Mathilde COCYTE

 

Mathilde Cocyte dans l'Enfant roi (la Grand'Mère) en 1905

 

 

Mathilde Marie Antoinette FRANCOU dite Mathilde COCYTE

 

mezzo-soprano français

(16 rue Saint-Savournin, Marseille, 1er registre, Bouches-du-Rhône, 20 septembre 1873* Clichy, Seine [auj. Hauts-de-Seine], 31 octobre 1963)

 

Fille de Jean Antoine Augustin FRANCOU (Marseille, 6e registre, 25 octobre 1830* – Marseille, 4e registre, 20 juillet 1874*) et de Marie Joséphine GALIBERT (v. 1837 – ap. 1892).

Epouse à Rouen, Seine-Inférieure [auj. Seine-Maritime], le 27 avril 1892* Alphonse Auguste RATIER dit RAITER (Belleville, Seine [auj. Paris 20e], 03 octobre 1859* 34 rue Saint-Louis, Villemomble, Seine [auj. Seine-Saint-Denis], 18 juillet 1914*), artiste lyrique de café-concert [veuf de Désirée LE ROY (Rouen, 1859 – Paris 10e, 31 juillet 1887*), placière], fils de Jean Baptiste Alphonse RATIER (Paris, 16 mai 1836 – ap. 1892), ébéniste, et de Victoire Claudine LE PEINTRE-DESROCHES (Paris, 14 décembre 1839 – ap. 1892) [mariés à Paris ancien 6e le 08 mai 1858*].

Parents de Victor Auguste Jules RATIER (Marseille, 4e registre, 20 mars 1890* –) [épouse à Marseille le 26 avril 1919 Uranie Hélène Lucia DUMAY] ; de Marius Alphonse RATIER (Lyon 2e, Rhône, 25 janvier 1891* – Nevers, Nièvre, 18 septembre 1959), employé de commerce [épouse 1. à Paris 4e le 21 juin 1919* (divorce le 06 février 1928) Marie Pauline Elisabeth Armandine LEBREC ; épouse 2. à Beynost, Ain, le 17 octobre 1931 Yvonne Marie Claudine BERNARD] ; de Mathilde RATIER (1893 – ap. 1919), artiste lyrique.

 

 

A l'âge de treize ans, elle est reçue au Conservatoire de Marseille, et suit en plus les leçons de Duchesne, de l'Opéra, et de Hadingue, de la Comédie-Française. Admise à quinze ans au Conservatoire de Paris, elle interrompt ses études pour signer un bel engagement qui lui fait jouer les principaux rôles d'opérette successivement à Lyon, Marseille et Bordeaux. Elle chante d’abord sous le nom de Mlle Thilma, dans les cafés-concerts et les théâtres d’opérettes avec son époux, le comique Raiter (Folies-Bergère de Rouen, 1891 ; Alcazar d'été à Paris, 1894). Engagée pour trois ans au Théâtre de la Gaîté à Paris, elle y débute sous le nom de Mathilde Cocyte, le 12 septembre 1896 dans les Cloches de Corneville (Serpolette). Elle y créé le 15 novembre 1897 Mam'zelle Quat'sous (Marion) de Planquette. Première chanteuse de ce théâtre, elle part chanter la Belle Hélène d'Offenbach au Gymnase de Marseille en janvier 1900, puis au théâtre des Variétés de Toulouse en octobre, et enfin au théâtre Français de Bordeaux en décembre de la même année, où Toulouse-Lautrec l’entend et la représente. En 1902, elle chante à Pau avec d'autres artistes, dont Jeanne Tilma, divette des Bouffes-Parisiens. En 1904, elle débute à l’Opéra-Comique. Le 29 janvier 1906, elle est nommée officier d'académie. En mars 1908, elle va chanter Carmen à Florence. Durant la Grande Guerre, elle reprend sa carrière dans l'opérette. En mars 1922, elle participe à la création du Secret de Polichinelle (Mme Jouvenel) de Félix Fourdrain au théâtre du Casino de Cannes. Au Grand Théâtre de Tours, elle chante les Mousquetaires au couvent (Simone) le 15 avril 1922 et la Mascotte (Bettina) le lendemain.

En 1896, elle habitait 5 rue de Vintimille à Paris 9e ; en 1898, 19 rue de Turbigo à Paris 1er ; en 1911, 11 rue du Chalet à Asnières [auj. Asnières-sur-Seine], Seine [auj. Hauts-de-Seine] ; en 1922, 185 bis rue Ordener à Paris 18e. Elle est décédée en 1963 à quatre-vingt-dix ans, domiciliée 129 rue des Bas à Asnières.

