Une nuit à Séville
Honoré Grignon dans Une nuit à Séville (Zapatero), lithographie d'Alexandre Lacauchie (1855)
Opéra-comique en un acte, livret de Charles NUITTER et Louis Alexandre BEAUME dit Alexandre BEAUMONT, musique de Frédéric BARBIER.
Création au Théâtre-Lyrique (boulevard du Temple) le 14 septembre 1855.
26 représentations en 1855.
personnages | emplois | créateurs |
Sephora, pupille de Zapatero | première chanteuse | Mlles Caroline GIRARD |
Inès, pupille de Zapatero | première Dugazon | Marie GARNIER |
Zapatero, corrégidor | basse chantante | MM. Honoré GRIGNON |
Rodriguez, contrebandier | ténor ou baryton Moreau-Sainti | Adolphe GIRARDOT |
Fernand | premier ténor comique | Auguste LEGRAND |
Julio | second ténor comique | Achille César ALLAIS |
l'Alcade | seconde basse | Henri ADAM |
un Alguazil | seconde basse | QUINCHEZ |
deux laquais ; deux alguazils ; quatre soldats ; trois ouvriers ; chœur d'alguazils |
La scène se passe à Séville.
Catalogue des morceaux
Ouverture |
Petite Flûte, Flûte, Hautbois, Clarinette en la bécarre, Cornets en la bécarre, Cors en ré, Cors en la bécarre, Bassons, Trombones, Timbales en ré, Grosse caisse, Triangle, Tambour de basque, Harpe, Violons, Altos, Violoncelles, Contrebasses |
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01 | Chœur d'Alguazils | Veillons au repos de la ville | Fernand, Julio, Zapatero, Chœurs | |
Récitatif, Air de Zapatero et Terzetto | Que la jeunesse | Fernand, Julio, Zapatero | ||
02 | Duo bouffe | Seigneur, Seigneur | Fernand, Julio | Petite Flûte, Flûte, Hautbois, Clarinette en si bémol, Cornets en si bémol, Cors en mi bémol, Cors en si bémol bas, Bassons, Trombones, Timbales en mi bémol, Quatuor |
03 | Couplets | Pendant la nuit sereine | Séphora | Deux Flûtes égales, Hautbois, Clarinette en si bémol, Cors en mi bémol, Cors en si bémol bas, Cornets à pistons en si bémol, Bassons, Trombones, Harpe, Tambour de basque, Triangle, Quatuor |
04 | Trio | Approchez-vous, mes belles | Séphora, Inès, Zapatero | Deux grandes Flûtes, Hautbois, Clarinette en si bémol, 2 Cors en mi bémol, 2 Cors en si bémol bas, Cornets à pistons, Bassons, Trombones, Timbales en mi bémol, Quatuor |
05 | Trio | Ah ! vous m'avez fait une peur | Séphora, Inès, Rodriguès | Petite Flûte, Flûte, Hautbois, Clarinette en la, Cornets en la, Cors en ré, Cors en la bécarre, Bassons, Trombones, Timbales en ré, Quatuor |
06 | Septuor | Le bandit... le voici | Séphora, Inès, Fernand, Julio, Rodriguès, Zapatero, l'Alcade | Petite Flûte, Flûte, Hautbois, Clarinette en si bémol, Cors en sol, Cors en ré, Cornet solo, Bassons, Trombones, Timbales en sol et en ré, Grosse caisse, Quatuor |
07 | Finale | Ah ! c'est de la magie | Séphora, Inès, Fernand, Julio, Zapatero, l'Alcade | Petite Flûte, Flûte, Hautbois, Clarinette en si bémol, Cors en fa, Cors en ut bas, Cornets en si bémol, Bassons, Trombones, Timbales en fa et en do, Quatuor |
Comme nous l'avions annoncé, le Théâtre-Lyrique a effectué sa réouverture par Jaguarita, et cette belle partition de M. Halévy a repris sa vogue que les vacances n'avait fait qu'interrompre. Le mélodieux opéra de la Sirène a reparu sur l'affiche dès le lendemain ; et vendredi dernier, la reprise d'un chef-d'œuvre d'Herold, accompagné d'une pièce nouvelle, est venue compléter le brillant début de cette campagne.
Pour suivre l'ordre de la représentation, occupons-nous d'abord d'Une nuit à Séville.
Zapatero a mis sous clef ses deux pupilles, Inès et Zephora. Mais à son insu, alors qu'il les croyait à l'abri sous les verroux, Fernand s'est glissé près de Zephora, et Julio près d'Inès. Arrive même un troisième larron, Rodriguez, un contrebandier poursuivi par tous les alguazils de Séville, et que don Zapatero lui-même, en sa qualité de corrégidor, a mis à l'index. Rodriguez a l’âme sensible. Il tombe par la cheminée au milieu des couples amoureux, et afin de rassurer les soupirants saisis de frayeur, il se fait passer pour Zapatero lui-même, et, en cette qualité, leur promet un double et prochain mariage.
Le vrai corrégidor, après avoir vainement pourchassé le bandit qui était devenu son ramoneur sans s'en douter, est fort étonné quand il apprend qu'un audacieux étranger a usurpé sa qualité, son nom, et encouragé les amours de ses pupilles avec deux jeunes tourtereaux. Il soupçonne un nouveau méfait et en rend responsable le contrebandier. Il demande son signalement ; Jaleo le lui donne. Mais pendant qu'il cherche son cachet, afin de l'apposer sur le papier, Rodriguez glisse adroitement à la place de son signalement celui de Zapatero même.
Rodriguez continue donc son rôle jusqu'au bout, et corrégidor d'emprunt, il fait arrêter le corrégidor réel, marie ses pupilles avec leurs amants, et au moment signer le contrat, il s'esquive contrebandier comme devant, narguant alguazils et alcades.
Ce libretto est amusant. C'était déjà une bonne fortune pour le musicien, et l'événement l'a prouvé. M. Frédéric Barbier, que la critique théâtrale compte parmi ses jeunes écrivains, a débuté ici sous d'heureux auspices à titre de compositeur. L'ouverture, instrumentée avec soin et renferment des motifs d'un tour piquant, a favorablement disposé le public ; un joli duo, un trio plein d'entrain, ont ensuite justifié ces premières impressions. On sent que le jeune compositeur s'est préoccupé de donner à ses mélodies une forme neuve, et une bonne moitié de la pièce recueille l'heureux fruit de cette préoccupation. Quelques autres morceaux de la partition, pour être jetés dans un moule moins original, n'en ont pas moins été applaudis.
Une nuit à Séville a donc reçu un bon accueil, et nous nous empressons de l'enregistrer. Mlles Girard et Garnier se sont particulièrement distinguées. MM. Grignon, Colson, Legrand, Allais, ont également concouru au succès de cette jolie opérette.
(J. Lovy, le Ménestrel, 16 septembre 1855)
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