COMPTES RENDUS

DES SÉANCES

DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.

 

 

SÉANCE DU LUNDI 16 SEPTEMBRE 1889,

PRÉSIDENCE DE MM. DES CLOIZEAUX.

 

 

 

PHYSIQUE APPLIQUÉE. - De l'emploi du nouveau phonographe d’Edison comme acoumètre universel. Note de M. LICHTWITZ, présentée par M. Janssen.

 

« L'examen fonctionnel de l'ouïe est d'une grande importance pour le diagnostic et le pronostic des maladies de l'oreille.

« Les sources sonores employées jusqu'à nos jours pour mesurer l’acuité auditive ne remplissent pas les conditions d'un bon acoumètre. La montre, l'acoumètre de Politzer, les oudiomètres, les diapasons, verges vibrantes, sifflet de Galton, etc., n'émettent que quelques sons dont la perception n'est pas en rapport avec celle de la parole.

« La voix humaine qui nous donnerait la meilleure idée de l’acuité auditive est une source sonore qui n'est pas constante chez le même médecin, et encore moins chez les différents médecins. Son emploi exige aussi des appartements très vastes.

« Le nouveau phonographe d'Edison remplit toutes les conditions d'un bon acoumètre :

« 1° Il émet (comme on l'a démontré devant l'Académie) tous les sons et bruits perceptibles pour une oreille normale et surtout la parole avec toutes ses inflexions. On peut donc, à l'aide du phonographe, composer des phonogrammes, susceptibles de servir d'échelles acoumétriques à l'instar des échelles optométriques, sur lesquels sont inscrits les voyelles, consonnes, syllabes, mots et phrases, d'après leur intensité et d'après leur valeur acoustique telle qu'elle a été établie par O. Wolf, et qui contiendront de plus toutes les gammes des sons musicaux.

« 2° Le phonographe est une source sonore à peu près constante, puisqu'il est capable de « reproduire un nombre presque illimité de fois la parole inscrite, sans altération sensible (1) ». Il permet donc de comparer l'acuité auditive des différents malades et chez le même malade à différentes époques de sa maladie.

« 3° Les phonographes, étant des appareils d'une construction identique, reproduiront, avec la même intensité et le même timbre, les phonogrammes uniformes adoptés comme échelles acoumétriques. Pour obtenir ces phonogrammes uniformes, il suffira d'approcher d'un phonographe reproduisant un phonogramme étalon, et à une distance fixe, un second phonographe qui reproduira un nombre considérable de phonogrammes identiques.

« Grâce à l'uniformité des phonographes et des phonogrammes, les auristes de tous les pays pourront comparer entre eux les résultats de leurs examens de l'ouïe.

« 4° L'emploi du phonographe est facile, sans exiger trop de temps ni de vastes espaces. On fait entendre à l'oreille malade, munie du tube acoustique du phonographe, l'un après l'autre les différents phonogrammes. On descend dans l'échelle acoumétriquejusqu'à ce qu'on soit arrivé au phonogramme que le malade n'entend plus et qui indique la limite de l'acuité auditive. Cette méthode diffère de celles employées jusqu'à présent en ce que la source sonore reste toujours à la même distance de l'oreille et que c'est l'intensité du son seule qui varie. L'examen est limité à une oreille et n'est pas troublé par les bruits ambiants. »

 

(1) JANSSEN, Sur le phonographe d’Edison (Comptes rendus, 23 avril 1889).

 

 

 

 

 

 

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