DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 7 JUIN 1880.
PRÉSIDENCE DE M. EDM. BECQUEREL.
M. Th. DU MONCEL, en présentant à l'Académie la troisième édition de son Ouvrage sur le téléphone, le microphone et le phonographe, s'exprime de la manière suivante :
« Depuis le mois de décembre 1878, époque à laquelle a paru la deuxième édition de cet Ouvrage, bien des expériences intéressantes ont été entreprises avec le téléphone et ont conduit à des résultats très inattendus : ainsi, on est parvenu à former des téléphones avec un simple fil de fer traversé par un courant ; on a pu faire parler des portes et des tables ; la transmission de la parole a pu se faire à haute voix, sous l'influence d'actions chimiques encore inexpliquées, et des compagnies se sont formées dans divers pays pour permettre l'échange des idées entre les divers habitants d'une ville, Ces installations, très nombreuses en Amérique, commencent à s'organiser en Europe, et à Paris il existe aujourd'hui deux compagnies pour ce genre de service, qui ont déjà un nombre assez grand d'abonnés. Le téléphone, on le voit, n'est pas resté un simple instrument de curiosité, comme on l'avait cru un instant ; il constitue une des inventions les plus importantes de notre siècle, et ses applications se multiplient chaque jour.
« Dans ma nouvelle édition, qui a été considérablement augmentée, j'entre dans de longs détails sur toutes ces applications et sur tous les perfectionnements qu'on a cherché à apporter à l'instrument primitif de Bell : c'est ainsi que je décris les appareils de Gower, de Blake, de Crossley, d'Ader, de Boudet de Pâris, de Bourseul, de Champvallier, de P. Bert et d'Arsonval, d'Edison, de Dolbear, etc., les expériences curieuses de MM. Coulon, Righi, Trêve sur le condensateur chantant, celles de MM. Watson et Ader sur les transmissions téléphoniques à circuits ouverts, celles plus curieuses encore de M. Crépaux sur la réception des sons à travers les murailles sans récepteur téléphonique, celles de M. Hughes avec son audiomètre et sa balance d'induction, etc., etc. La question n'est, du reste, qu'à son début, et bien d'autres découvertes viendront encore d'ici à peu de temps nous surprendre, et je suis heureux que l'intérêt public qui s'y attache me permette de renouveler à des époques assez rapprochées les diverses éditions de mon Ouvrage. »