Auguste-Acanthe BOUDOURESQUE
Auguste-Beauté BOUDOURESQUE dit Auguste-Acanthe BOUDOURESQUE
basse française
(La Bastide-sur-l'Hers, Ariège, 28 mai 1835* – quartier Malmousque, Marseille, Bouches-du-Rhône, 21 janvier 1905)
Fils de Maurice BOUDOURESQUE (Mirepoix, Ariège, 22 janvier 1802 –), tailleur de pierre, et de Rose Marie Nancy BERGÉ, ménagère, mariés à La Bastide-sur-l’Hers le 28 mars 1830*.
Epouse à La Bastide-sur-l’Hers le 26 février 1861* Anna Sophie CORNEIL (La Bastide-sur-l’Hers, 24 novembre 1839* – ap. 1905).
Parents de Marcel BOUDOURESQUE, baryton-basse ; de Jean Léon BOUDOURESQUE (La Bastide-sur-l’Hers, 17 avril 1868 – Marseille, 05 octobre 1934), journaliste ; de Charles Victor BOUDOURESQUE (v. 1871 – Marseille, 04 février 1891) ; de Catherine BOUDOURESQUE (La Bastide-sur-l’Hers, 30 octobre 1876 –) ; de Jeanne Marguerite Alice BOUDOURESQUE (La Bastide-sur-l’Hers, 24 octobre 1877 –) [épouse à Marseille le 21 juin 1900 Georges Sébastien GUY, avocat].
Elève au conservatoire de Marseille de Benedict pour le chant et de Morel pour le solfège, il obtint un premier prix de chant en 1859. Lors de son mariage en 1861, il était inspecteur du gaz. L'année suivante, il était entrepreneur. Le 05 septembre 1874, il débuta avec succès au théâtre Valette, à Marseille, dans Ernani, de Verdi (en italien). Doué d'une superbe voix de basse profonde, il débuta à l'Opéra de Paris le 10 avril 1875 dans la Juive (de Brogni) d'une façon magistrale. Il joua ensuite différents rôles qui consacrèrent d'une façon éclatante un succès qui s'était annoncé si brillamment. Ensuite vinrent les créations importantes du Roi de Lahore, d'Aïda et d'Henry VIII, ainsi que des rôles secondaires dans d'autres créations dans lesquels Boudouresque se montra aussi grand artiste, sous le rapport de la voix et du talent, qu'acteur excellent, dramatique et sobre à la fois. Il quitta l'Opéra en 1885. Après avoir parcouru pendant quelque temps la province et l'étranger, il se retira à Marseille. Il a chanté avec un succès considérable, tant en France qu’à l’étranger, la plupart des rôles de basse du répertoire, notamment ceux de Timour dans le Roi de Lahore et du cardinal dans Henri VIII. Boudouresque s'exerçait aussi à la peinture et avait envoyé aux Salons de 1884 et 1885 des marines non sans mérite.
En 1891, il habitait la Villa Boudouresque à la batterie de Malmousque, dans le 7e arrondissement de Marseille. Il est décédé en 1905 à soixante-neuf ans.
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Boudouresque dans le Roi de Lahore (Timour) lors de la création en 1877
Sa carrière à l'Opéra de Paris
Il y débuta le 10 avril 1875 dans la Juive (Cardinal de Brogni).
Il y créa le 27 avril 1877 le Roi de Lahore (Timour) de Jules Massenet ; le 05 mars 1883 Henry VIII (le Légat) de Camille Saint-Saëns.
Il y participa à la première à l'Opéra le 22 mars 1880 Aïda (Ramfis) de Giuseppe Verdi [version française de Du Locle et Nuitter] ; le 27 février 1885 de Rigoletto (Sparafucile) de Giuseppe Verdi [version française d'Edouard Duprez].