 

 

 

Sa carrière à l'Opéra-Comique

 

Elle y a débuté le 06 octobre 1904 dans Louise (la Mère).

 

Elle y a créé le 03 mars 1905 l'Enfant roi (la Grand'Mère) d'Alfred Bruneau ; le 05 mai 1905 la Cabrera (Térésita) de Gabriel Dupont ; le 26 décembre 1905 les Pêcheurs de Saint-Jean (Madeleine) de Charles-Marie Widor ; le 04 mai 1910 le Mariage de Télémaque (Euryméduse) de Claude Terrasse ; le 26 avril 1911 la Jota (2e Femme) de Raoul Laparra.

 

Elle y a participé le 23 mai 1905 à la première de Chérubin (la Baronne) de Jules Massenet ; le 12 avril 1906 à celle de la version scénique de Marie-Magdeleine (Marthe) de Jules Massenet.

 

Elle y a été affichée dans Cavalleria rusticana (Lucia) ; la Dame blanche (Marguerite) ; Mireille (Taven) ; la Reine Fiammette (Mère Agramente) ; le Roi d'Ys (Margared) ; le Vaisseau fantôme (Marie) ; la Vivandière (Marion) ; Xavière (Prudence).

 

 

 

 

Mathilde Cocyte à l'Opéra-Comique en 1907

 

 

 

Mme Cocyte.

La charmante divette est de celles chez qui la vocation est innée et que le succès consacre étoiles en récompense de leur amour de l'Art. Mme Cocyte, dès son plus jeune âge, gazouillait comme un rossignol et s'appliquait à l'étude du chant. A treize ans elle fut admise au Conservatoire de Marseille, sa ville natale, et suivit en même temps les leçons de M. Duchesne, de l'Opéra, et de M. Hadingue, de la Comédie-Française. Reçue à 15 ans au Conservatoire de Paris, elle vit ses efforts couronnés de succès et, interrompant ses études, signa un bel engagement durant lequel elle joua les principaux rôles d'opérettes à Lyon, Marseille, Bordeaux, Rouen, Saint-Pétersbourg, Moscou. Partout elle se fit acclamer et partout elle fut l'artiste préférée qui s'impose dès le début par la grâce et le talent. Sa renommée étant venue jusqu'à Paris, M. Debruyère, l'intelligent directeur du Théâtre de la Gaîté, l'engagea brillamment pour jouer Serpolette, des Cloches de Corneville, la Mascotte, où elle sut triompher dans le rôle de Bettina, et dans Mam'zelle Quat'sous, dans le rôle de Marion, qu'elle créa avec un immense succès. Elle a montré une fois de plus qu'elle était une artiste de grand talent.

(l'Annuaire des Artistes, 1898)

 

 

Chez elles. Cocyte.

Les artistes sont aujourd'hui de véritables bourgeois. Ils se rendent à leur théâtre comme les employés vont à leur bureau. On les décore des palmes académiques et, s'ils sont « d'un subventionné », du ruban rouge. Ils se marient devant M. le maire et font souche d'enfants. Leur coffre-fort renferme des actions de la Ville de Paris ou des mines d'or. En un mot, ils ont « le matelas ».

Je ne dis pas qu'ils aient tort, je constate, voilà tout.

Après 1900, ils cumuleront. Le matin, ils vendront des automobiles et le soir ils joueront l’Œil crevé. Lassouche n'est-il pas marchand d'antiquités en appartement ? Clerget n'est-il pas actionnaire d'une grande compagnie d'automobiles ? Du côté des femmes ? Marie-Louise Marsy possède une écurie de courses ; Méaly est l'heureuse épouse d'Henri Samary, ex-jeune premier de la Comédie-Française, aujourd'hui commerçant patenté de la rue du Faubourg St-Honoré. Tous bourgeois ! pères ou mères de famille ! Marié, le désopilant Baron ; mariée, la toute jolie Germaine Gallois. Et Coquelin aîné, Milher, Gobin, Germain, Réjane, Yvette Guilbert, Paulette Filliaux.... J'en passe et combien !

Incalculables les théâtreuses qui se payent le luxe de n'avoir qu'un amant ! Extraordinairement bourgeoises, celles-là !

Mme Cocyte est l'épouse du comique Raiter et mère d'une charmante petite fille.

A la voir, fort grassouillette, se rendre à la Gaîté, on dirait une bourgeoise qui va s'offrir un bon fauteuil, et non la comédienne qui personnifiera la Mascotte et brûlera les planches de M. Debruyère.

