Jeanne ANDRÉ
Jeanne Andrée en 1885 [photo Nadar]
Jeanne Marie MARTIN dite Jeanne ANDRÉ
divette (soprano) française
(Boulogne-sur-Mer, Pas-de-Calais, 26 février 1861* – ap. 1916)
Fille d’Eugène MARTIN (Toulouse, Haute-Garonne, 18 janvier 1833* – 1886/1916), marchand de musique puis chef d’orchestre [fils naturel d’Anne MARTIN], et d’Irma Joséphine HERBET (Boulogne-sur-Mer, 21 août 1832* – 1886/1916), mariés à Boulogne-sur-Mer le 14 juin 1854*.
Epouse à Boulogne-sur-Mer le 14 juin 1886* (divorcés le 04 juillet 1913, remariés à Boulogne-sur-Mer le 30 août 1916*) Désiré DEBUCHY (Dunkerque, Nord, 18 juin 1858* – ap. 1916), négociant.
Elle chanta l’opérette, notamment aux Folies-Dramatiques où elle chanta fin septembre 1882 une reprise de la Fille de Madame Angot (Clairette), et créa le 08 novembre 1883 François les bas bleus (Fanchon). En 1916, elle était professeur au Conservatoire de musique de Boulogne-sur-Mer.
opérettes créées
la Princesse des Canaries (Inès) de Charles Lecocq (Folies-Dramatiques, 09 février 1883) François les bas bleus (Fanchon) de Firmin Bernicat et André Messager (Folies-Dramatiques, 08 novembre 1883) le Château de Tire-Larigot (Angèle) de Gaston Serpette (Nouveautés, 30 octobre 1884) les Petits Mousquetaires (Constance Bonacieux) de Louis Varney (Folies-Dramatiques, 05 mars 1885)
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C'est à Boulogne-sur-Mer qu'est née Mlle Jeanne Andrée, une des étoiles du théâtre des Folies-Dramatiques. De très bonne heure, la jeune fille apprit à chanter. Son instruction musicale fit de rapides progrès ; comment pouvait-il en être autrement, la jeune Jeanne était élevée au milieu d'artistes : son père et son frère sont d'excellents musiciens. M. Martin, — Andrée n'étant que le pseudonyme de la charmante chanteuse, — est, je crois, chef d'orchestre dans un théâtre de Bruxelles. C'est sur une scène de province que Mlle Jeanne Andrée fit ses premiers pas ; on lui reconnut de suite du talent comme chanteuse et comme comédienne, et elle ne tarda pas à être engagée à Marseille, puis à Bordeaux, où elle charma les dilettante en jouant d'une façon charmante toutes les opérettes en vogue. En 1882, la jeune artiste fut engagée au théâtre du Casino de Dieppe pour chanter l'opérette en compagnie de Bouvet, le nouveau pensionnaire de M. Carvalho. Le public parisien, qui a l'habitude d'entendre de bonnes chanteuses, remarqua de suite Mlle Jeanne Andrée. C'est un très grand mérite pour la jeune artiste de s'être distinguée dans des rôles qui avaient été interprétés tout l'hiver par des artistes en vogue. Car la première impression théâtrale est difficile à effacer de la mémoire du public, et il faut vraiment du talent pour se faire de suite une place au théâtre. Le succès remporté par la jeune chanteuse ne tarda pas à être connu à Paris, et plusieurs directeurs se rendirent à Dieppe pour entendre la nouvelle étoile. Pendant la saison, Mlle Jeanne Andrée signa un brillant engagement avec le directeur du théâtre des Folies-Dramatiques pour créer un rôle dans la Princesse des Canaries. C'est donc le 9 février 1883 que la charmante artiste débuta à Paris dans le rôle d'Inès de la Princesse des Canaries, du compositeur Lecocq. « Mme Simon-Girard est charmante de gaîté franche et naturelle dans le rôle de Pépita ; son succès a été partagé par une débutante, Mlle Jeanne Andrée, à qui l'on a redemandé ses couplets du premier acte « De mon cœur vous êtes le maître », rendus avec une jolie voix et une justesse de diction qui ressemblent à du style. » écrivait M. Vitu le lendemain de la première représentation. Le succès de la jeune artiste était donc consacré dès son début à Paris et il se continua avec les nouvelles créations qu'elle fit par la suite. Le 8 novembre 1883, M. Vitu, déjà cité, disait dans son compte rendu de la première représentation de François les Bas-bleus qu'elle créa ensuite : « L'interprétation de François les Bas-bleus est excellente. Je tiens décidément M. Bouvet pour un chanteur de vrai mérite ; sa voix de baryton, sans avoir beaucoup de volume, est pleine d'un charme expressif, et monte au besoin, avec quelque effort, au la au-dessus des lignes. M. Bouvet sait chanter doux et il s'y complaît. Mlle Jeanne Andrée, qui joue Fanchon, est aussi une véritable artiste d'opéra-comique ; elle conduit sa voix avec autant de sûreté que de finesse et de grâce. Les Folies-Dramatiques possèdent dans la personne de M. Bouvet et de Mlle Jeanne Andrée deux premiers sujets fort précieux. » Mlle Jeanne Andrée passa ensuite au théâtre des Nouveautés, où elle vint créer un rôle dans le Château de Tire-Larigot ; elle fut très applaudie dans ce nouveau rôle. Et enfin, tout dernièrement, elle vient de faire une heureuse création dans les Petits Mousquetaires, aux Folies-Dramatiques. Mlle Jeanne André a conquis aujourd'hui le titre d'étoile, et elle l'a bien mérité, car elle est non seulement une jolie personne, mais encore une chanteuse de talent et une charmante comédienne.
(Maurice Predel, Paris-Artiste, 01 août 1885)
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