SOCIÉTÉ FRANÇAISE DES

ÉLECTRICIENS

 

A propos du centenaire des

découvertes de Michael Faraday

(1831-1931)

 

Paris 1931

 

 

 

RECEPTEURS MODERNES
DE TÉLÉGRAPHIE SANS FIL

 

SÉLECTIVITÉ ET VOLUME

 

Radio-Gramophones.
par le Professeur W. H. ECCLES, F. R. S.

 

 

La radiodiffusion est une des branches d'un sujet plus général, connu sous le nom de radiotéléphonie. Elle s'est rapidement développée et des stations émettrices, en nombre croissant et de puissance toujours plus grande, ont été établies au cours des 10 dernières années. A première vue, cet accroissement des stations semble tout à l’avantage de l'auditeur, mais en fait, si celui-ci ne dispose que d'un récepteur simple, il entend simultanément deux ou trois programmes, si les longueurs d'ondes transmises par les postes sont à peu près les mêmes, d'où confusion et exaspération. Aussi, quand le nombre des stations émettrices a augmenté, les appareils récepteurs ont ils été modifiés en vue de faciliter l'accord avec la station désirée et de l'éviter avec celles de longueurs d'ondes différentes.

 

Le poste employé au début de la radiodiffusion était essentiellement constitué d'un fil aérien, ou antenne, interceptant les ondes et devenant le siège de forces électriques qui leur étaient proportionnelles. Cette antenne était couplée à un circuit oscillant, comportant généralement une bobine d'inductance et un condensateur réglable ; il pouvait être accordé sur les ondes reçues, en ajustant le condensateur ; dans ce circuit, les forces électriques existant dans l'antenne, produisaient des courants de circulation oscillatoires, qui, par résonance, développaient des forces électriques beaucoup plus grandes que celles de l'antenne. Dans les appareils les plus simples, ces oscillations électriques agissaient directement sur un détecteur, qui les convertissait en un courant de direction unique ; mais, dans les appareils plus compliqués, les oscillations du circuit accordé traversaient un amplificateur à haute fréquence, avant d'aller au détecteur ; d'où cette conséquence, que les courants redressés étaient beaucoup plus intenses que dans le premier cas. De plus, ces courants redressés passaient dans un amplificateur à basse fréquence, lorsqu'ils devaient actionner un haut parleur, au lieu d'un téléphone.

 

D’autre part, la station transmettrice a pour fonction de modifier l’énergie des ondes suivant celle des sons émis devant le microphone du studio ; c'est ce qu’on appelle la modulation.

 

En conséquence, le courant redressé sortant des détecteurs d'écoute varie aussi, dans le temps, avec le courant déterminé par les sons dans le microphone du studio. Ainsi, quand les courants redressés traversent le téléphone ou le haut parleur de l'auditeur, le résultat est en grande partie le même que si ces appareils étaient reliés directement au studio. Les récepteurs employés aujourd'hui sont, en principe, les mêmes que jadis, mais ils ont été munis de parties additionnelles dans le but d'accroître la sélectivité et, dans bien des cas, le volume du son débité.

 

 

Portée et Puissance.

 

Les récepteurs à cristal utilisent, comme détecteur, le contact entre cristal et métal, ou entre deux cristaux. Ils comportent, soit un seul circuit accordé, soit deux circuits, le second type étant plus sélectif. Le récepteur à circuit unique peut réussir à séparer deux émissions d'égale force, même si elles sont suffisamment voisines pour pouvoir être entendues fortement au casque, si l'antenne n’est pas grande et si le détecteur est branché sur une fraction de la bobine. On tend maintenant à remplacer ces récepteurs par des récepteurs à meilleur marché, à une lampe, qui ont le même circuit et utilisent aussi des casque. L'emploi de la réaction dans les récepteurs à une lampe permet d'accroître considérablement la sensibilité et de recevoir les émissions de stations éloignées. Quand la lampe est une pentode, c'est-à-dire si elle est munie de 5 électrodes, il est possible de faire fonctionner un haut parleur à une distance modérée de la station transmettrice.

 

Des récepteurs à deux lampes, pour la réception de la station locale sur haut parleur, ont été très en faveur, le dispositif comportant de préférence une lampe détectrice par courbure de la caractéristique grille et une lampe amplificatrice basse fréquence. L’emploi judicieux de la réaction permet d'obtenir une bonne audition des stations étrangères les plus rapprochées ; mais les postes à deux lampes qu’on trouve sur le marché ne prétendent pas à une grande sélectivité. Les postes modernes à trois lampes comprennent généralement une lampe à grille-écran pour l’amplification des oscillations de hante fréquence, une lampe détectrice et une pentode ou lampe de puissance, comme amplificatrice à basse fréquence. La sélectivité s'obtient en accordant les circuits de grille et d'anode de la lampe à haute fréquence.

 

Les postes à quatre lampes comprennent d'ordinaire deux lampes à grille-écran pour l’amplification à haute fréquence, une lampe détectrice et une amplificatrice à basse fréquence ; mais quand le poste est du type transportable, il comporte généralement une seule lampe à haute fréquence et deux lampes à basse fréquence. Dans ces postes, il est désirable d'obtenir une bonne sélectivité et on y arrive maintenant en employant des filtres passe-bande. Ces filtres consistent en deux ou trois circuits couplés qui sont combinés, suivant des principes bien établis, pour ne laisser passer de l'antenne à la première lampe qu'une bande étroite de longueurs d'ondes. En théorie, cette bande de longueurs d'ondes devrait être juste assez large pour permette le passage des ondes de toutes les stations que l'on désire entendre, modulées par une note haute, par exemple de quatre octaves au-dessus du C moyen et pour arrêter les autres.

 

Les récepteurs superhétérodynes conviennent spécialement aux conditions modernes, car ils offrent de hautes possibilités sélectives. Les meilleurs ont un étage à grille-écran, destiné à amplifier les oscillations à haute fréquence reçues, un oscillateur séparé réglable pour superposer une fréquence locale, de manière à donner, aux oscillations reçues, une fréquence intermédiaire constante ; un amplificateur à grille-écran de fréquence intermédiaire avec filtre passe-bande et un étage amplificateur basse fréquence, placé après le second détecteur.

 

Récemment, la télégraphie sans fil a été associée au gramophone. Celui-ci a suivi le développement de la méthode électrique de reproduction des enregistrements phonographiques. Dans cette méthode, l'aiguille qui suit les rainures de l'enregistreur est liée mécaniquement à un aimant, ou à une bobine mobile, de manière à engendrer des courants acoustiques pouvant être entendus dans un téléphone. Ces courants peuvent traverser un amplificateur à basse fréquence et être amplifiés dans toute la mesure voulue pour actionner un ou plusieurs haut-parleurs.

 

Puisque l'étage amplificateur à basse fréquence d’un récepteur sans fil est identique à celui d'un gramophone électrique, il est aisé d'obtenir que les courants, engendrés par le pick-up du gramophone, passent à la place appropriée dans le récepteur sans fil, pour être reproduits par les hauts parleurs de l'installation. C'est ainsi qu'a été réalisé l’appareil combiné appelé radio-gramophone. D'ordinaire, le plateau du gramophone est placé sous un couvercle à charnière à la partie supérieure du meuble ; le récepteur sansfil, dans un châssis métallique, est contenu dans l'armoire placée au-dessous ; le cône du haut parleur s'ouvre sur un côté de l'armoire, qui est perforé de façon à former une grille ornementale. Ces postes sont généralement alimentés par le courant du réseau, plutôt que par des batteries ou des moteurs à ressort.

 

 

 

 

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