CAMBARDI

 

Mme Cambardi en 1854-1855, photo de Nadar [BNF]

 

 

Mathilde Jeanne CHAMBARD dite CAMBARDI

 

soprano français

(1 rue Belle Cordière, Lyon, Rhône, 24 mai 1828* – Vichy, Allier, 30 novembre 1861*)

 

 

Fille de Paul CHAMBARD (1801 – ap. 1861), pharmacien, et de Stéphanie COTTISSON (– av. 1861).

Epouse à Paris ancien 2e le 02 décembre 1854* Émile Pierre Joseph Ferdinand BADOCHE (1826 – Maisons-Alfort, Seine [auj. Val-de-Marne], 25 novembre 1902), homme de lettres et journaliste.

Parents de Paul Joseph Émile BADOCHE (Vichy, 03 octobre 1855* –), et de Marie Adolphine Gabrielle BADOCHE dite Gabrielle CAMBARDI (Vichy, 07 mai 1860* –), soprano [épouse à Beauregard-Vendon, Puy-de-Dôme, le 07 juillet 1883* Jean-Baptiste-Pierre LOYER (Nemours, Seine-et-Marne, 28 janvier 1854* –)].

 

 

Au Conservatoire de Paris, elle obtint en 1850 un second prix de chant et un accessit d’opéra, et en 1851, le premier prix de chant et le second prix d’opéra. Elle chanta à Bruxelles, où elle créa le 19 novembre 1851 Joanita (Valérie) de Gilbert Duprez, puis au Grand Théâtre de Lyon en 1852 dans Fernand Cortez, la Vestale et le Comte Ory. Engagée l’année suivante au Théâtre-Italien de Paris, elle prit le pseudonyme de Cambardi et y obtint de vifs succès dans Il Trovatore et Ernani. Peu après, elle se rendit en Italie, où sa belle voix lui valut d’enthousiastes applaudissements à la Scala de Milan, à Ancône, etc. Elle a créé à l’Athénée de Paris en mars 1858 Un amour de notaire d’Auguste Mey ; au Théâtre-Italien le 26 novembre 1859 Un curioso accidente, opéra bouffe arrangé sur la musique de Rossini ; à Ems le 19 août 1861 le Brasseur d’Amsterdam d’Alary. Elle était dans tout l’éclat de son talent, lorsqu’elle mourut, à vingt-huit ans.

En 1854, elle habitait 1 rue Neuve des Martyrs à Paris 2e. Elle est décédée en 1861 à trente-trois ans, dans sa maison, rue de l’Eglise à Vichy.

 

 

 

Sa carrière au Théâtre-Lyrique

 

Elle y débuta le 17 octobre 1857 dans Obéron (Rézia).

 

 

 

 

Cette artiste apprit à Lyon les éléments du chant, sous la direction de Mme Monvielle, professeur distingué, qui l'engagea à se présenter au Conservatoire de Paris. Admise dans cet établissement, elle remporta au concours de 1850 le second prix de chant et un accessit d'opéra, puis, l'année suivante, le premier prix de chant et le second prix d'opéra. Quelque temps après, elle fit ses débuts au Grand Théâtre de Lyon, dans Fernand Cortez, la Vestale et le Comte Ory. En quittant cette ville, elle fut engagée au Théâtre-Italien de Paris en qualité de seconda donna, et s'y fit remarquer dans les rôles d'Adalgisa de la Norma, d'Elvira dans Don Giovanni, et de Vespia dans le Tre nozze d'Alary, qui, en témoignage de reconnaissance, composa plus tard pour elle divers morceaux détachés, entre autres la Pianghera et la célèbre romance l’Etranger, sur une poésie de Mme de Girardin. Elle pouvait aspirer légitimement au titre de prima donna, lorsque tout à coup la direction des Italiens passa entre les mains de M. Calzado. Ce directeur laissa partir la chanteuse, qui se consacra entièrement aux concerts, et fit les délices des salons de Paris et des sociétés philharmoniques de province. Auxerre, où elle était adorée, garde pieusement un buste de la cantatrice, modelé par Etex, offert par Mme Cambardi à ses nombreux admirateurs, et qui figure dans toutes les solennités musicales de cette ville. En 1856, après avoir passé par une désastreuse série de chanteuses, le directeur des Italiens fit l'appel à Mme Cambardi. Elle rentra au théâtre avec l'espoir d'occuper bientôt le rang de prima donna assoluta ; mais M. Calzado en avait décidé autrement. Un procès s'ensuivit, et si l'artiste succomba devant les juges, sa cause fut gagnée devant le public.

 

Il Trovatore faisait alors fureur. Un soir, la Penco se trouva subitement indisposée, et le rôle de Leonora fut offert à Mme Cambardi, avec un délai de vingt-quatre heures pour l'étudier. L'entreprise était audacieuse ; la cantatrice accepta, et dix représentations successives justifièrent le courage de la débutante. Ainsi arriva-t-il pour Ernani, qui valut à Mme Cambardi un succès égal a celui qu'elle avait obtenu dans Il Trovatore. Un moment, pendant les représentations de Tamberlick dans Otello, on offrit le rôle de Desdémone à Mme Cambardi, qui mit à son acceptation des conditions qui furent repoussées. Un tel état de guerre ne pouvait durer plus longtemps. Mme Cambardi quitta le Théâtre-Italien et rejoignit, à Milan, le ténor Giulini, qui avait imposé cet engagement à l'administration de la Scala, en reconnaissance du valeureux concours que lui avait prêté à Paris, lors de ses débuts, sa vaillante partenaire. Les triomphes de la cantatrice dans Mosé et dans Ernani donnèrent raison à Giulini. De Milan, l'artiste, fortifiée par les conseils du professeur Lamperti, passa au théâtre d'Ancône, dont elle mit le public littéralement en ébullition ; puis, la saison terminée, elle parcourut, en reine du chant, les principaux établissements d'eaux thermales de la vallée du Rhin. Elle venait d'arriver à Vichy pour y prendre quelques jours de repos, quand la maladie l'emporta brusquement à l'âge de vingt-huit ans.

 

Mme Cambardi n'a point encore été remplacée dans les seconds emplois, au Théâtre-Italien. Nul doute que, sans cette mort prématurée, elle ne se fût créé une place au premier rang. Sa voix chaude et bien timbrée de soprano dramatique, sa figure vivement accentuée, lui donnaient des droits au primo cartello, et les leçons de Lamperti avaient encore assoupli sa vocalisation, naturellement brillante. La critique parisienne, sans exception, a rendu un touchant hommage à ce beau talent moissonné dans sa fleur ; et son mari, M. Emile Badoche, rédacteur en chef du Journal de Vichy, eut au moins la consolation de voir que la grandeur de sa perte avait été vivement ressentie par toutes les intelligences d'élite et que la sympathie générale avait accompagné l'artiste au cercueil.

 

(Pierre Larousse, Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle, 1866-1876)

 

 

 

 

 

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