Huguenots et dans le rôle de Laërte d’Hamlet. Ce fut pendant une répétition de cet opéra que Colin prit le germe d’une pleurésie qui l’emporta en janvier 1872 ; il n’était âgé que de 31 ans. Trois ans auparavant, Colin avait épousé une des plus jolies danseuses de l’Opéra, Mlle Louise Fiocre. (Ezvar Du Fayl, Académie Nationale de Musique, 1878)
Le concours d'opéra-comique du Conservatoire eut lieu le mardi 24 juillet 1866 : M. Devoyod fut appelé à recevoir le premier prix. MM. Colin et Arsandaux, qui se partagèrent le second prix, lui étaient incontestablement supérieurs. Colin avait joué et chanté avec infiniment de goût, le rôle de Lionel, de l'Eclair, qui répondait précisément à la force et à l'étendue de moyens vocaux qu'il n'eût jamais dû songer à surfaire. (le Figaro, 24 octobre 1881)
Une révélation magnifique, fut, un an plus tard (l'année dite de Devoyod), celle du ténor Colin, qui devait, en mars 1869, peu de temps avant de mourir, être le premier Faust de l'Opéra, lorsque Gounod retira son chef-d'œuvre du Théâtre-Lyrique, au profit du répertoire de l'Académie Impériale de danse et de musique. (René Max, Ce que deviennent les lauréats du Conservatoire, le Gaulois, 16 août 1887)
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