Marius ANSALDY
Marius Pierre ANSALDY dit Marius ANSALDY
ténor français
(La Seyne-sur-Mer, Var, 13 octobre 1860* – Nice, Alpes-Maritimes, 08 février 1922*)
Fils de Victor François Thérèse ANSALDI (Nice, royaume de Sardaigne [auj. Alpes-Maritimes], 08 mars 1825 – ap. 1891), ouvrier charpentier, et de Catherine Victoire BIANCO (Calizzano, Etats sardes (auj. Italie], 09 juillet 1837 – ap. 1891), couturière, légitimé par leur mariage à La Seyne-sur-Mer le 15 juillet 1861*.
Epouse à Paris 17e le 25 août 1891* Élisa Louise Marie CRÉPEL (Brest, Finistère, 21 janvier 1871 – ap. 1922), fille de Nicolas Édouard CRÉPEL (– av. 1891) et de Marie Désirée Victorine EYMIN, professeur de piano.
Parents de Marcel Mario Auguste Victor ANSALDY (Paris 2e, 29 mai 1892* – Nice, 12 avril 1971).
Il débute à l'Opéra de Nice le 25 novembre 1891 dans l'Africaine. En 1895 et 1896, il chante à l'Opéra de Paris ; en 1899, au Grand-Théâtre de Lyon ; en 1903, au Capitole de Toulouse ; le 31 mars 1904, il chante l'oratorio Marie-Magdeleine au Théâtre royal d'Anvers ; en 1907, il chante à nouveau au Palais Garnier ; en mai 1914, il chante l'Africaine (Vasco de Gama) au Théâtre Lyrique de la Gaîté. Il chanta également sous le nom de Mario ANSALDI.
En 1891, il habitait 4 rue des Renaudes à Paris 17e ; en 1892, 98 rue de Cléry à Paris 2e. Il est décédé en 1922 à soixante-et-un ans, en son domicile, 12 rue Penchienatti à Nice.
Sa carrière à l'Opéra de Paris
Il y débuta le 16 septembre 1895 dans Sigurd (Sigurd).
Il y chanta la Favorite (Fernand, 30 mars 1896) ; Faust (Faust, 25 avril 1896) ; Hymne russe [chanté avec d'autres artistes lors de la Fête russe du 24 mai 1896] ; Guillaume Tell (Arnold, 1907). |
Ansaldy
L'Opéra cherche un ténor, et ce n'est point encore celui que l'on a essayé lundi dans Sigurd, qui pourra faire ligure sur notre première scène. Au premier acte, et surtout au second où il a complètement perdu pied et a dû s'arrêter net, M. Ansaldy qui nous vient de province, et qui y retournera, s'est montré complètement au-dessous d'une tâche excédant ses moyens, moyens assez médiocres, et qui ne sauraient suffire aux exigences que le public de l'Opéra est en droit de manifester. Mme Bosman faisait, ce soir-là, sa rentrée dans Brunehilde, dont elle chante la partie avec une impeccable correction, et Mlle Consuelo Domenech, qui nous revient de l'étranger où elle a remporté les succès les plus brillants et les plus mérités, reparaissait dans le rôle ingrat d'Uta, qu'elle tient en artiste consommée. Toujours en progrès, M. Renaud est, à l'heure actuelle, le tragédien lyrique le plus complet que nous connaissions. Il a mis en pleine valeur le personnage de Gunther et lui donne un relief qu'aucun autre interprète n'avait su lui communiquer. M. Gresse a fait une chose à lui du rôle d'Hagen où il est toujours chaudement et légitimement applaudi, et M. Fournets est fort bien placé dans les scènes du Grand Prêtre. Ne pourrait-on vraiment obliger les figurantes de la suite de Brunehilde à quitter la scène d'une façon décente, lorsque la reine les congédie pour rester seule auprès de la source ? La plupart ricanent, parlent à haute voix, et certaines vont jusqu'à ôter leur voile et le cercle d'or qui le retient, afin d'être plus tôt déshabillées, une fois rentrées dans la coulisse. C'est là une grave infraction à la dignité du spectacle, et qui vaut qu'on la prévienne et qu'on la réprime au plus tôt. Nous la signalons à qui de droit, n'étant pas seul à en avoir été choqué. (A. Boisard, le Monde illustré, 21 septembre 1895)
M. Ansaldy a débuté dans Sigurd. Cette épreuve n’a pas été favorable au nouveau ténor. Peu de voix ; pas de jeu scénique. Tout en tenant compte de l’émotion qui paralysait assurément quelques-uns des moyens de M. Ansaldy, nous avons peine à croire que cet artiste puisse rester à l’Opéra. (le Monde artiste, 22 septembre 1895)