Il y chanta Guillaume Tell (Melchtal, puis Walther, 1875) ; la Favorite (Balthazar, 1875) ; les Huguenots (Marcel, 21 février 1876) ; Robert le Diable (Bertram, première au Palais Garnier, 06 décembre 1876) ; l'Africaine (don Pedro, première au Palais Garnier, 17 décembre 1877) ; le Comte Ory (le Gouverneur, 25 octobre 1880) ; le Chant du départ de Méhul (première au Palais Garnier, 14 juillet 1883). |
Boudouresque en 1877 [photo Carjat]
La reprise de Robert-le-Diable, à
l'Opéra, vient de mettre définitivement en évidence le nom et le talent
de Boudouresque, un excellent chanteur que la critique et les abonnés de
l'Académie nationale de musique suivaient déjà avec un intérêt marqué
depuis tantôt deux ans. La façon remarquable dont cet artiste vient
d'interpréter le rôle si lourd à porter de Bertram, ne permettent plus
de douter qu'il soit appelé à tenir avec honneur l'emploi laissé vacant
par la retraite de Belval ; nous entrons donc entièrement dans
l'actualité en le présentant aujourd'hui à nos lecteurs. Tombé au sort, en 1855, il fit dix-huit mois de service au 15e régiment à Valence, puis revint à Marseille, occuper le poste d'inspecteur municipal de l'éclairage. Toutefois, comme il était passionné pour la musique et qu'il possédait une belle voix, il entra en 1859, en même temps, comme élève externe au Conservatoire de cette ville, pour y faire des études musicales. Il y eut pour professeur de chant, l’excellent maître Benedict et y prit des leçons de solfège de M. Morel, le directeur distingué de cette succursale de la rue Bergère. Il remporta en deux années le second, puis le premier prix de chant et sortit du Conservatoire lauréat des plus méritants. En 1859, avant d'avoir obtenu son premier prix et peu après avoir remporté le second, il fut entendu à Marseille par M. Ambroise Thomas, alors inspecteur des voix au Conservatoire de Paris. La valse infernale de Robert-le-Diable, qu'il chanta devant lui, le fit remarquer pour le maître, qui lui offrit, en même temps qu'au ténor Lefranc, son parcours gratuit jusqu'à Paris pour s'y faire entendre des professeurs du Conservatoire et prendre place dans les classes de l'établissement, auxquelles il ne pouvait que faire honneur. Boudouresque ayant pris, en route, un refroidissement, n'arriva pas maître de ses moyens, il ne chanta pas avec une justesse irréprochable et ne fut pas immédiatement admis. Ambroise Thomas lui proposa alors de rester, aux frais du Conservatoire de Paris, lui répondant que d'ici deux à trois mois il serait en mesure de passer un examen brillant. Boudouresque fut obligé de refuser ses offres attrayants parce qu'il avait, déjà, à Marseille sa position d' entrepreneur des travaux d'éclairage de la ville. Et, bien qu'il eût toujours trouvé une rare bienveillance et même un sérieux appui dans M. Honorat, le maire de Marseille, qui sut lui permettre de concilier à la fois les doubles exigences de sa place et de ses études musicales, il crut devoir renoncer à tenter d'obtenir son premier prix au Conservatoire de Paris. Après tous ses diplômes obtenus, il ne suivit donc pas la carrière dramatique, se fit industriel, se contentant d'approfondir, en amateur, ses connaissances en musique. En 1862, il prit la direction de l'entreprise de l'éclairage au schiste, et réalisa jusqu'en 1870, d'assez jolis bénéfices dans cette industrie. En 1872, cette position lui ayant été enlevé par un adjudicataire plus audacieux, il acheta sous son nom le café de Paris, un des plus jolis établissements de Marseille, rue de la Darse, 29 ; circonstance qui a fait dire à quelques journaux, lors de son début à Paris, qu'il était un ancien cabaretier de la Canebière. Depuis longtemps il restait ainsi éloigné du théâtre pour lequel il se sentait pourtant une passion véritable, lorsqu'il y a trois ans, le passage à Marseille du célèbre baryton Maurel vint changer subitement le cours de ses idées. Maurel voulait monter au théâtre Valette, l’Ernani de Verdi, qui lui avait valu de grande succès en Italie, mais il ne trouvait pas dans la troupe qui l'accompagnait, une voix assez solide et surtout assez assurée pour chanter