Léon BAKST

 

Léon Bakst par Pablo Picasso (1922)

 

 

Lev Samoïlevitch ROSENBERG dit Léon BAKST

 

peintre et décorateur russe

(Hrodna, Biélorussie, Russie, 10 mai [27 avril selon le calendrier julien] 1866 4 place Bergère, Rueil [auj. Rueil-Malmaison], Seine-et-Oise [auj. Hauts-de-Seine], 27 décembre 1924*)

 

Fils d'Israël ROSENBERG et de Bassé ROSENBERG.

Frère de Sophie KLIATCHKO-BAKST (1869 – 1944), dont la fille Emilie dite Mila KLIATCHKO (1903 – 2000) épouse en 1929 Anatole André BARSACQ (Théodosie, Crimée, 24 janvier 1909 – Paris 18e, 03 février 1973*), directeur de théâtre.

Beau-frère d’Alexandre ZILOTI, pianiste russe (Kharkov, Russie, 09 octobre 1863 – New York, États-Unis, 08 décembre 1945).

Epouse (puis divorce) Lubowe TRETIAKOFF (1870 –) ; parents d'André ROSENBERG dit André BAKST (Saint-Cloud, Seine-et-Oise [auj. Hauts-de-Seine], 21 septembre 1907* – 96 rue Didot, Paris 14e, 08 février 1972*), décorateur français, qui fut chef décorateur à l'Office de Radio Télévision française.

 

 

Élève de l'école des Beaux-Arts de Moscou, puis, en 1893, de Paris, il se consacra très vite à la décoration théâtrale, d'abord pour les théâtres impériaux qui lui commandèrent les décors de plusieurs ballets, ensuite pour la Compagnie des Ballets russes de Diaghilev (pour qui il travailla entre 1909 et 1921), et celle d'Ida Rubinstein. Dès 1910 Jacques Rouché le chargea de réaliser les décors de ses spectacles au Théâtre des Arts ; plus tard, à l'Opéra de Paris, il devait lui confier ceux de plusieurs ballets. Bakst manifesta dès ses débuts son goût pour les effets décoratifs, le trait pur, les couleurs éclatantes, et prit place au premier rang parmi les artistes russes qui, rompant avec le réalisme, renouvelèrent la décoration théâtrale. Son art est pénétré d’influences orientales. Citons ses décorations pour Cléopâtre (1909) ; Shéhérazade (1910) ; le Spectre de la rose ; l’Après-midi d’un faune ; Saint-Sébastien. Ses décors et ses costumes pour Shéhérazade restent un modèle du style « ballets russes ». On lui doit aussi des portraits, des nus, des paysages d’une facture excellente. Il fut nommé officier de la Légion d'honneur le 08 août 1913.

En 1913, et jusqu'à son décès survenu en 1924 à cinquante-huit ans, il habitait 112 boulevard Malesherbes à Paris 17e. Il est enterré au cimetière des Batignolles (25e division).

 

=> Programmes des Ballets russes à Paris (1909-1921)

=> l'Art décoratif de Léon Bakst par Arsène Alexandre (1912)

 

 

 

publicité de 1913

 

 

 

Léon Bakst en 1910 [photo Bert]

 

 

 

l'Après-midi d'un faune, maquette de Léon Bakst (1912) pour Nijinski

 

 

 

Léon Bakst en 1913 [photo Otto]

 

 

 

 

Léon Bakst [photo H. Manuel]

 

 

Il était d'origine juive, d'une famille qui prétendait remonter au roi David. Après être sorti du collège de Saint-Pétersbourg, il entra à l'Ecole des beaux-arts de Moscou, et vint ensuite à celle de Paris en 1893. En 1897, il fut chargé par le gouvernement russe de suivre les fêtes données lors de la réception de l'amiral Avellane, et d'en commémorer le souvenir. De retour à Saint-Pétersbourg, il exécuta en effet un tableau : Réception de l'amiral Avellane à Paris, qui fut placé au musée de la Marine (Louvre).

 

 

 

Nijinski dans le Dieu bleu, aquarelle de Bakst

 

 

Les événements contemporains ne pouvaient pourtant être pour Bakst une source d'inspiration suffisante. Dès ses débuts, il manifestait un goût particulier pour le trait pur, pour la couleur éclatante ; il cherchait dans la légende ses motifs. Combiner des lignes et des couleurs était son principal objet . Or, les metteurs en scène du théâtre russe s'efforçaient de renouveler le décor. Ils montaient Boris Godounov. Bakst, de son côté, après avoir exposé à Paris, au Salon d'automne, fondait dans son pays, en 1909, la Société artistique Mir Iskoustva. De ses envois au Salon d'automne on peut retenir une Vision antique, dans laquelle les personnages apparaissaient comme des statues hiératiques. C'était le résultat d'un voyage que Bakst avait fait en Grèce avec son ancien condisciple Serov, qui de son côté s'était adonné au portrait. Cette œuvre est, malgré ses qualités, assez exceptionnelle. Baskt qui avait d'abord été influencé par l'aquarelliste Albert Benois, et qui avait illustré à l'aquarelle le conte fantastique de Gogol : le Nez, se rapprochait maintenant du frère de l'artiste, le décorateur Alexandre Benois.