Le ténor Ansaldy appartient à une vieille famille niçoise. C'est à Nice, où il faisait son service militaire dans une compagnie du 4e régiment du Génie, qu'on s'aperçut qu'il possédait une voix de ténor d'une étendue exceptionnelle et c'est dans cette même ville qu'il commença ses études couronnées d'abord, par un premier prix d'opéra au Conservatoire municipal et terminées à Paris par les leçons de Duprez, pendant un an, et celles de Lhérie, pendant deux ans. Engagé au théâtre de Nice en qualité de fort ténor pour la saison 1891-92, il y remplace, au pied levé, le soir même de l'ouverture, le ténor Cossira subitement indisposé et obtient dans le rôle de Vasco, de l'Africaine, un succès qui fait grandement augurer de son talent. Trois jours après, ce succès se change en un véritable triomphe, dans le rôle d'Arnold, de Guillaume Tell, qui lui sert de début. M. Ansaldy chante successivement au même théâtre : la Juive, les Huguenots, Rigoletto, la Favorite, Cavalleria, etc. Bien que son engagement fut de trois années au théâtre de Nice, il paie son dédit et vient à Lyon en 1892-93. On n'a pas oublié avec quelle autorité, il tint, à cette époque, les principaux rôles du répertoire dans Guillaume Tell, les Huguenots, la Juive, la Favorite, l'Africaine, etc. La saison terminée, il part pour Saint-Pétersbourg. Il y chante, outre les opéras que nous venons d'énoncer, Faust et Lucie, il y crée en français, Cavalleria. En 1893-94 il est à Genève où il remporte dans tout le répertoire un succès incontesté. A Nantes — 1894-95 — il crée Otello et Cavalleria, chante quinze fois Samson et Dalila et vingt-quatre fois Hérodiade. Engagé à l'Opéra, il débute — saison 1895-96 — dans Sigurd et chante ensuite Faust et la Favorite. La direction ne remontant pas Guillaume Tell, la Juive, les Huguenots, dont les décors avaient été brûlés et voulant l'obliger à chanter Tannhäuser, M. Ansaldy demande la résiliation de son contrat à l'expiration de la première année, préférant quitter l'Opéra que d'exposer sa voix dans des rôles d'une texture trop grave. Pendant deux années 1896-97 — 1897-98, il se fait entendre à Bordeaux avec un succès que la presse bordelaise est unanime à constater. C'est à Saint-Pétersbourg où il était retourné pour donner une série de dix représentations, qu'il fut appelé de nouveau à Lyon. Il eut l'honneur, avant son départ, d'être demandé pour chanter au concert impérial de la Cour à Péterhof. Il serait superflu de faire l'éloge de M. Ansaldy, son éclatant et vaillant organe de fort ténor fait merveille dans Guillaume Tell où il enlève avec crânerie les airs de de bravoure dont le rôle d'Arnold est hérissé. Dans la Juive et dans Sigurd nous avons pu également apprécier, avec la sobriété de son style, l'ampleur d'une voix toujours puissante et bien timbrée dans tous ses registres. (le Passe-temps, 04 décembre 1898)
Nîmes. Dans Sigurd, on fêta surtout M. Ansaldy, Sigurd brillant qui conduit en artiste sa belle voix. (Comœdia, 13 janvier 1909)
Notre sympathique concitoyen. le ténor Ansaldi, actuellement à Nice, appartient à une vieille famille niçoise. Sa vocation artistique est le résultat d'un heureux hasard. Le jeune Ansaldi eut la bonne fortune d'être entendu par le ténor Naudin, créateur de l'Africaine, qui hivernait à Nice. Vivement frappé par la qualité et l'étendue de la voix, le célèbre ténor conseilla au jeune homme qui en était l'heureux possesseur d'apprendre la musique, d'étudier le chant et de travailler en vue du théâtre. Ansaldi suivit ce conseil. Il commença ses études musicales et vocales à Nice et il les termina à Paris avec deux artistes et professeurs éminents ; le premier, ce fut le fort ténor Duprez, l’inoubliable Arnold, de Guillaume Tell ; le second, ce fut le célèbre créateur de Don José, de Carmen, le ténor Lhérie, aujourd'hui chargé de gloire et d'ans, mais aussi jeune et aussi vigoureux qu'il y a vingt ans, ainsi que tous nos concitoyens peuvent s'en rendre compte