le rôle de Silva. Il eut recours à Boudouresque dont il connaissait les études soignées et le bel organe, et le pria de lui rendre le service de jouer deux fois ce personnage dont la bonne tenue était indispensable pour la réussite de l'ouvrage. Or, Boudouresque ne connaissait pas le moindre mot italien. Il accepta cependant, demandant quinze jours seulement pour apprendre le rôle et se familiariser suffisamment avec la langue italienne. Le succès qu'il remporta devant le public les 5 et 8 septembre 1874, fut si vif et si complet qu’il le décida à tenter la fortune. Il partit donc un matin pour Paris, demander une audition à M. Halanzier. Les morceaux dans lesquels il se fit entendre au mois d'octobre 1874, furent : la cavatine et l'anathème de la Juive. Le chef‑d'œuvre d'Halévy était en ce moment un des rares ouvrages montés au nouvel Opéra, et, Belval, dont le rôle du cardinal Brogni fut autrefois un des triomphes, l'interprétait, d'une façon, de jour en jour, plus insuffisante. M. Halanzier n'hésita pas à proposer à Boudouresque, après l'avoir entendu, un engagement de trois années, à partir du 1er janvier 1875 en se réservant la faculté de résilier après un an si l'artiste ne tenait pas les promesses qu'il laissait entrevoir. De plus, Boudouresque prenait l'engagement de se trouver prêt à pouvoir chanter, dans un délai de quarante‑cinq jours, trois partitions : la Juive, les Huguenots, et Robert-le-Diable. Boudouresque débuta donc à l'Opéra, en avril 1875, par le rôle de Brogni, de la Juive. Il s'y fit remarquer par la sûreté de son chant et la bonne qualité du timbre de son organe. Sa voix est, en effet, d'une irréprochable justesse, et je me souviens que c'est par là, que j'appréciai tout d'abord le mérite du chanteur, lorsque je l'entendis pour la première fois et quelques mois avant qu'il ne débuta sur la scène parisienne, dans une soirée donnée par Eugène Paz, mon excellent ami et rédacteur en chef. Le second début de Boudouresque eut lieu au mois de juin dans Walter, de Guillaume Tell et son troisième se fit, par accident, dans la Favorite, où il remplaça son camarade Menu, indisposé. Dans ce dernier opéra, il fut très remarqué, et lorsqu'il joua le formidable personnage de Marcel, des Huguenots, il était déjà très en faveur auprès du public de l'Opéra. Aussi, M. Halanzier suffisamment édifié sur la valeur de son pensionnaire, se hâta-t-il aussitôt la première année expirée, de changer le traité conditionnel en traité définitif et de s'assurer l'excellente basse-taille jusqu'au 1er janvier 1878. Après Marcel est venu Bertram, l'autre type incarné de la basse profonde et dans Robert-le-Diable, plus encore peut-être que dans les Huguenots, on a pu apprécier les qualités qui distinguent le chanteur. Ces qualités sont, avec une irréprochable justesse, un sentiment exact du rythme, ce qui est très rare à rencontrer. Chaque note tombe bien à sa place en temps voulu, sans jamais être forcée pour viser à l'effet, mais pleine, ronde, et d'une bonne sonorité. Interprète respectueux du texte écrit par l'auteur, Boudouresque n'en cherche pas moins à donner à son chant la couleur sans laquelle les meilleures qualités deviennent négatives. Et cette couleur, il sait la trouver, ainsi qu'on peut eu juger par les nuances qu'il apporte dans l'interprétation de Robert-le-Diable. Comme comédien, sa physionomie a du caractère, il sait se faire une tête, et malgré sa modestie, on sent que chaque jour l'autorité lui vient. Il chante d'ailleurs avec toute son âme, et le feu qu'il apporte dans l'expression musicale remplace avec avantage la pantomime démesurée dont se servent trop d'artistes lyriques pour maquer l'insuffisance de leur sentiment dramatique. Boudouresque fera prochainement sa première création à l'Opéra, dans le Roi de Lahore, de Massenet, où il jouera le personnage de Timour, le grand pontife. C'est surtout un rôle scénique. Le premier acte lui appartient pour ainsi dire tout entier ; puis il ne reparaît plus que pour chanter le final de l'ouvrage. Mais l'ensemble est très suffisant pour que l'artiste puisse montrer s'il possède un talent créateur.