Après avoir traversé les Conservatoires de Marseille et de Paris, joué dans les grandes villes de province, Cocyte, si nos souvenirs sont exacts, a fait une apparition à l'Alcazar d'Eté dans ce que l’on est convenu d'appeler « les petites femmes ».

Elle avait une fort jolie voix, et cependant, comme il arrive trop souvent, passa inaperçue.

Elle devint commère du concert Européen, puis nous la retrouvons au Nouveau-Théâtre dans les Dessous de l'Année où elle remporta un succès très personnel.

M. Debruyère se l'attacha et lui fit chanter les Cloches de Corneville, Mam'zelle Quat'sous, la Mascotte, la toujours vivante Mascotte que l'on va prochainement reprendre.

Il y a quelque mois déjà qui nous n'avons eu le plaisir d'entendre Cocyte à la Gaîté. Pourquoi ? N'y aurait-il pas beaucoup de votre faute, M. le directeur ?

La divette habite une rue bourgeoise, la rue Turbigo. Immense appartement. Deux salons. L'un genre anglais, l'autre tendu rouge-chaudron, rempli de plantes vertes et de photographies. Deux chambres à coucher.

Le soir, après le théâtre, Raiter vient attendre son épouse, et l'on regagne tranquillement, bras dessus bras dessous, la rue Turbigo. Un souper les attend, on bavarde, on se couche.

Madame se lève tard, va caresser Fifine et Mascotte, deux chiennes, soigne ses oiseaux, ses poissons, toute une ménagerie, puis se met au piano et déchiffre des partitions. Très travailleuse, la silhouette de l'Opéra-Comique l'empêche de dormir.

Dans la journée, elle s'adonne toute entière aux œuvres de charité, étant dame patronnesse de la crèche Bonne-Nouvelle et de la crèche Saint-Denis.

Une vie très tranquille, très calme, disons le mot, très bourgeoise.

(Lucien Puech, Gil Blas, 26 juin 1898)

 

 

 

 

 

 

                             

 

Mlle Cocyte dans la Belle Hélène (Hélène) au théâtre Français de Bordeaux en décembre 1900, et guerriers grecs du même spectacle, par Henri de Toulouse-Lautrec

 

6 décembre 1900. Dear Sir. Je travaille à force. Vous aurez bientôt des envois. Où faut-il les envoyer, boulevard des Capucines ou rue Forest ? Ordres. J'en profite pour vous taper de deux ou trois exemplaires du théâtre sur "L'Assommoir." Envoyez tout cela rue de Caudéran à Bordeaux. Ici la "Belle Hélène" nous charme. Elle est admirablement montée ; j'ai attrapé la chose, Hélène est jouée par une grasse putain qui s'appelle Cocyte. Viaud t'embrasse et moi aussi. Yours. Toulouse-Lautrec.

(lettre de Toulouse-Lautrec à Maurice Joyant)

 

 

 

 

 

Demain jeudi 2 novembre, rentrée au Concert-Parisien de Jacques Inaudi, l’incomparable calculateur. Samedi 4 novembre, première représentation des Nounous, vaudeville-bouffe en un acte. Débuts de M. Raiter et Mme Tilma, dans un répertoire des plus attrayants. Ces deux artistes chanteront ce jour-là pour la première fois à Paris.

(le Figaro, 01 novembre 1893)

 

Mlle Cocyte, la nouvelle pensionnaire que M. Debruyère a engagée pour la reprise lointaine de la Mascotte, a débuté, samedi soir, dans Serpolette, des Cloches de Corneville.

La jeune débutante, grande et jolie, a une voix étendue, appropriée au cadre de la Gaîté. Elle a obtenu un véritable succès devant le public.

(l'Intransigeant, 15 septembre 1896)

 

Théâtre Royal des Galeries Saint-Hubert [Bruxelles]. — Mercredi 8 février, reprise de la Belle Hélène. Mme Cocyte, qui jouera le rôle d'Hélène, n'est pas inconnue à Bruxelles. Elle est la femme du chanteur de café-concert Raiter qui joua dans plusieurs revues de l’Alcazar où pendant trois ans Mme Cocyte, qui était alors Mlle Thilma, lui donnait la réplique dans de petits rôles.

(la Revue mauve, février 1899)

 

Grande et belle personne, à la voix puissante et au jeu très en dehors. Très appréciée à Saint-Pétersbourg et à Moscou, ne l'est pas moins du public de la Gaîté, quand elle chante Serpolette, des Cloches de Corneville. A obtenu un très vif succès dans la Mascotte, qu'elle a chantée 250 fois de suite et a créé Mam'zelle Quat'sous.