quand ils ont le plaisir de rencontrer, sur nos promenades, cet artiste éminent et distingué. Ses études terminées, M. Ansaldi fut engagé à Nice comme fort ténor. Il choisit le rôle d'Arnold pour son début. Mais le jour de l'ouverture de la saison théâtrale qui eut lieu avec l'Africaine, le ténor chargé du rôle de Vasco de Gama fut malade et M. Ansaldi dut le remplacer au pied levé ; il se tira avec honneur de cette épreuve et il dut même bisser le grand air du 4e acte. Trois jours après, il chanta Arnold et obtint un triomphe il reçut, en outre, à cette occasion, les félicitations du fameux fort ténor Escalaïs, qui se trouvait dans la salle. Il chanta sur notre première scène tous les grands ouvrages du répertoire : la Juive, les Huguenots, Robert le Diable, la Favorite, etc., avec un égal succès. Il termina très brillamment la saison dans les Huguenots, qu'il chanta, le samedi soir et le lendemain en matinée, au bénéfice des choristes. Deux fois le rôle de Raoul en moins de vingt heures !!... La saison suivante, il est engagé comme premier ténor à Lyon où il chante, avec le plus brillant succès, tout le grand répertoire. Voici par ordre les saisons théâtrales qu’il a faites ensuite : Genève, Saint-Pétersbourg, Nantes, puis l'Opéra de Paris, où il chanta notamment Sigurd avec un succès retentissant. Il va ensuite à Bordeaux où ses succès lui valent un nouvel engagement à l'étranger. Il retourne à Saint-Pétersbourg, puis chante à Peterof, au Concert impérial. Après un nouvel engagement et une autre très brillante saison à Lyon, il va à La Nouvelle-Orléans, à Montréal, où il inaugure le Théâtre National avec Robert le Diable. Il parcourt ensuite toute l'Amérique du Nord où vingt-deux villes l'acclament. A son retour en Europe, il est engagé à Milan, où il chante vingt-quatre fois le Trouvère avec un triomphe ininterrompu. Les principales scènes de l'Italie l'applaudissent. Après cette très brillante saison, il revient en France, puis chante au Théâtre Royal d'Anvers. De là, il va à Londres d'où il part de nouveau pour l'Amérique. A son retour, il se fait de nouveau applaudir à Londres. Après quoi, il signe un brillant engagement pour le théâtre du Caire. Revenu en France, il chante à Paris, puis à Marseille, toujours les grands rôles du répertoire et toujours avec le même succès. Pendant la guerre, il a donné des concerts dans la plupart des hôpitaux de Paris et de province et a toujours prêté généreusement son concours aux œuvres de bienfaisance. L'année dernière, il a charmé les Toulousains avec Rigoletto, la Juive, Hérodiade, etc. Dans sa longue carrière et dans ses multiples déplacements sous toutes les latitudes, jamais Ansaldi n'a été trahi par sa voix ; une voix d'acier, disait dernièrement un de ses professeurs, ce qui prouve le talent de ceux qui la lui posèrent et que nous avons cités au début de cette notice biographique. Que va-t-il faire maintenant ? Se reposer un peu, tout en maintenant en parfait état ses cordes vocales, en vue de représentations nouvelles, de concerts, où ses concitoyens pourront, une fois de plus, apprécier ses qualités et son talent, car Ansaldi, en bon Niçois, revient définitivement dans son pays — pays merveilleux, comme il chante dans l'Africaine — et il s'y installe pour ne le plus quitter. (l’Eclaireur du dimanche, 23 janvier 1921)
Mort du ténor Ansaldi. Nous apprenons avec regret la mort du ténor Mario Ansaldi, décédé à l'âge de 61 ans. Sa carrière fut brillante et des mieux remplies. Il se fit applaudir à l'Opéra de Paris et sur les premières scènes de France, dans tout le répertoire de fort ténor. On se souvient encore du succès qu'il remporta, dans Guillaume Tell, la Juive, les Huguenots. Doué d'un organe généreux et sonore, comédien adroit, le ténor Ansaldi n'a laissé, dans le monde du théâtre, que d'excellents souvenirs. (le Gard, 10 février 1922)
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