ASSOCIATION
FRANÇAISE
POUR
L'AVANCEMENT DES SCIENCES
COMPTE RENDU DE LA 8ME SESSION
1879
- Séance du 3 septembre -
M. R. ROIG-TORRES
Directeur de la Cronica Cientifica, F. R. A. S.
PETITE MODIFICATION DANS LE TÉLÉPHONE ET DANS LE
PHONOGRAPHE
INSCRIPTION MÉCANIQUE DE LA PAROLE
(EXTRAIT)
Téléphone. - Dans le but d'augmenter les effets que produit la plaque vibratoire dans le téléphone, j'ai disposé la membrane de façon qu'elle puisse vibrer plus facilement. Dans mon système, la membrane n'a aucun point de contact avec la caisse téléphonique ; elle est simplement soutenue à son centre, par un mince fil de fer enroulé en spirale. Ce fil de fer attaché légèrement à la membrane par la face qui regarde la barre aimantée, est assujetti à l'autre extrémité à l'enveloppe du téléphone. Au moindre effort de la voix la membrane vibre en transmettant avec beaucoup de clarté toutes les paroles, même celles qui étant prononcées très bas, ne seraient pas entendues dans quelques-uns des téléphones ordinaires.
Phonographe. - Pour le phonographe, je dispose la plaque de la même manière, et alors elle présente une grande mobilité et le style grave, à la moindre impulsion, les vibrations de membrane produites par la voix...
Ecriture phonographique. - Entre le ressort et le style je place une légère pièce métallique située dans un plan perpendiculaire à l'axe dudit style. A cette petite pièce qui fait l'office de porte-objet, j'ajoute une très légère verge de plume d'oiseau, ou à son défaut, un fil métallique terminé par une pointe mince. Cette petite verge constitue le style inscripteur de la parole. - Dans la partie gauche du phonographe je dispose un cylindre avec mouvement d'horlogerie, couvert par des bandes de papier lustré, ou de pâte de porcelaine, noircies avec le noir de fumée. Ces bandes, mises les unes à côté des autres, présentent chacune la largeur d'un centimètre. - Le cylindre se meut de droite à gauche et peut aussi se mouvoir dans la direction de son axe, pour disposer qu'une des bandes de papier soit impressionnée par le style inscripteur. Le mouvement du cylindre additionnel est indépendant du mouvement du cylindre du phonographe, et l'on peut comme pour celui-ci, augmenter ou diminuer sa vitesse de rotation… On comprend bien de quelle manière fonctionne l'appareil. Pendant que le style grave la parole sur la feuille d'étain dans le premier cylindre, le style inscripteur fixé au même axe que le premier et animé comme celui-là du même mouvement, fournit des traces sur la bande noircie du cylindre additionnel, vérifiant aussi à sa manière l'inscription de la parole. La petite couche de noir de fumée déposée sur le ruban de papier, permet d'indiquer les vibrations par le simple contact du style inscripteur. Les vibrations de ce style peuvent être amplifiées par les moyens ordinaires.
Dans les expériences que j'ai faites avec les voyelles, j'ai observé deux groupes qui sont reconnus immédiatement par la différence de leurs plis ou de leur courbe. Les voyelles a, o, u, diffèrent des e, i, par la plus grande distinction de la ligne blanche que le style inscripteur a produite, les voyelles étant toutes prononcées avec la même intensité. Après quelques essais, et avec l'aide du microscope, je suis arrivé à distinguer en toute sûreté chacune des cinq voyelles. Dans l'étude des consonnes j'ai moins avancé, parce que je n'ai pu y employer tout le temps nécessaire. Cependant j'ai distingué quelques-unes sans beaucoup d'efforts comme par exemple le l, y, r, h, j, x, z, etc. Pour les consonnes auxquelles comme dans la langue espagnole on doit ajouter une voyelle, pour les prononcer comme par exemple : be, ce, de, ge, et, etc., les traces se confondaient assez avec les plis de la voyelle qui les accompagnait. Quant aux paroles entières, j'en ai reconnu quelques-unes, après avoir étudié le signe particulier que chacune marquait sur le papier. On comprend bien que la plupart d'elles présentent une trace spéciale, et que pour les déchiffrer il faut avoir toujours à la mémoire le dessin que chacune des paroles présente ce que je considère comme impossible ; la netteté des traces est dans certaines limites en relation inverse de l'intensité du son. Je crois que, pour pouvoir tirer quelque profit de ces études, c'est-à-dire, pour que ces petits plis avec ou sans l'aide du microscope, constituent un vrai système compréhensible d'écriture, il est nécessaire d'étudier en premier lieu très bien, les traces des éléments des paroles, en commençant par les sons simples, syllabes, etc.
J'ai fait quelques-unes de mes expériences avec mon phonographe inscripteur, d'autres au moyen du phonographe ordinaire. Si l'on voulait arriver à déchiffrer l'écriture gravée sur les feuilles d'étain du phonographe, je crois qu'il serait nécessaire d'avoir plus d'un aide pour l'obtenir, et cette idée m'a conduit à relier au phonographe primitif l'appareil inscripteur que je viens de décrire ; de cette façon nous avons un puissant élément pour déchiffrer le nouveau système d'écriture.
Avec le phonographe j'ai fait d'autres expériences afin de produire des sons artificiellement, me proposant d'imiter les traces que laisse le style. Jusqu'à présent je ne puis annoncer avec sûreté aucun résultat positif.