(Adrien Laroque, Acteurs et actrices de Paris, juillet 1899)

 

Théâtre des Variétés de Toulouse. — On annonce pour mercredi [17 octobre] l'arrivée de Mlle Cocyte, première chanteuse du théâtre de la Gaîté qui vient donner quelques représentations avec le répertoire d'Offenbach qu'elle a repris à Paris avec un très grand succès. Nous aurons le plaisir de l'entendre dans la Belle Hélène, la Grande-duchesse, la Fille de Madame Angot et dans la Mascotte, sa pièce favorite. M. Gardon, notre ancien ténor si apprécié du public toulousain, a été également engagé pour ces brillantes représentations. C'est assez dire qu'on refusera du monde aux Variétés ces soirs-là.

(l'Art méridional, 15 octobre 1900)

 

[reprise de Louise à l’Opéra-Comique]. Quant à Mlle Mathilde Cocyte, elle a fait apprécier son bel organe et ses très sérieuses qualités d’artiste dans le rôle de la Mère, qui constitue pour elle un excellent début.

(Gil Blas, 07 octobre 1904)

 

Le comique Raiter, qui fut longtemps applaudi aux Folies-Bergère, à l'Olympia, est fort ennuyé. Il s'est produit une confusion dans l'esprit du public quand a été annoncé le décès du comédien Eugène Raiter, des Bouffes-Parisiens. Depuis deux jours il voit affluer, chez lui, ses amis et reçoit de nombreuses lettres de condoléances adressées à Mme Cocyte, de l'Opéra-Comique, sa femme. Raiter n'a jamais été si bien portant.

(le Petit Parisien, 07 janvier 1906)

 

Théâtre Molière [Bruxelles]. — Une bonne reprise des Dragons de Villars a eu, cette quinzaine, du succès au Molière. Mlle Cocyte a campé crânement le joli personnage de Rose Friquet et M. Nandès, qui fut un ténor goûté à la Monnaie, a fait le Sylvain le plus agréable qui soit à entendre.

En ce moment la Fille de Madame Angot, avec toujours Mlle Cocyte, qui a bien la plastique et l'entrain rêvés pour Mlle Lange, a les faveurs des habitués de la maison. A défaut d'un grand luxe de mise en scène, il y a de la belle humeur et de la cohésion dans l'ensemble d'une interprétation suffisante.

(la Belgique artistique et littéraire, 01 janvier 1914)

 

Nous apprenons le décès de M. Raiter, l'artiste bien connu, mari de Mme Mathilde Cocyte, de l'Opéra-Comique.

Les obsèques auront lieu à Villemomble (Seine), 34, rue Saint-Louis, demain mardi, à dix heures du matin.

(la France, 20 juillet 1914)

 

Nouveau-Cirque [Paris]. — Montée avec une réelle originalité de mise en scène et de décors, la nouvelle fantaisie-bouffe, Claudius à Paris, a remporté un gros et mérité succès.

L'interprétation sort vraiment de l'ordinaire et ne mérite que des éloges. La direction a eu mille fois raison de ne s'adresser qu'à de bons et vrais artistes pour jouer cette amusante fantaisie.

Qu'on en juge : Mathilde Cocyte, de l'Opéra-Comique (on ne se refuse plus rien, au Nouveau-Cirque), en maîtresse d'hôtel délicieusement chantante ; Claudius, le vrai, le bon Claudius, dans un rôle extravagant de Marseillais, qu'il joue avec sa maîtrise coutumière ; l'exquise Claudie de Sivry, ravissante petite Provençale ; Fernande Cochin, première danseuse de l'Opéra ; le clown Antonio, devenu un professeur de chorégraphie ; Darthez, autre Marseillais exhilarant, et Moriss, en poète provençal d'une folle excentricité. Est-il besoin de dire qu'avec de tels interprètes, Claudius à Paris fera, pendant de nombreux soirs, la joie des Parisiens, grands et petits.

(Emile Marsy, le Rappel, 21 novembre 1916)

 

Au Théâtre des Arts [Paris], Rodolphe Darzens a constitué une troupe lyrique qui rivalise avec celle de Trianon. Et, cette semaine, il a monté deux opérettes françaises qui sont presque des opéras-comiques : Rip et la Fille de Madame Angot. Mathilde Cocyte en est la vedette. M. Dezan se fait apprécier. Et l'étoile Fernande Cochin triomphe dans les chorégraphies.

(le Carnet de la semaine, 02 juin 1918)

 

 

 

 

 

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