Diaghilev avait orienté vers le théâtre le groupe de la société Mir Iskoustva. Bakst mit d'abord en scène, pour le théâtre impérial de l'Ermitage, une pantomime du comédien Febvre : Cœur de marquise. Puis on lui confia les décors d'Hippolyte d'Euripide, d'Œdipe à Colone et d'Antigone de Sophocle. Mais ce fut surtout en 1909, lors de la première saison des Ballets russes à Paris, qu'il put donner sa mesure. Alexandre Benois avait brossé les décors du Pavillon d'Armide dans un style qui n'était pas sans faire songer à celui de Beardsley. Nicolas Rœrich, dans le Prince Igor, de Borodine, se montrait plus foncièrement russe, et sa manière avait une sorte de grandeur barbare. Léon Bakst, comme Alexandre Benois, cherche des effets plus raffinés. Il unit au goût des décorateurs européens celui des Orientaux ; ses réalisations font songer tout à la fois à un disciple de Tiepolo et à un continuateur des miniaturistes persans.

 

 

 

Ida Rubinstein dans le Martyre de saint Sébastien, crayon de Bakst, communiqué par la Société d'Edition Henri Reynaud

 

 

Les ballets de Schéhérazade et de Cléopâtre marquèrent en 1909 l'épanouissement de l'art de Léon Bakst. Dans Schéhérazade, l'harmonie est à base de rouge et de vert, le rouge tournant parfois au géranium, le vert au bleu. Le palais est presque entièrement peint avec cette dernière couleur ; le tapis, avec la première. Sur ce fond, éclatant comme une mosaïque de faïence, venaient se détacher les personnages : peaux roses ou noires, à demi couvertes d'or ou d'argent, en mouvement perpétuel devant le décor immobile. Car Léon Bakst ne se préoccupait pas seulement de la toile de fond ; il dessinait aussi les personnages, en leurs attitudes les plus caractéristiques ; c'étaient des dessins relevés de gouache et d'aquarelle, aux courbes souples et précises, aux tons voyants et lumineux, tenant un peu des images indiennes ou persanes. Ses costumes s'efforçaient moins de cacher les chairs, que de les mettre en valeur ; c'était une nouvelle décoration sur fond rose, composée de singulières rayures vertes ou orangées, de voiles sombres à fleurs riches. Sur les peaux noires, au contraire, venaient jouer les couleurs claires; ainsi se créait un jeu continuel de contrastes entre des tons très lointains, mais si heureusement choisis que rien jamais ne pouvait choquer.

 

Dans le décor de Cléopâtre, un temple aux colonnes bulbeuses, bariolées de jaune et d'orange, faisait contraste avec un fleuve d'un bleu intense. Un dieu égyptien se tenait entre les colonnes, et Cléopâtre elle-même était couverte d'ors et de turquoises. Ces créations furent suivies d'autres décors pour le Spectre de la rose, Narcisse, le Dieu bleu, Œdipe à Colone. Léon Bakst prenait ainsi place au premier rang des décorateurs russes, à côté d'Alexandre Benois, de Rœrich, de Golovine. En 1910, il obtint la première médaille d'or de la Section russe à l'Exposition de Bruxelles ; l'année suivante, il organisa une exposition russe au Pavillon de Marsan.

 

 

 

Projet d'un décor pour le Palais impérial (Martyre de saint Sébastien), aquarelle de Bakst, communiquée par la Société d'Edition Henri Reynaud

 

 

Après un voyage à Londres, il revint à Paris et donna une nouvelle série de décors, pour l'Après-midi d'un faune, d'après Claude Debussy, pour Hélène de Sparte, de Verhaeren. Ses dernières œuvres importantes furent des compositions destinées à encadrer le Saint Sébastien de Gabriele d'Annunzio (1912) et la Pisanelle (1913). On y retrouvait les mêmes qualités linéaires du dessinateur, la même richesse du peintre. D'ailleurs, l'art de Léon Bakst et de ses contemporains avait eu une grande influence, sur le théâtre français. Il avait presque entièrement fait disparaître la tendance naturaliste, qui était celle des décorateurs de nos scènes vers la fin du XIXe siècle. A ce vérisme minutieux et sans style s'était substituée peu à peu une formule purement décorative : la réalité n'est plus qu'un point de départ ; on n'essaye plus de nous brosser des arbres ou des intérieurs en trompe-l’œil, on prend seulement prétexte du véridique pour créer de belles formes harmonieuses, pour exalter de belles couleurs. Ainsi, toute une école de décorateurs français s'est formée, qui a travaillé au Théâtre des Arts, à l'Opéra, au Trianon-Lyrique et ailleurs. Parmi eux, on peut nommer Dethomas, Drésa, Charles Guérin, René Piot, J. Hémard, qui, tout en restant dans notre tradition, ont su faire leur profit des exemples donnés par les Russes et en particulier par Léon Bakst.

 

Si celui-ci fut avant tout un décorateur, il n'en resta pas moins à l'occasion excellent portraitiste, et on lui doit des effigies de Vassili Rosanov, de Benois, de Levitan (le Corot russe), de Diaghilev et de sa vieille bonne. On lui doit aussi de charmantes études de paysages rapportées de Savoie. Et surtout des études de nus, souples, précises, délicatement modelées à la mine de plomb.

 

Pendant la Guerre, en 1916, Léon Bakst fut nommé membre de l'Académie des beaux-arts de Saint-Pétersbourg. Il était officier de la Légion d'honneur, depuis 1913.

 

(Ph. Mercier, Larousse Mensuel Illustré, juillet 1925)

 

 

 

Jeune Béotien dans Narcisse, aquarelle de Bakst, communiquée par la Société d'Edition Henri Reynaud

 

 

 

 

Léon Bakst en 1923

 

 

 

l'Œuvre de Léon Bakst pour la Belle au Bois dormant (1923)

 

 

 

tombe de Léon Bakst et d'André Barsacq au cimetière des Batignolles [photo ALF, 2022]

 

 

 

 

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