Maria CALLAS dans Norma à l'Opéra de Paris
22 mai au 24 juin 1964
Maria Callas (Norma)
Franco Corelli (Pollione)
Maria Callas (Norma) et Fioranza Cossotto (Adelgisa) dans l'acte II
Norma, créée au Théâtre de la Scala de Milan en 1831 est de toutes les œuvres de Bellini celle qui lui était la plus chère. Le livret de Romani tiré d'une tragédie de Soumet évoque, lors de l'occupation romaine, l'amour tragique de Norma, prêtresse gauloise, pour le Proconsul Pollione. Trahie, Norma entraînera Pollione vers le bûcher funèbre qui réunira pour l'éternité les deux amants dans le suprême sacrifice.
Maria Callas (Norma) et Marie-Luce Bellary (Clotilde) dans l'acte III
Acte III : l'antre de Norma
Maria Callas (Norma) et Charles Craig (Pollione) dans l'acte IV
Peu d'artistes lyriques ont osé aborder Norma. Rôle écrasant, il exige une extrême agilité et une rare étendue vocale, une puissance dramatique à toute épreuve, une sensibilité alliée à une exceptionnelle intelligence scénique.
Du 22 mai au 24 juin 1961, Maria Callas interpréta huit fois le rôle de Norma au Théâtre National de l'Opéra. Incomparable, elle est à la fois le personnage, la musique, le drame, la légende et la vie. Elle a le don d'exprimer avec une suprême autorité l'héroïne qu'elle incarne. Ses gestes, ses attitudes, sa démarche, le timbre de sa voix, ses accents émouvants ou dramatiques conduisent merveilleusement le spectateur et l'auditeur dans l'inspiration véritable du poète et du musicien. Ces dons remarquables permettent à Maria Callas d'apporter une nouvelle jeunesse à un ouvrage conçu dans la forme traditionnelle de l'Opéra italien.
Maria Callas (Norma) et Ivo Vinco (Oroveso) dans l'acte IV
Maria Callas (Norma) dans l'acte IV
Maria Callas (Norma) et Charles Craig (Pollione) dans le finale
Mais il serait injuste de méconnaître le talent des autres interprètes de l'ouvrage. Mme Fioranza Cossoto possède une voix généreuse, large et sonore, d'une belle musicalité. MM. Charles Craig, puis Franco Corelli, alternèrent dans le rôle de Pollione et furent avec vaillance et noblesse le proconsul romain que la puissance et les succès n'écarteront pas d'un tragique destin. M. Ivo Vinco, dans le rôle d'Orovèse, père de Norma, nous révéla une voix de basse somptueuse qui contribua à donner au dernier acte une intensité impressionnante. Mlle Marie-Luce Bellary interpréta le rôle de Clotilde et M. Claude Calès, celui de Flavio ; tous deux, jeunes et brillants artistes de l'Opéra, complétaient la distribution de ce spectacle que M. Georges Prêtre dirigea avec le talent généreux qu'on lui connaît.
(Maurice Dirand, revue l'Opéra de Paris n°23, 1er trimestre 1965)
Ivo Vinco (Oroveso), Fioranza Cossotto (Adagisa) et Maria Callas (Norma)
Georges Prêtre et Maria Callas
La reprise de la Norma donna l'occasion à Franco Zefirelli de présenter à Paris l'une de ses fameuses mises en scène néo-réalistes. Huit fois, Maria Callas, dont la réputation équivaut, dans le théâtre lyrique de notre temps, à celle d'une Falcon et d'une Malibran au siècle dernier, chanta la Norma. Comme partout dans le monde, la plus grande tragédienne lyrique des vingt dernières années suscitait dans la salle de l'Opéra des réactions passionnées.
(revue l'Opéra de Paris n°25, 2e trimestre 1967)