(Félix Jahyer, Paris-Théâtre, 11 janvier 1877)
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Né à la Bastide-sur-l'Hers (Ariège), le 28 mai 1835 ; fut d'abord piqueur et aide-conducteur du chemin de fer de Béziers ; fit, en 1855, dix-huit mois de service au 15e d'artillerie, entra, en 1859, au Conservatoire de Marseille et remporta en deux années le second et le premier prix de chant. Il apprit en quinze jours l'italien pour jouer l'Hernani de Verdi, au théâtre Valette de Marseille. M. Halanzier l’engagea pour trois ans, le 1er janvier 1875, et le fit débuter à l'Opéra, le 12 avril de la même année, dans le rôle de Brogni de la Juive. Il se fit ensuite applaudir dans Guillaume Tell, la Favorite, les Huguenots, Robert le Diable. Sa première création fut le rôle de Timour dans le Roi de Lahore. (Journal spécial du Théâtre de l’Opéra, 28 décembre 1881)
Il fit ses études à Marseille, puis il entra dans la compagnie du chemin de fer de Béziers comme piqueur. Depuis quelque temps, il était aide-conducteur, lorsque, étant tombé au sort, il fut appelé à servir dans l'artillerie. De retour à Marseille, M. Boudouresque obtint un emploi d'inspecteur de l'éclairage. Tout en remplissant ces fonctions, il s'adonna à son goût pour la musique et se fit admettre comme élève externe au Conservatoire de Marseille, où il reçut des leçons de Benedict et de Morel. Il venait d'obtenir le second prix de chant lorsque M. Ambroise Thomas, l'ayant entendu chanter, fut frappé de sa belle voix de basse et l'engagea à aller terminer ses études au Conservatoire de Paris. Le jeune homme voulut suivre ce conseil ; mais, pendant son voyage, il prit un refroidissement, sa voix s'altéra et il ne fut point admis au Conservatoire. Il retourna à Marseille (1859), où il obtint, peu après, le premier prix de chant. Au lieu de tenter la fortune du théâtre, M. Boudouresque se fit entrepreneur d'éclairage. En 1862, il obtint, à la suite d'une adjudication, l'entreprise de l'éclairage au schiste, qui lui fut très fructueuse, et, dix ans après, il acheta un des plus beaux cafés de Marseille. Une circonstance fortuite vint enfin le lancer dans la carrière du théâtre. En 1874, le baryton Maurel, ayant voulu faire jouer à Marseille l'Ernani de Verdi, ne trouva pas dans sa troupe un chanteur qui pût remplir d'une façon satisfaisante le rôle de Silva. Il avait eu l'occasion d'entendre chanter Boudouresque, dont la voix puissante l'avait vivement frappé. Il le pria de lui venir en aide en jouant le rôle de Silva. Boudouresque y consentit, apprit en une quinzaine de jours le rôle qu'il devait chanter en italien et débuta sur le théâtre Valette le 5 septembre 1874, avec un si grand succès, qu'il se décida enfin à se faire chanteur. Il vint à Paris, obtint une audition de M. Halanzier, directeur de l'Opéra, et celui-ci l'engagea pour trois ans, à partir du 1er janvier 1875. Boudouresque débuta au mois d'avril suivant sur ce théâtre, dans le rôle de Brogni de la Juive. Peu satisfaisant comme comédien, il donna une excellente opinion de lui comme chanteur, car sa voix, d'un très bon timbre, était d'une parfaite justesse. Il joua ensuite dans Guillaume Tell, dans la Favorite, dans les Huguenots, où il remplit le rôle de Marcel. Au mois de décembre 1876, il interpréta Bertram, dans Robert le Diable, et, cette fois, son succès fut complet. (Pierre Larousse, Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle, 1er supplément, 1878)
Lorsque MM. Ritt et Gailhard furent nommés à la direction de l'Académie nationale de musique, M. Boudouresque crut devoir quitter l'Opéra, et alla se faire entendre sur les principales scènes de province et de l'étranger. Il y obtint de très beaux succès, notamment à la Scala de Milan, où il chanta de janvier à mars 1886, puis à Nantes, à Marseille et à Bordeaux. En été, M. Boudouresque se retire volontiers sous sa tente, c'est-à-dire dans sa jolie villa des environs de Marseille, employant ses heures de loisir à se perfectionner dans l'étude du chant italien, à moins qu'il n'explore la Méditerranée sur son yacht, dont il est lui-même le capitaine, croquant de ci, de là quelques jolies marines. Il a exposé au Salon de 1884 : Côtes de Provence : lever de soleil derrière un morne, et au Salon de 1885 : Coup de mistral dans le golfe du Lion. (Pierre Larousse, Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle, 2e supplément, 1888)
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